Prenons ce que la nature nous donne…
… oui, mais sans la domestication, point d’alimentation. Les plantes sauvages ancêtres de nos carottes, laitues, radis, aubergines et autres melons, ne sont pas du tout à notre goût, voire pas comestibles !
Hervé Michel, sélectionneur laitues chez Vilmorin, explique : « Nous ne consommerions pas Lactuca Serriola, considérée comme l’ancêtre de la laitue actuelle. Elle est immangeable, ses feuilles sont très dures, pileuses, épineuses et trop amères. »
Sans intervention de l’Homme, pas d’alimentation
Tous les légumes sont issus de mutations naturelles apparues dans les formes sauvages, par exemple le brocoli, le chou fleur et le chou romanesco sont des mutations spontanées du chou sauvage. Pour sa subsistance l’homme a utilisé les variations parmi les plantes, au fil des siècles et dans toutes les régions du monde. Les plantes domestiquées ne survivent pas sans les soins des agriculteurs et l’homme ne survivrait pas sans elles. Livrées à elles-mêmes, elles retournent à un état sauvage inexploitable pour notre alimentation.
Du modelage continu des plantes par l’homme est née l’extraordinaire diversité des espèces cultivées et la richesse des étals actuels, dont l’offre explose depuis 20 ou 30 ans.
L’amertume s’en va, la diversité explose
Une amertume, désagréable à notre goût actuel, était présente dans de très nombreux légumes autrefois. Peu d’entre nous consommeraient aujourd’hui les endives des années 1960, dont les sélectionneurs ont réussi à atténuer très fortement l’amertume. Celle de la laitue a disparu depuis longtemps, mais les sélectionneurs travaillent toujours cet aspect des chicorées, scaroles et frisées.
« L’amélioration des plantes pour le goût est un travail complexe qui demande un effort énorme car il n’est pas facile à mesurer : de très nombreux composés biochimiques sont en jeu » explique Hervé Michel. On fait également appel aux dégustations à l’aveugle, comme en tomate ou en pomme de terre.
Primordial pour notre santé, l’aspect sanitaire
Dans toutes les espèces, la résistance génétique aux maladies est recherchée. C’est un critère de sélection primordial pour l’environnement, la santé des consommateurs et bénéfique pour les producteurs car il concourt à la diminution des produits phytosanitaires. Ainsi, « 80% de notre travail de sélection de la laitue porte sur les résistances génétiques aux maladies et virus. Depuis 20 ou 30 ans nous avons énormément avancé dans ce domaine, et grâce aux résistances intrinsèques des variétés nous mangeons des salades beaucoup moins traitées que dans les années 80 » témoigne Hervé Michel.
Isabelle Ferrière