Des jardins thérapeutiques pour améliorer la santé

Depuis des millénaires, les plantes dites médicinales soignent les maux des hommes et des animaux. Elles sont la base de la médecine chinoise ou encore de la phytothérapie qui se développe fortement en Europe. Mais on connaît moins les jardins thérapeutiques qui s’intéressent, eux, à l’action du jardinage sur le corps, le psychisme et le mental.

Jardiner les mains dans la terre Pixabay

Un nom pour cela : l’hortithérapie

Au-delà de sa fonction nourricière, le jardin fait du bien au moral et permet le maintien d’une activité physique. L’hortithérapie (thérapie par l’horticulture) est un moyen de venir en aide à des personnes en difficulté physique, psychique, intellectuelle ou mentale en proposant des jardins de détente ou des activités encadrées par des professionnels dans des jardins. Et cela ne s’improvise pas ! Les Canadiens et les Anglais ont débuté des projets dès les années 1980 et sont très en avance dans ce domaine, mais il existe de plus en plus de jardins thérapeutiques dans les hôpitaux ou les maisons de retraite françaises.

Des espaces végétalisés urbains « spécialisés »

Lieux de repos et de ressourcement pour du personnel soignant ou des personnes âgées, lieu de découverte pour des jeunes enfants ou des handicapés, lieu d’apprentissage pour des personnes en difficulté, les jardins thérapeutiques doivent être réfléchis et conçus très en amont. Les promoteurs conseillent même de créer des groupes de travail interdisciplinaires pour écrire un « cahier des charges » et de se faire accompagner dans la réalisation concrète du jardin par des professionnels qui sauront associer arbres, plantes à fleurs, à fruits, herbage, voire céréales…  Ainsi, la Fondation Médéric Alzheimer, l’École Nationale Supérieure de Paysage de Versailles et l’Association Jardins & Santé, ont créé un guide pratique à destination de tous les professionnels du paysage et du secteur social, médico-social et sanitaire qui souhaitent mettre en place et gérer un jardin thérapeutique. 

Une reconnexion avec la vie, avec le monde

Plusieurs hôpitaux ont déjà créé des jardins thérapeutiques, parfois sur des terrasses comme Graine de vie, de l'Institut Curie, pour des patients cancéreux, ou pour des enfants autistes comme  au Groupe Hospitalier Pitié Salpêtrière à Paris. Ce dernier a été nominé aux « Trophées Patients » 2013, ce qui a permis d’y faire adhérer tous les membres du personnel jusqu’alors réticents. Cette nomination a permis également d’obtenir des financements importants auprès de la Fondation Truffaut.
Des maisons de retraite proposent aussi des jardins aménagés avec des allées et des bacs adaptés à l'activité de jardinage en fauteuil roulant. L’exemple des « Green care farms », développé aux Pays- Bas, démontre qu’il est possible d’accueillir des personnes âgées atteintes de troubles psychiques ou de la maladie d’Alzheimer et de les faire participer aux travaux de la ferme.

Un réseau de jardins thérapeutiques mal connu

Difficile de recenser tous les projets existants, créés généralement par des bénévoles motivés mais pas forcément fédérés. Mais au printemps 2021, une jeune éducatrice spécialisée, Romane Glotain, a eu le projet de faire un tour de France d’une quarantaine de jardins thérapeutiques en vélo, pour les promouvoir et créer une dynamique collective. Dénommée « le Jardin des Maux'passants », cette initiative recherche encore des donateurs. 

Des projets à penser sur le long terme

Le financement est certainement le point le plus « sensible » pour le développement des jardins thérapeutiques dans les hôpitaux et les maisons de retraite. Rares sont les structures qui peuvent en financer la création et surtout l’entretien. Mais avec l’engouement pour le verdissement des espaces urbains et les vertus médicales reconnues du jardinage, il est probable que les futures structures intègreront de plus en plus ces jardins spécialisés en amont. 
Marie Rigouzzo
 

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