Un objectif de 25 000 ha de lupin en France
En 2024, 6 000 ha de lupin blanc étaient cultivés sur l’hexagone, dont 1 500 ha par les adhérents de la coopérative agricole Terrena, indique Bertrand Pinel, responsable innovation de la coopérative basée à côté de Nantes. « Dans les meilleures années, notre coopérative a compté jusqu’à 3 000 ha de lupin. Mais les rendements aléatoires conduisent parfois les agriculteurs à délaisser la culture, pour des productions plus sûres, comme le blé. Par exemple, en 2024, le rendement moyen n’était que de 1,5 t/ha, contre un objectif de 3 t/ha. L’ensemble de notre collecte de lupin a été donc valorisée en alimentation humaine. Mais nous aimerions accroître les volumes à destination des éleveurs. »
Pour défendre cette culture, et espérer atteindre à terme les 10 000 ha de lupin sur son territoire, Terrena a monté avec d’autres partenaires, dont l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) et l'institut technique de la filière des huiles et protéines végétales Terres Inovia, le projet Arsène. Celui-ci se déroule de 2024 à 2029, pour 3 M€ de budget. L’objectif global est de parvenir à 25 000 ha de lupin, pour un volume de 75 000 t de graines.
Sélectionner sur différents axes
Parmi les axes de recherche, l’amélioration génétique des semences. Le semencier Cérience, filiale de Terrena, est d’ailleurs le premier acteur en Europe sur la sélection semencière de lupin blanc. Le travail sur la tolérance à l’anthracnose, une maladie causée par un champignon, doit sécuriser les rendements. « En 2024, avec les conditions météo très pluvieuses, l’anthracnose s’est fortement développée sur le lupin, et explique en partie les chutes de rendements », ajoute Bertrand Pinel. La tolérance au froid est également travaillée en sélection variétale. En échangeant autour des facteurs clés de la culture de lupin, les techniciens et conseillers agricoles pourront mieux accompagner les agriculteurs dans la réussite de cette culture. « Certains agriculteurs obtiennent déjà de bons rendements, jusqu’à 3,5 t/ha ! Mais il est important de choisir les parcelles adaptées, sans excès d’eau, et de maîtriser techniquement cette culture », insiste le responsable innovation de Terrena. Grâce au projet Arsène, une filière lupin blanc pourrait se déployer durablement en France et permettre ainsi aux élevages français de gagner en autonomie protéique.
Olivier Lévêque