Le lin brun, un trésor de graine

En bord de route, un joli champ de fleurs fragiles d’un bleu intense attire l ’ oeil. C’est une culture de lin. Il existe deux types de lin, le lin cultivé pour sa fibre et le lin oléagineux dont on récolte la graine. Principalement valorisé en nutrition animale, le lin oléagineux est un débouché mineur en alimentation humaine (5 à 6 % en 2009). Pourtant, les multiples bienfaits pour la santé de la petite graine brune font qu’elle devrait être plus présente dans nos assiettes.

Originaire d ’ Eurasie, le lin commun, Linum usitatissimum, est une plante de la famille des linacées, utilisée par les humains depuis 36 000 ans et cultivée à partir du Néolithique. Les graines et l ’ huile de lin sont considérées comme remède depuis l ’ Antiquité grecque.

Graine oléagineuse par excellence, le lin contient 34% de lipides dont près de 70% d'acides gras poly-insaturés dits acides gras essentiels que le corps humain ne sait pas synthétiser et qui doivent donc être apportés par l’alimentation. Avec quatre fois plus d'omega 3 (acide alpha-linolénique) que d’oméga 6 (acide linoléique), le lin offre un rapport ω6/ω3 très intéressant car l’alimentation contemporaine favorise plutôt les oméga-6. Les oméga-3 participent au rééquilibrage de la cholestérolémie en favorisant une baisse du mauvais cholestérol et une hausse du bon cholestérol. Le métabolisme des graisses est en effet ralenti par les fibres présentes en quantité dans la graine de lin. De plus, elles réduisent la pression artérielle en cas d’hypertension trop élevée. Les phytostérols antioxydants du lin jouent également un rôle dans la réduction du mauvais cholestérol et de la pression artérielle. Grâce à ces capacités hypocholestérolémiantes et hypotenseuses, les graines de lin diminueraient les risques cardiovasculaires, comme l’infarctus.

Autre bienfait, la consommation de graines de lin est bénéfique pour les personnes atteintes de diabète. Dépourvues de glucides, elles ne modifient pas la glycémie. Elles réduisent même la charge glycémique du repas car leur teneur élevée en fibres ralentit l'absorption des glucides.

Question protéines, la graine de lin en est riche (22%). Elle contient les neufs acides aminés essentiels pour l’homme. C’est donc un aliment végétal qui offre une alternative à la viande pour les végétariens ou les personnes souhaitant consommer moins de protéines animales.

Avec une teneur record en fibres (27%), la graine de lin est reconnue pour son efficacité contre la constipation et pour faciliter le transit intestinal. À noter que le lin brun contient deux fois plus de fibres que le lin blond. Les fibres solubles forment un mucilage au contact de l’eau dans l’organisme et les fibres insolubles non digérées absorbent l'eau. Toutes deux augmentent ainsi le volume du contenu intestinal et agissent tel un laxatif sur le transit. Autre effet, ces fibres procurent un sentiment de satiété agissant comme un coupe-faim naturel. Elles ont aussi une action hypo-énergétique, ce qui en fait un bon allié dans le processus de perte de poids.

Mais la graine de lin est aussi remarquable par sa teneur en lignanes. Ces phyto-oestrogènes qui miment les oestrogènes naturels diminueraient le risque de développer un cancer du sein. Ils aideraient aussi à réguler les déséquilibres hormonaux liés à la ménopause. Les graines de lin apportent une quantité appréciable de vitamine B9 indispensable à la femme enceinte. Elles réduisent les désagréments de la grossesse comme la constipation et participent au bon développement du bébé par leur richesse en lipides. Enfin, riches en composés phénoliques, en cuivre et manganèse, elles contribuent à lutter contre le stress oxydatif et les radicaux libres, protégeant ainsi les cellules contre les altérations pouvant déclencher des processus tumoraux ou le vieillissement cellulaire.

Sabine Huet