Une reconnexion avec le temps et avec les autres
Faire reconnaître la place de la nature et des jardins dans des parcours de soins est très récent. L’association Plante et cité, précurseur sur la thématique « nature en ville et santé », a publié une synthèse des recherches internationales sur « les effets bénéfiques des espaces de nature en ville sur la santé », et il s’avère que les espaces verts sont excellents pour booster le moral, voire diminuer les maladies mentales. En effet, l’accès à des espaces verts permet, entre autres, de recentrer ses pensées sur l’instant présent, de restaurer de l’attention à ce qui nous entoure, de profiter d’un moment de calme ou encore de créer des liens sociaux ou de faire du sport…
Chaque tranche d’âge peut trouver des « usages » aux espaces verts urbains, depuis la méditation jusqu’aux sports engageants, en créant une « bulle » sociale dans l’anonymat de la ville.
Un remède contre la dépression ?
Au-delà du bien être ressenti, la nature agit sur des formes de maladies psychologiques plus profondes, comme le stress ou l’anxiété, qui peuvent induire des formes de dépression. Des études montrent que les espaces verts ont un effet bénéfique sur la dépression, notamment chez les personnes sans emploi ou les jeunes, qui peuvent trouver un cadre convivial pour contrer leur solitude et canaliser leurs pensées négatives.
Les bénéfices globaux sont, à travers l’étude de Plante et cité, plus forts chez les femmes que chez les hommes tant pour les maladies mentales que physiques.
Des effets pour la santé publique
"Les bénéfices du contact avec la nature ne sont plus à démontrer, que ce soit pour les personnes bien portantes ou vulnérables. Les plus hauts niveaux de preuves scientifiques portent sur des effets favorables sur le système cardio-vasculaire, la baisse du niveau de stress et d’anxiété et la stimulation des capacités cognitives. Rien que dans ces domaines, les enjeux de santé sont énormes et doivent nous conduire à "faire entrer la nature dans les parcours de vie" en prévention primaire et secondaire." , explique France Criou, médecin, paysagiste et conceptrice de jardins thérapeutiques.
La ville est synonyme de sédentarisation et les espaces verts peuvent corriger certaines de ses conséquences. La pratique sportive dans un parc permet de lutter contre l’obésité et de diminuer les maladies cardiovasculaires. L’accès à la Nature permet -sauf épisode de grande pollution atmosphérique- de diminuer les maladies respiratoires. Il renforce le système immunitaire, favorise la qualité du sommeil et donc, en cumulé, participe à l’augmentation de la qualité de vie et de l’espérance de vie.
Des villes suffisamment vertes ?
Parmi les capitales européennes, Paris est une mauvaise élève avec moins de 6 mètres carrés verts par habitant, contre 19 à Bruxelles, 32 à Londres ou plus de 400 à Rome. Les 50 premières villes de France ne sont guère mieux loties avec une moyenne de 35 mètres carrés verts par habitant.
L’OMS recommande 12 m² d’espaces verts de proximité par habitant. Car ce qui compte, plus que la surface, c’est à la fois l’accessibilité mais aussi la proximité de ces espaces verts. Les habitants doivent avoir accès en moins de dix minutes à pied à un espace vert de plus d’un hectare. Ce qui n’est pas le cas pour 27 % des Franciliens. Or, c’est ce qui fait la différence en termes de santé et de bien-être.
Désirs de nature, de jardins et de balcons
L’épisode du Covid et les confinements stricts ont démontré l’importance sur le psychique et sur le corps de l’accès à des espaces verts. Les urbains ont davantage souffert de cette période que ceux qui avaient accès à un jardin, voire même un balcon. L'appétence pour la nature n'en n'est que plus grande. Huit français sur dix estiment qu'il faudrait plus de végétal en ville (1).
Aujourd’hui, l’aménagement et le développement des espaces verts incluent en amont les services sanitaires et sociaux qu’ils apportent, au-delà des simples fonctions esthétiques et écologiques qui leur sont attribuées. Et c’est une bonne nouvelle quand on sait que deux personnes sur trois vivront en ville en 2050 !
Marie Rigouzzo
(1) Selon une étude de l'Union nationale des entreprises du paysage menée en 2019.