Le procédé encore plus innovant consiste à se servir des plantes comme des « usines à vaccins ». L’espèce expérimentale qui a été retenue est celle la plus utilisée en virologie végétale : Nicotiana benthamiana, proche du tabac. Là, on n’utilise pas de virus vivants, mais un code génétique, ou un fragment d’ADN, que l’on introduit dans les plantes, pour qu’elles le multiplient. A ce jour, deux sociétés sont bien avancées dans leurs recherches : la société canadienne Medicago et la biotech américaine Kentucky BioProcessing, filiale du cigarettier britannique British American Tobacco. Jusqu’à maintenant, les projets de vaccins contre la grippe ou contre le virus Ebola étaient restés au stade expérimental. Mais des résultats concluants devraient être annoncés prochainement. Nul doute que les essais cliniques des vaccins contre la Covid-19 sont attendus avec impatience.
Comment fonctionnent ces plantes-usines ? Pour l’introduction du fragment d’ADN, on utilise un vecteur : c’est une bactérie du sol, Agrobacterium tumefaciens, responsable de la galle du collet (nodosités au niveau du collet ou des racines). Par cette lésion, la bactérie entre en contact avec une cellule végétale et lui injecte une partie de son ADN. Il faut préciser que cet ADN transféré ne s’intègre pas à l’ADN de la plante, mais il va être transcrit, par une sorte d’expression transitoire. On ne peut donc pas parler de plantes transgéniques. Ce transfert va forcer la plante à produire des particules pseudo-virales (PPV), qui ressemblent à des virus, mais qui ne sont pas infectieuses, et peuvent donc être utilisées pour la vaccination humaine.