Le pois chiche, une légumineuse aux débouchés prometteurs

Riche en protéines, le pois chiche occupe de plus en plus de place dans les assiettes des consommateurs. Pour répondre à cette demande, la filière agricole s’organise, séduite par les atouts agronomiques de cette plante. Mais dans les champs, la présence du ravageur héliothis freine son développement.

Pois chiche ©semae-joao-de-moura

Dépourvu de gluten, riche en protéines, en fibres solubles et en vitamine B9, le pois chiche affiche de sérieux atouts nutritionnels. Les consommateurs ne s’y trompent pas et multiplient les recettes pour insérer cette graine dans leur alimentation. Si la demande des industriels grandit, sur le terrain, le déploiement des surfaces n’est pas aussi rapide. Alors qu’en 2023 et 2024, les hectares dédiés à cette culture avaient augmenté, pour les semis 2025, la sole devrait rester stable, « autour de 30 000 ha », prédit Quentin Lambert, animateur technique national pois chiche chez Terres Inovia. De nouvelles régions, à l’image du Centre et de l’Ouest, s’intéressent de plus en plus au pois chiche, mais le cœur de la production reste centré dans les bassins historiques du sud-est et du sud-ouest de la France.
« La faute au climat bien sûr – le pois chiche apprécie la chaleur - mais pas seulement, confie-t-il. Pour développer ses nodosités, indispensables pour capter l’azote de l’air, les racines de cette légumineuse doivent entrer en symbiose avec des bactéries spécifiques du type Mesorhizobium. Endémiques de certaines régions, elles sont en revanche absentes d’autres territoires et semblent préférer les sols alcalins. » Mais depuis juin 2024, les agriculteurs ont la possibilité de se procurer un inoculum "LegumeFix", disponible sous forme de tourbe, à apporter sur les graines avant semis. Une innovation qui pourrait peut-être, à terme, participer à l’implantation du pois chiche dans de nouvelles zones.

Les grains cassés, déclassés en pois fourrager

Pour l’heure, le pois chiche reste avant tout cultivé dans la grande moitié sud du pays. Parmi les plus importants collecteurs, Arterris, une coopérative agricole dont le siège social se situe dans l’Aude. Chez Arterris, le pois chiche était, en 2024, implanté sur près de 800 ha, pour une production, via des contrats, proche des 1000 tonnes. « Cela ne devrait pas beaucoup évoluer cette année, prédit Clément Roux, directeur commerce du grain de la coopérative. Le pic de production a été atteint en 2013 avec plus de 9000 tonnes récoltées. Depuis, la sole n’a cessé de baisser. La principale raison est la difficulté, pour les producteurs, de se protéger contre le ravageur héliothis (Helicoverpa armigera), la noctuelle de la tomate. Ses larves percent la gousse et se développent à la place de la graine en formation, impliquant de fortes baisses de rendement. Sans compter qu’un pois chiche cassé, rongé, coloré ou tâché se verra déclassé en pois fourrager avec, à la clé, une perte financière pour les agriculteurs. » Sans solution de traitement efficace, certains producteurs hésitent à poursuivre cette culture sur leur exploitation. Le choix de la parcelle pour la culture du pois chiche est également primordial dans la réussite de la culture. Si possible, privilégier des parcelles propres, sans adventices.  

Un excellent précédent aux multiples atouts

Pourtant, Clément Roux reconnaît que cette culture de printemps reste une bonne alternative pour diversifier les assolements, d’autant qu’elle affiche de sérieux atouts agronomiques : excellent précédent pour la culture suivante, résistante aux stress thermiques et hydriques, peu gourmande en intrants, économe en azote, cycle de production assez court... Parmi les bémols soulevés par les producteurs : une date de récolte pas toujours simple à prévoir. « Normalement, celle-ci se déroule fin juillet-début août, explique Quentin Lambert. Quand le stress hydrique est trop important, la plante stoppe sa croissance et entre en maturité. Et si les conditions redeviennent propices (un simple orage par exemple), elle peut émettre de nouvelles feuilles et fleurs : c’est ce que l’on appelle une « croissance indéterminée. Il faut alors gérer la récolte en deux passages via un fauchage-andainage. »

Tester de nouveaux débouchés

Si le catalogue français rassemble actuellement une douzaine de variétés, « c’est une « vieille » génétique, Twist, inscrite en 1991, qui reste la plus cultivée », précise Quentin Lambert. En France, il existe deux types de graines, Kabuli (fleurs blanches) et Desi (fleurs violettes) mais Kabuli reste la plus utilisée, notamment pour sa taille de graines, plus grosses, et pour son aspect plus lisse. Le recours à des semences certifiées reste une assurance pour se prémunir de l’ascochytose, une maladie très fréquente sur pois chiche qui se conserve principalement sur les graines.
Pour l’heure, le débouché exclusif du pois chiche est l’alimentation humaine : pour le marché français mais aussi pour l’export, notamment au Maghreb. Face à une consommation en hausse, les industriels sont demandeurs de volumes. « Nos clients seraient capables d’absorber beaucoup plus de tonnages », confie Clément Roux. Arterris travaille avec son partenaire Ciacam – premier importateur de légumes secs en France - la fabrication de farine à partir de pois chiche : une solution qui permettrait de valoriser les grains grignotés. La préparation d’houmous est également  une alternative même si, aujourd’hui, le pois chiche est surtout consommé en graines « entières » et donc, avec un aspect qui nécessite d’être parfait. 

Anne Gilet

Le baromètre consommateurs mené par Protéines France et Terres Univia, en janvier 2025, montre que les habitudes alimentaires des Français sont en pleine transformation. Quelques chiffres :

  • 24 % des consommateurs ont récemment modifié leurs habitudes alimentaires. Pourquoi ?
    • 45 % à cause de leur pouvoir d’achat
    • 41 % pour des raisons de santé et de nutrition
    • 11 % pour réduire leur impact environnemental
  • 31 % des consommateurs adoptent un régime flexitarien
  • 66 % consomment, chaque semaine, des protéines végétales
  • 35 % identifient les légumes secs comme une source importante de protéines
  • 44 % jugent encore les protéines végétales comme étant moins savoureuses que d’autres sources de protéines
  • 75 % ne connaissent pas l’apport journalier recommandé en protéines (qui varie de 0,8 à 2,5 g/kg de poids selon l’âge et l’activité)
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