Implanter un fruit ou un légume dans de nouvelles aires géographiques n’est pas qu’un problème agronomique mais c’est aussi un choix de consommateur. Par exemple, deux produits très consommés de nos jours ont dû convaincre : la tomate et la pomme de terre.
Originaire des Andes, la tomate sauvage était probablement cultivée par les Aztèques et les Incas dès 700 av. J.-C. En Europe, cependant, sa consommation n’a débuté qu’au XVIe siècle, après que des graines eurent été importées par les Espagnols et disséminées dans le sud du continent. Considérée longtemps comme une plante vénéneuse, la tomate fut pendant de nombreuses années utilisée uniquement comme plante ornementale. Ce sont les variétés jaunes, appelées « pommes d’or » (pomodoro), qui furent vraisemblablement consommées les premières, en Italie, avant que la tomate ne gagne le nord de l’Europe.
La pomme de terre a connu, elle aussi, un désamour des consommateurs avant de devenir le tubercule le plus consommé en Europe. Originaire d’Amérique du Sud, la pomme de terre fut introduite par les conquistadors en Espagne sous le nom de « patata », puis elle a gagné timidement l’Italie.
À partir du XVIIe siècle, elle s’implante assez rapidement dans la plupart des pays européens, sauf en France. Considérée comme toxique, la pomme de terre y était réservée à l’alimentation des animaux. C’est au XVIIIe siècle que le célèbre Parmentier, convaincu de son intérêt nutritif, cultive les premiers champs de pomme de terre. Grâce à un subterfuge, il réussit à la faire connaître et adopter par les consommateurs : il fait surveiller les champs par des soldats le jour, incitant la population à les piller la nuit, contribuant ainsi à faire de la pomme de terre un produit « désirable ».