La création variétale est née du besoin des hommes d’assurer une nourriture régulière, abondante et diversifiée. L'aventure a commencé il y a environ 10000 ans, et l'évolution des techniques et des connaissances a permis, au XXe siècle, de réaliser des progrès qualitatifs et quantitatifs exceptionnels.

Micro-parcelles de sélection de lin fibres © Gnis-Benoit Laffineur

Comment crée-t-on de nouvelles variétés ?

Un peu d'histoire...

Après avoir été des chasseurs-cueilleurs, les hommes deviennent au néolithique des éleveurs-agriculteurs. Regroupés en villages, ils produisent désormais leur nourriture, en domestiquant les plantes sauvages et en les adaptant à leurs besoins. Les sources d'alimentation sont ainsi plus facilement disponibles.

Ils sélectionnent et ressèment les plantes intéressantes à cultiver. Ils favorisent ainsi celles qui sont les plus résistantes, les plus productives, les plus nutritives, et qui se transforment et se conservent le mieux. Ils recherchent à la fois des plantes pour se nourrir, pour se soigner et pour se vêtir.

L'amélioration des plantes se développe ainsi, de manière empirique, pendant des siècles, toujours avec la perspective et la promesse des moissons futures. Le choix des semences devient vite essentiel et fait évoluer les plantes cultivées. Ainsi, la domestication des céréales a orienté une sélection de plantes à épis solides et à égrenage (perte de grains) limité. La découverte de la sexualité des végétaux, vers 1700, puis de la génétique, à la fin du XIXe siècle (travaux de Mendel), puis celle de la molécule d'ADN (1953) posent les bases scientifiques de la sélection végétale.

Le métier de sélectionneur

Aujourd'hui, l'amélioration végétale est au cœur des métiers de la filière semences. Elle consiste à créer de nouvelles variétés à partir des variétés existantes en croisant entre elles les plantes choisies pour leurs qualités respectives. Ensuite les meilleures plantes issues de ces croisements - les descendants - sont sélectionnées jusqu'à obtenir une plante avec les qualités voulues.

Les connaissances et les outils nécessaires à l'obtention de nouvelles variétés ont conduit à l'émergence d'un nouveau métier, celui de sélectionneur. Le sélectionneur fait la synthèse entre la connaissance de la biologie des plantes et l'observation de leurs comportements. Parmi les qualités attendues à ce poste : la patience... En effet la création d'une nouvelle variété est très longue : elle nécessite jusqu'à 15 ans de travail.

L'apport des biotechnologies

Si la réalisation d'essais en plein champ et l'expertise humaine restent la base du métier de sélectionneur, les méthodes classiques de sélection sont désormais complétées par les biotechnologies qui permettent de gagner un temps précieux.

Par exemple, avec les biotechnologies, il est aujourd'hui possible de disposer d'informations sur le patrimoine génétique des plantes permettant d'anticiper les résultats potentiels des croisements entre parents. Concrètement, le sélectionneur dispose de marqueurs moléculaires qui lui permettent de repérer des caractères agronomiques dans l'ADN des plantes, concernant des aspects importants comme le rendement ou la résistance aux maladies notamment.

Pourquoi créer de nouvelles variétés ?

Les variétés ne sont jamais créées au hasard, mais pour répondre à des besoins précis qui intéressent l'agriculteur, le transformateur (brasseur, meunier, semoulier... ) ou le consommateur.

Les attentes de l'agriculteur

Ce qui compte pour un agriculteur, c'est que les plantes soient les mieux adaptées possible à ses conditions de sol et de climat. En zone océanique, les maïs doivent résister au vent. En Lorraine, les blés ne doivent pas souffrir du froid hivernal et dans le Midi, les cultures doivent pouvoir tenir lors des périodes de sécheresse et de fortes chaleurs.

Des plantes pour un développement durable

Un des premiers objectifs de la sélection de nouvelles variétés a été l'augmentation des rendements, condition nécessaire pour répondre aux besoins alimentaires d'une population toujours croissante, et pour assurer les revenus des agriculteurs et le maintien de leurs activités. 

Mais ceci ne doit pas se faire au détriment de la qualité de l'environnement. Les agriculteurs ont besoin de variétés résistantes aux maladies qui limitent l'utilisation de produits phytosanitaires, de variétés économes en engrais et de cultures bénéfiques pour les sols.

Répondre à des besoins spécifiques

Les industriels de l'agro-alimentaire fabriquent de la farine, de la bière, des pâtes, de l'huile... Pour obtenir des produits de qualité constante au meilleur prix, ils recherchent des variétés qui répondent le mieux possible à l'utilisation prévue. Ils ont donc besoin de variétés boulangères pour le blé, de variétés brassicoles pour l'orge, de variétés sucrières pour la betterave, de variétés pour fabriquer de l'huile de colza ou de tournesol.

Si les plantes jouent un rôle irremplaçable dans l'alimentation, elles font aussi partie de notre cadre de vie. Pelouses, fleurs et potagères trouvent en effet leur place au coeur d'espaces collectifs (parcs, terrains de sport...) tout autant que dans les jardins de nos maisons.

Elles participent également à notre santé, peuvent être utilisées dans certains produits ménagers (comme solvants, lubrifiants, ou tensio-actifs) ou constituer des sources d'énergie, de fibres textiles, de bioplastiques ou de matériaux de construction.

Pour tous ces champs d'application, il faut adapter les plantes en créant de nouvelles variétés, puis produire les semences pour des cultures et des récoltes de qualité.

La variété idéale existera-t-elle un jour ?

Des besoins qui évoluent

De nouvelles variétés remplacent fréquemment des variétés plus anciennes qui ne répondent plus aux besoins des producteurs, des transformateurs, des distributeurs et des consommateurs. Les besoins des hommes évoluent rapidement avec les changements des techniques de production et de transformation, ainsi que des modes de distribution et de consommation.

Le combat contre les maladies n'est jamais gagné

La résistance des variétés aux maladies évolue dans le temps. Plus une variété est cultivée, plus sa résistance est susceptible d’être contournée selon les cas par des maladies, des champignons, des parasites... 

Protéger les céréales contre la rouille est aussi difficile que de protéger les hommes contre la grippe. En permanence, les laboratoires recherchent de nouveaux vaccins. Au niveau des plantes, il en est de même pour le sélectionneur.

Les aléas du succès

Chaque année, les semenciers proposent des centaines de nouvelles variétés mais beaucoup ne se développent pas commercialement. En moyenne, 9 nouveautés sur 10 restent très peu utilisées. Des variétés n'auront qu'un développement local, en fonction des contraintes de climat et des débouchés existants. 

Chercher encore...

Ainsi, compte tenu de la diversité des conditions de sol et de climat, de la faculté des maladies à s'adapter, de l'évolution des techniques, de la diversification des produits et de l'apparition de nouveaux débouchés, il ne peut y avoir de variété idéale.

La recherche de nouvelles variétés est toujours très active et doit sans cesse anticiper, des années à l'avance, toutes les évolutions.

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