Des légumes frais en libre-service, c’est possible !

A quelques kilomètres de l’aéroport international de Roissy, Christophe Grison propose des paniers maraîchers disponibles 24h sur 24h dans le distributeur automatique qu’il a installé sur sa ferme. Une idée simple et inventive  qui permet à plusieurs milliers de personnes de se nourrir sainement, et qui est plébiscitée en ces temps de confinement. Rencontre avec un agriculteur raisonné et raisonnant.

Christophe Grison © SEMAE

« Blé, orge, maïs, colza, betteraves sucrières et semences de blé », c’est avec ces productions que Chritophe Grison s’est lancé dans l’aventure de l’agriculture. Parisien, il décide dès la classe de seconde de s’orienter en vue de prendre la suite de son grand-père. L’exploitation se situe à Mareuil-sur-Ourcq dans l’Oise, en bordure de l’Ile-de-France. Il s’installe en 1990 sur 210 hectares. Depuis, il s’est agrandi et aujourd’hui son exploitation s’étend sur 360 hectares, dont 3 dédiés au maraîchage. En 2014, il lance les Jardins de Mareuil. Ce projet de maraîchage avec de la vente en direct auprès des consommateurs, il l’a conçu avec Maxime Buffalo, âgé, à l’époque, de seulement 21 ans. Diplômé d’un BTS maraîchage, le jeune professionnel est venu aider Christophe Grison quelques mois sur son exploitation. A l’issue de leur fructueuse collaboration, l’agriculteur lui propose un « deal » : «  Je t’embauche pour t’occuper de l’entretien de la ferme (travaux du sol, plantations, semis), et nous lançons une étude de marché sur un projet de structure de maraîchage. Si elle est bonne, on crée une société et je t’associerai ». L’idée de départ était de monter 2000 m2 de serre et un hectare de cultures plein champ avec des légumes et des salades, un magasin de proximité et un distributeur automatique. La chambre d’agriculture, avec qui l’étude est réalisée, valide le projet tout en conseillant de commencer de façon « modeste ». Le projet voit le jour en 2014 sur le principe simple : « cultiver des légumes, les cueillir nous-mêmes et les vendre à la ferme via un magasin automatique ».

Des légumes disponibles 24h sur 24, même en confinement

Trois demi-journées par semaine, le magasin de l’exploitation accueille les clients. Lorsqu’il est fermé, c’est un distributeur automatique qui assure la continuité des ventes de produits frais. « A l’époque, il n’y avait que 120 fermes qui proposaient ces vitrines réfrigérées. Depuis, le chiffre a doublé. La chambre d’agriculture nous avait déconseillé son installation », explique Christophe  Grison qui a, malgré cette recommandation, opté pour le distributeur à l’extérieur de la ferme. Ainsi, les 40 casiers sont alimentés, en temps normal, par les équipes des Jardins de Mareuil 4 à 5 fois par jour, et permettent à 80, voire 100 foyers, de consommer des légumes du jour.

Avec la crise sanitaire provoquée par le COVID-19, les distributeurs sont pris d’assaut. « Dès les premiers jours du confinement, nous avons doublé nos commandes historiques. Le turn-over du distributeur était énorme, nous avons rempli les casiers jusqu’à 12 fois par jour », explique l’agriculteur. Pour répondre à cette demande et limiter les contacts physiques, Christophe a également mis en place le système de drive. De plus, le confinement a accéléré le projet de création d’un site de e-commerce, qui permet aux clients de commander et payer en ligne.

Offrir de la variété et promouvoir le circuit court

Mareuil-sur-Ourcq est un village de 1800 habitants, mais situé sur la route de Paris et proche de l’aéroport de Roissy. « En rentrant de leur travail, nos clients passent au distributeur et peuvent diner de produits frais. Et on ne peut pas faire plus frais : c’est cueilli le matin et installé dans le distributeur aussitôt ! » Panier à ratatouille, de tomates, d’œufs, des fraises, des melons et abricots, le choix se veut large. Christophe insiste sur ce point : une large gamme de produits pour satisfaire les goûts et la curiosité de ses clients.  « Si je n’avais qu’un type de tomates, ils iraient ailleurs. Aux Jardins de Mareuil, ils savent qu’ils peuvent trouver de la tomate allongée, des vieilles variétés, des chairs fermes ou tendres. Je produis 5-6 variétés de tomates différentes. Par ailleurs, les clients sont très exigeants au niveau du goût, ils nous font régulièrement des retours.  Nous faisons trois variétés de fraises car les attentes sont différentes selon les palais. Cette année, nous avons fait des carottes et des radis violet, des choux vert gazon, etc.  Dans une assiette, ils apportent de la couleur ! Toutes ces nouvelles espèces satisfont la curiosité du client. ».

La vente directe présente aussi l’avantage de créer du dialogue avec les clients.  « Nous pouvons leur expliquer notre métier. Par exemple, devant la ferme, nous avons mis un hôtel à insectes et un panneau didactique qui informe du nombre de personnes que l’on nourrit.  Nous ne faisons pas de bio pour des raisons économiques, notamment le surcoût en semences et plants, mais je fais pousser ma salade sans insecticides ni désherbants, avec de l’eau et du soleil. Nous travaillons des variétés moins gourmandes en produits phytosanitaires qui sont plus résistantes aux maladies. On essaye de ne pas faire de traitements fongicides, mais parfois nous avons des échecs. On tend vers de la protection intégrée et les clients l’entendent très bien ! », conclut cet agriculteur, qui promeut également le principe du circuit court. Grâce au confinement, il voit de nouveaux clients adopter ce mode de consommation. Mais, continueront-ils à venir s’approvisionner aux Jardins de Mareuil, après la crise ? Affaire à suivre….

Caroline Pépin

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