L’agriculture durable est une agriculture en accord avec les principes généraux du développement durable, défini comme « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs » par Mme Gro Harlem Brundtland, Premier Ministre norvégien (1987). Elle doit préserver les ressources, la biodiversité, respecter la qualité des sols, de l’eau et de l’air, maintenir le potentiel de production des territoires agricoles, permettre aux agriculteurs d’en vivre normalement, répondre aux besoins de la population et préparer l’avenir.

Coccinelle sur une fleur de luzerne © Gnis-Paul Dutronc

La durabilité est désormais au coeur des programmes de recherche agronomique. Dans le domaine des semences, la sélection de nouvelles variétés, mieux adaptées à leur environnement, est particulièrement active. L'objectif ? Sélectionner des plantes capables d'offrir des produits de qualité en utilisant moins d'eau, moins d'engrais, moins de produits de traitement...

Limiter les produits de traitements

Les produits de traitements, également appelés produits phytosanitaires, sont employés en agriculture pour limiter les pertes de récolte engendrées par les maladies, les ravageurs, ou encore certains champignons.
Or leur fabrication et leur utilisation dans les champs sont consommatrices d'énergie non renouvelable.
La limitation de ces produits va donc dans le sens d'une agriculture durable. Mais comment faire pour ne pas diminuer simultanément les quantités récoltées ? Le secteur des semences offre en ce domaine des solutions à différents niveaux.

Des variétés naturellement résistantes

Toutes les plantes ne sont pas égales devant les maladies ou les attaques de champignons, et certaines se défendent mieux que d'autres. 

Depuis bien longtemps, on cherche donc à repérer celles qui présentent les qualités les plus remarquables en la matière pour les utiliser dans des programmes de sélection et aboutir à de nouvelles variétés naturellement résistantes. 

La sélection de variétés mieux adaptées ne concerne pas que le comportement vis-à-vis des maladies. En blé par exemple, céréale fréquemment attaquée par les limaces, les sélectionneurs cherchent à obtenir des variétés moins attirantes pour ces ravageurs afin de réduire l'utilisation des produits.

Un travail sans cesse renouvelé

Mais rien n'est jamais acquis. En effet, à l'instar de la grippe, un peu différente chaque année, les maladies des plantes changent au fil du temps

Les organismes pathogènes qui en sont la cause sont des êtres vivants qui évoluent, s'adaptent et sont capables, par sélection naturelle, de contourner la résistance d'une variété ou de devenir insensibles à des produits de traitement jusque-là efficaces. C'est ce que nous connaissons pour l'homme avec la résistance de certaines bactéries aux antibiotiques. 

De plus, les échanges internationaux et les changements climatiques génèrent l'apparition et le développement de nouveaux parasites

Le travail du sélectionneur n'est donc jamais fini. Et il s'agit d'une course contre la montre, car il doit anticiper l'évolution de maladies en quelques saisons, alors qu'il faut 10 ans pour créer une nouvelle variété.

Plus fortes que les adventices

Longtemps qualifiées de mauvaises herbes, les adventices sont des végétaux qui poussent avec les plantes cultivées. Elles sont donc concurrentes pour l'accès à l'eau et aux éléments nutritifs du sol

La sélection variétale peut là encore jouer un rôle, en cherchant à développer des plantes cultivées mieux armées pour prendre le pas sur les adventices. En jouant sur la précocité ou encore sur l'importance du développement végétatif, on peut ainsi limiter l'utilisation des produits de désherbage.

Prendre un bon départ

Au-delà de l'aspect variétal, les semences (ou les plants) jouent aussi un rôle déterminant sur le devenir des cultures de par leur qualité sanitaire

Pour éviter que des sols ne soient contaminés par des maladies dont ils étaient exempts, il est indispensable d'utiliser des semences ou des plants certifiés. En effet, leurs conditions de production, strictes et contrôlées, garantissent un parfait état sanitaire. Le maintien durable d'une culture de pommes de terre constitue une parfaite illustration de la nécessité d'utiliser des plants certifiés, car les maladies peuvent réduire les rendements, compromettre la qualité et la conservation des récoltes, et contaminer les sols pour de longues années. 

Par ailleurs, le traitement des semences ou des plants assure une protection durable des jeunes plantes, ce qui limite le risque de maladies dans les cultures et les traitements en plein champ pour lutter contre ces maladies.

Mieux valoriser les ressources

Mettre en oeuvre une agriculture plus durable, c'est aussi utiliser moins d'eau d'irrigation et moins d'engrais.

Or, de façon générale, la culture de plantes bien adaptées à leur milieu et à leur utilisation finale va dans ce sens. Le travail de la filière semences pour mettre au point des variétés appropriées prend ici toute son importance, que ce soit en céréales, plantes de grandes cultures, fruits, légumes, ou encore plantes fourragères...

Des plantes moins exigeantes en eau

Toutes les plantes ont besoin d'eau pour se développer. Mais certaines nécessitent moins d'eau pour le même rendement ou résistent mieux à des périodes de sécheresse. La recherche tente donc de repérer ces plantes pour créer de nouvelles variétés plus efficaces vis-à-vis de l'utilisation de l'eau. 

Dans le cas de cultures irriguées, il devient ainsi possible de diminuer les apports en eau. Dans le cas de cultures non irriguées, cela permet d'envisager de nouvelles zones de culture.

Améliorer l'absorption de l'azote par les plantes

L'azote est un élément nutritif très important pour les plantes et pour les produits qui en sont issus. La qualité boulangère d'une variété de blé par exemple, dépend de sa teneur en protéines, qui dépend elle-même de l'azote absorbé par les plantes. 

Pour satisfaire ces besoins, les agriculteurs peuvent apporter des engrais azotés. Mais si l'apport est trop important par rapport aux besoins des plantes à ce moment, cela peut entraîner des pertes de nitrates vers les cours d'eau et les nappes phréatiques. 

Les chercheurs étudient donc comment le blé absorbe et utilise l'azote. Ils pourront ainsi créer des variétés plus économes. 

A terme, il s'agit pour les agriculteurs de cultiver des variétés permettant de réduire les apports d'azote, voire capables de résister à un manque temporaire de fertilisation et qui pourront cependant produire des grains et des farines dont la teneur en protéines sera à la fois suffisante et stable.

Pour des produits de qualité

Produire de façon durable consiste à limiter les impacts de l'activité agricole sur l'environnement, mais aussi à fournir aux marchés des produits de qualité correspondant aux attentes des consommateurs. 

Parmi les diverses composantes de la qualité, la qualité technologique se rapporte à l'aptitude des produits à subir des processus de transformation, notamment dans l'industrie agroalimentaire. Quant à la qualité sanitaire d'un aliment, elle est jugée satisfaisante lorsque que cet aliment peut être consommé sans risque pour la santé. 

Mais quel peut être le rôle du secteur des semences en la matière ? Essayons d'en savoir plus à partir de l'exemple des céréales.

Qualité technologique du grain

Pour ce qui est des céréales, la qualité technologique du grain réside en grande partie dans sa composition. Par exemple, pour l'orge destinée à la malterie (et donc à la fabrication de bière), plusieurs critères sont surveillés de près : la teneur en enzymes, la concentration en sucres ou encore la proportion des différents types d'amidon. 

Du fait de l'importance de cette qualité technologique, plusieurs programmes de recherche tendent à analyser les relations entre les modes de culture, les caractéristiques des variétés et la qualité du grain. 

D'autres expériences sont menées avec pour objectif de limiter la dégradation de cette qualité des grains avant récolte en réduisant les risques de germination sur épi lorsque les conditions climatiques sont mauvaises.

Une étude* réalisée par l'Inra a comparé les rendements des 14 principales variétés de blé tendre inscrites entre 1946 et 1992. Les essais ont été réalisés avec ou sans apport azoté (engrais) et avec ou sans fongicide (traitement contre les champignons), dans cinq régions différentes. Les résultats de cette étude montrent que les variétés les plus récentes ont un meilleur rendement que les variétés anciennes en conditions extensives (sans apport azoté ni traitement fongicide), et un rendement plus stable en conditions défavorables (stress climatique ou maladie). Ainsi, les nouvelles variétés sont beaucoup moins dépendantes des apports extérieurs et leur rendement en culture extensive dépasse largement le rendement des variétés anciennes, contrairement à ce que l'on pourrait penser.
La moutarde blanche est une plante cousine du chou. Au cours des dernières années, son utilisation pour la couverture des sols s'est beaucoup développée. Très utilisée dans la moitié nord du pays, elle est cultivée dans les parcelles, en hiver, par exemple entre une culture de céréales et une culture implantée au printemps suivant. Comme toutes les cultures intermédiaires, elle a des effets très positifs sur l'environnement et la qualité des sols. Elle pousse très vite, et empêche le développement de toutes les mauvaises herbes. De plus, les recherches menées par les semenciers ont permis de sélectionner des variétés capables d'empêcher naturellement le développement de vers microscopiques, les nématodes, parasites de plantes comme la betterave.
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