Renaturation des villes, moins de goudron, plus d’arbres !

Grâce à son engagement en faveur du végétal, la ville d’Angers, dans le Maine-et-Loire, est une vitrine du « savoir-vert » français.

Angers occupe depuis plusieurs années la première place du classement des villes les plus vertes de France. © ville d'Angers - Daniel Garandeau

Annoncé en juin 2022 par le Gouvernement dans un contexte de canicule, le plan de renaturation des villes et centres villes, doté de 500 millions d’euros, devrait permettre de constituer des canopées urbaines et de végétaliser certaines façades. Des mesures structurelles sont donc proposées pour adapter plus rapidement les villes aux conséquences du changement climatique et lutter contre les îlots de chaleur [1]. En la matière, Angers est une pionnière et occupe depuis plusieurs années la première place du classement des villes les plus vertes de France [2]. 

Le végétal au cœur de la politique de la ville

Connue pour son histoire horticole, la capitale de l’Anjou mise sur ses atouts naturels pour intégrer le végétal en ville. Elle compte une densité exemplaire d’espaces verts avec près de 151 hectares, soit 14 % de sa surface - sans les forêts - et offre 100 m² d’espaces verts par habitant.
Sans attendre la loi Climat et Résilience, promulguée en août 2021, qui prévoit un rythme d’artificialisation des sols divisé par deux d’ici 2030 (pour atteindre le zéro artificialisation nette d’ici 2050), la municipalité s’était emparée du sujet de la lutte depuis longtemps avec trois ambitions : favoriser la biodiversité, améliorer le cadre de vie et lutter contre les îlots de chaleur. Le verdissement des cours d’école en est un exemple tandis que les habitants s’impliquent, par le biais de budgets citoyens mais aussi grâce aux permis de végétaliser ou encore au développement des jardins collectifs offerts par la municipalité.
Avec 98 € par habitant pour les espaces verts en 2020, Angers consacre un budget significatif bien supérieur à la moyenne nationale de 76 €. Cela représente environ 5 % du budget communal et lui permet aussi d’investir pour l’avenir. Ainsi, parmi ses initiatives phares, son projet engagé sur douze ans, appelé Smart city (ville intelligente) a pour objectif de réduire de 30 % l’arrosage des espaces de nature.

Le « zéro phyto » et la santé

Côté réduction, les pesticides avaient ouvert la voie ! Entrée en vigueur en janvier 2017, la loi Labbé a incité les services espaces verts des villes à opter pour des pratiques plus écologiques d’entretien avec des techniques alternatives aux produits phytopharmaceutiques, désormais interdits. Grâce à sa politique précoce contre l’usage des pesticides, Angers était déjà prête ! En 2013, elle était même distinguée du label « EcoJardin » pour quatre de ses parcs respectueux de l’environnement. En 2017, elle comptabilisait ainsi environ 90 % de ses espaces publics traités en « zéro phyto », dont 85 % pour ceux végétalisés, 100 % des trois cimetières et 95 % des espaces de voirie. Désherbage manuel, fauche tardive ou encore écopastoralisme, toutes les méthodes sont pratiquées en fonction des milieux.
Tout naturellement, la ville a donc fait de la qualité de l’air une priorité. En 2021, elle a lancé un projet de forêts urbaines (150 000 arbres d’ici à 2025) ainsi que la plantation d’arbres d’alignement dans les rues pour contribuer à la filtration de l’air, au rythme de 50 arbres supplémentaires par an. Du reste, pour mener à bien ces projets, les services espaces verts s’adjoignent des professionnels de santé sur les problématiques d’allergies.

Infrastructures vertes et génie écologique

En matière d’infrastructure verte [3], la municipalité a intégré très tôt la création de véritables « voies vertes » avec, en 2017, la végétalisation entière d’une ancienne voie ferrée afin de relier la ville aux communes avoisinantes, devenues accessibles à pied ou à vélo. En 2020, elle a en outre été médaillée d’argent aux victoires du paysage pour l’avenue et le square Jeanne d’Arc, un axe historique transformé en parcours végétal.
Enfin, Angers conduit des projets de génie écologique à des fins de préservation des milieux naturels ou d’adaptation d’espaces en faveur de la biodiversité avec des trames vertes et bleues. À ambitions égales, figurent aussi la protection ou la restauration des milieux aquatiques ou encore la renaturation des espaces urbanisés.

Isabelle Cordier

[1] Le plan « Renaturation des villes » cofinance les collectivités locales avec l’appui de trois organismes publics. 
[2] Observatoire des villes vertes
[3] La notion « d’infrastructures vertes » englobe tous les espaces végétalisés, naturels ou aménagés – par opposition aux « infrastructures grises » : routes goudronnées, bâtiments.

LG
MD
SM