La ville nature

À l’heure de la lutte contre la pollution et de la protection de la biodiversité, les bienfaits du végétal en ville ne sont plus à prouver. Sur les toits, le long des murs ou au détour d’une rue, les plantes se faufilent.

Le mur végétal du musée du quai Branly à Paris 2 © Patrick Blanc

Toutes les études disponibles de par le monde montrent l’impact positif des plantes pour le bien-être des habitants des villes.

En effet, les végétaux ne se contentent pas d’embellir le cadre de vie. Ils agissent très souvent comme médiateurs sociaux en prévenant les incivilités, rafraîchissent la cité, absorbent les polluants et valorisent le patrimoine bâti.

Ainsi certaines communes encouragent les toitures ou encore les murs végétalisés quand d’autres développent plutôt les pratiques de gestion différenciée des parcs et jardins. Toutes doivent cependant bien choisir les espèces et les variétés qui résisteront aux contraintes urbaines, que ce soit à la pollution ou au manque de sols vivants.

Sur les toits, les sedums sont rois

Les sedums se portent très bien sur les toits. Ces plantes vivaces ont l’avantage de résister à la sécheresse et de pousser même sur des sols pauvres en matière organique. On les trouve facilement aujourd’hui en tapis ou en dalles. Ce sont des mélanges pré-cultivés le plus souvent sur fibre de coco, à la végétation basse. Rapides à installer avec un effet immédiat, à poser sur six centimètres de substrat, ils sont étudiés par les pépiniéristes pour étaler floraisons et feuillages décoratifs toute l’année. D’avril à octobre, les fleurs s’épanouissent dans des tons blancs, roses ou jaunes et suivant les modifications climatiques, les différents feuillages passent du vert clair au vert bronzé. Sedum album et S. lydium en variétés diverses, S. sexangulare, S. spurium, S. floriferum sont parmi les plus utilisés. 

Les murs s’animent

Si les toits, même pentus, restent des surfaces horizontales, il en va tout autrement des murs qui ne servent pas que de support aux plantes grimpantes ! Depuis une vingtaine d’années, les végétaux se développent à la verticale grâce au créateur du concept, le botaniste Patrick Blanc dont les réalisations émaillent les grandes villes du monde entier. Un mur végétalisé crée un îlot de verdure esthétique, propice aux pollinisateurs, isolant phonique et thermique et s’intègre, dans une certaine mesure, aux « trames vertes et bleues » en servant de passerelles entre les différents habitats pour la faune et la flore.

Les installations des professionnels sont conçues autour d’une structure dont les poches accueillent soit un terreau classique comme pour la culture en pot, soit un substrat inerte (sphaigne, feutre, billes d’argile, fibre de coco, pouzzolane) pour la culture en hydroponie des plantes. Dans les deux cas, le système d’arrosage est intégré avec fourniture d’engrais et le tout est souvent géré par un système informatique.

Pour les particuliers, le mur végétal permet de jardiner sans jardin et de cultiver une grande diversité de plantes, souvent des aromatiques mais aussi des légumes et des fleurs (1). Elles seront toutefois sélectionnées pour leur port compact, à faible développement racinaire, leur adaptation à ces conditions de vie et, bien entendu, au climat. Le choix est vaste en plantes de murs (rupicoles et saxicoles) ou encore en couvre-sol et autres plantes basses. Sans oublier celles d’intérieur, à condition de respecter leurs besoins en lumière. On trouve aujourd’hui des modules à assembler dans le commerce spécialisé pour créer un mur végétal. En quelque sorte, une réinvention des pots de fleurs accrochés sur treillage !

Partout, le béton fleurit !

Sédums et plantes de murs contribuent aussi à populariser une végétalisation d’aspect plus naturel. Très appréciés des habitants, les mélanges de fleurs ou de graminées sont d’ailleurs de plus en plus utilisés par les responsables et les gestionnaires d’espaces verts en ville. Les catalogues des obtenteurs et producteurs de graines s’enrichissent d’année en année de collections adaptées aux différents usages : zones industrielles, cœurs de ville, surfaces enherbées pour tramways, ronds-points, etc. Quant aux trottoirs, aux pieds de mur et aux pieds d’arbres, ils sont une source inépuisable de créations paysagères improvisées.

(1)    Espèces adaptées au mur végétal : en fruits et légumes, il s’agit par exemple des tomates cerises, fraisiers, concombres, aubergines, piments, haricots verts… ; en fleurs, des œillets d’Inde, œillets de poète, pétunias, pensées… ; en aromatiques,  du persil, de la ciboulette, du thym, du basilic, de la menthe, de la coriandre ou de la citronnelle. 

Isabelle Cordier
 

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