Des végétaux sur les toits ?
Depuis longtemps, dans les Jardins suspendus de Babylone, ou en Turquie, en Mongolie, chez certains peuples Amérindiens, les végétaux poussent sur nos toits. Ils contribuent à la beauté des constructions, rafraîchissent les bâtiments, améliorent le cadre de vie. Au XXe siècle, la terrasse-jardin permet de conserver à la ville un lien à la nature. Les éléments techniques qui la constituent ont été améliorés à partir des années 1970, avec l’arrivée des membranes d’étanchéité légères et résistantes à la pénétration racinaire et celle des « mélanges terreux allégés ».
Au milieu des années 1980, l’Allemagne est à l’origine d’une solution innovante : la « végétalisation extensive ». La mobilisation des pouvoirs publics et les attentes environnementales des citoyens se sont conjuguées pour faire décoller le marché.
En France, cette végétalisation se développe surtout depuis les années 2000, avec la mise en place de la démarche HQE (Haute qualité environnementale) dans la construction de bâtiment.
Créer un environnement harmonieux, confortable et sain
La qualité environnementale d’un bâtiment se mesure à son aptitude à remplir trois exigences : maîtriser les impacts du bâtiment sur le paysage, créer un environnement confortable et sain, préserver les ressources naturelles. La démarche HQE est proposée aux maîtres d’ouvrage et aux intervenants de la construction pour faire les choix les plus écologiques pendant toute la durée de vie du bâtiment : conception, réalisation, utilisation, adaptation, déconstruction.
Les toitures végétalisées sont un plaisir pour les yeux. Elles s’intègrent harmonieusement au paysage, et jouent un rôle dans la gestion des eaux pluviales en ville, isolent du bruit et la chaleur, contribuent à la qualité de l’air et donc au bien être des habitants.
Trois types de végétalisation, en fonction des besoins
Un système de végétalisation de toiture est un ensemble de matériaux et de végétaux dont la fonction initiale est d’assurer la protection de l’étanchéité du bâtiment. Il est mis en place sur une étanchéité anti-racines qui ne peut subir aucune détérioration. La végétalisation permet même d’accroître la durée de vie de l’étanchéité : elle réduit les chocs thermiques et empêche les dégradations mécaniques (effets du gel-dégel, du vent, de la grêle, etc.), les agressions des rayons solaires. La qualité de l’élément porteur (béton, acier, bois, etc.) est fondamentale. Il doit être capable de supporter des charges et des emplois différents. Une isolation thermique, généralement placée sous le revêtement d'étanchéité, complète l’ensemble. On compte 3 types distincts de végétalisation de toiture :
- La végétalisation intensive, ou « toiture-terrasse jardin traditionnelle » consiste à transposer en toiture les éléments d’un jardin (terre végétale jusqu’à 80 cm, grands végétaux, etc.). Il faut prévoir des dispositions comme le revêtement d’étanchéité résistant à la pénétration racinaire, la couche de drainage et la couche filtrante, la résistance à la charge élevée. L’entretien est équivalent à celui d’un jardin, à quoi s’ajoutent les contraintes de montage des matériels et d’évacuation des déchets. Elle ne peut être réalisée que sur un support béton et en pente inférieure à 5 %.
- La végétalisation semi-intensive recourt à des substrats qui se substituent à la terre sur une épaisseur plus faible que pour les terrasses jardins (30 cm maxi). La couche de drainage participe aussi à la bonne circulation de l’eau. Le choix des végétaux et la conception requièrent un entretien plus limité que celui des toitures « terrasses ». Toutes les toitures ne sont pas à même de recevoir une telle végétalisation, car le poids supporté par l’élément porteur quand le substrat est gorgé d’eau peut être important.
- La végétalisation extensive est une solution plus récente, séduisante, éloignée du concept de jardin. Sur un substrat de faible épaisseur (entre 4 et 15 cm), la végétation est plus rase, souvent constituée de sedum (voir le focus ci-dessous "Toits végétalisés : les Sedums privilégiés"). L’entretien est limité à quelques passages annuels. Les techniques de culture sont réduites à l’installation de la végétation, en adéquation avec une liste de plantes particulières. La charge limitée offre la possibilité de l’installer sur tous les supports, notamment l’acier, et sur des pentes allant jusqu’à 20 %.
Une association pour donner sa place à la nature en ville
L’Adivet (Association des toits et des façades végétales) a été créée en 2003 grâce à la prise de conscience de l’importance de la végétalisation des toitures pour améliorer notre cadre de vie, en particulier en ville. L’Adivet promeut la végétalisation du bâtiment et diffuse les bonnes pratiques en la matière. Elle a en particulier co-rédigé les « Règles professionnelles françaises » pour les toitures et les terrasses végétalisées.
Cette association regroupe les acteurs de la filière : fabricants de composants et de systèmes, entrepreneurs du bâtiment et du paysage, groupements professionnels (comme la Chambre syndicale française de l’étanchéité, et l’Union nationale des entreprises du paysage), maîtres d'œuvre et maîtres d'ouvrage, organismes de formation et de recherche, bureaux d'études. L’association travaille en partenariat avec les acteurs de la recherche et de l’innovation dont le CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment). L’ensemble de ces actions contribue à l’essor des toitures végétalisées en France, avec plus d’un million de mètres carrés installés en 2011, ce qui en fait un des premiers marchés au monde.