Le circuit court fait sens
L’année suivante, Swen et Antoine lancent leur première ferme urbaine “La Prairie du Canal” à Bobigny sur 4000 m2 de friche industrielle. « Nous produisons ici en pépinière hors sol car les terres sont bétonnées et polluées. »
Plants d’aromatiques, de légumes, de fleurs comestibles et de petits fruits, labellisés Bio et Nature & Progrès, sont commercialisés en circuits courts, essentiellement auprès des fermes urbaines à l’instar de Topager ou la Ferme des possibles. « La proximité a du sens pour ces professionnels. » Les magasins bio et la vente à la ferme auprès des particuliers sont les deux autres débouchés. « Les habitants viennent en métro acheter en direct des plants acclimatés à l’environnement parisien. Ils voient où ils ont poussé, posent des questions. »
Un modèle agricole innovant
La pépinière urbaine se veut participative et solidaire. « Notre volonté est d’intégrer le plus grand nombre, de jardiner ensemble dans la bienveillance et la convivialité, de transmettre et de partager le savoir. » Chaque jeudi et vendredi, dix bénévoles sont accueillis sur la micro ferme. Au rythme des saisons, ils apprennent à semer, repiquer, ils nettoient le poulailler, s’initient au bricolage. Des novices en jardinage souhaitant progresser, des retraités sans jardin, des personnes en recherche de lien social ou encore des salariés en reconversion, tous viennent mettre les mains dans la terre. « Nous sommes un tremplin pour les bénévoles qui peuvent apprendre et se tester. Nous les orientons vers des formations. Certains reviennent en stage ou en service civique et seront les néoruraux futurs agriculteurs. » Ces temps de jardinage partagé créent du lien social entre les habitants et une dynamique de quartier. « C’est très convivial, les bénévoles sont très enthousiastes et pleins d’énergie. »
Sensibiliser tous publics
Le jardinage est aussi une porte d’entrée pour sensibiliser les publics à l’agroécologie, l’alimentation durable, le cycle des saisons, le recyclage. La Prairie du Canal accueille gratuitement les familles le dimanche dans cette optique. Des actions de sensibilisation sont également menées dans les écoles, auprès des entreprises et dans les jardins partagés (voir encadré). Si certaines prestations sont monnayées, d’autres ne pourraient perdurer sans les recettes des évènements culturels festifs. D’avril à septembre, 500 à 1000 personnes viennent danser et faire la fête le samedi, à côté des poules et des légumes. « C’est un événement culturel fort, ancré dans le territoire. » Ainsi, l’équilibre budgétaire de La Sauge repose pour un tiers sur la vente de plants et de services, un tiers sur les recettes des activités festives et un tiers sur les subventions.