La Sauge, des fermes urbaines d'un nouveau genre

Que tout le monde se mette au jardin ! C’est un peu le credo des fermes urbaines participatives et solidaires de La Sauge. Production de plants bio, proximité, partage, sensibilisation et transmission de savoir sont les piliers de l’association.

Les fermes urbaines de La Sauge reposent sur un modèle économique, participatif, citoyen et solidaire qui intègre l'accueil des bénévoles. ©La Sauge

Bien sûr, la sauge est une plante aromatique et médicinale. Mais La Sauge, c’est aussi la Société d'agriculture urbaine généreuse et engagée. Sa raison d’être ? « Favoriser la pratique d’une activité agricole respectueuse du vivant, pour le plus grand nombre », affirme Audrey Noeltner, responsable de production agricole participative à la ferme de Bobigny (93). À l’origine, les cofondateurs Swen Deral et Antoine Devins voulaient créer une ferme urbaine à Paris pour réconcilier la ville et l’agriculture, sensibiliser et transmettre le savoir. Plusieurs constats les motivaient : le manque d’espaces pour jardiner en ville, la déconnexion de la population urbaine du monde agricole et la perte de savoir-faire du jardinage. L’aventure commence en 2015 avec la création des 48 heures de l’agriculture urbaine à Paris.

Le circuit court fait sens

L’année suivante, Swen et Antoine lancent leur première ferme urbaine “La Prairie du Canal” à Bobigny sur 4000 m2 de friche industrielle. « Nous produisons ici en pépinière hors sol car les terres sont bétonnées et polluées. » 
Plants d’aromatiques, de légumes, de fleurs comestibles et de petits fruits, labellisés Bio et Nature & Progrès, sont commercialisés en circuits courts, essentiellement auprès des fermes urbaines à l’instar de Topager ou la Ferme des possibles. « La proximité a du sens pour ces professionnels. » Les magasins bio et la vente à la ferme auprès des particuliers sont les deux autres débouchés. « Les habitants viennent en métro acheter en direct des plants acclimatés à l’environnement parisien. Ils voient où ils ont poussé, posent des questions. »

Un modèle agricole innovant

La pépinière urbaine se veut participative et solidaire. « Notre volonté est d’intégrer le plus grand nombre, de jardiner ensemble dans la bienveillance et la convivialité, de transmettre et de partager le savoir. » Chaque jeudi et vendredi, dix bénévoles sont accueillis sur la micro ferme. Au rythme des saisons, ils apprennent à semer, repiquer, ils nettoient le poulailler, s’initient au bricolage. Des novices en jardinage souhaitant progresser, des retraités sans jardin, des personnes en recherche de lien social ou encore des salariés en reconversion, tous viennent mettre les mains dans la terre. « Nous sommes un tremplin pour les bénévoles qui peuvent apprendre et se tester. Nous les orientons vers des formations. Certains reviennent en stage ou en service civique et seront les néoruraux futurs agriculteurs. » Ces temps de jardinage partagé créent du lien social entre les habitants et une dynamique de quartier. « C’est très convivial, les bénévoles sont très enthousiastes et pleins d’énergie. »

Sensibiliser tous publics

Le jardinage est aussi une porte d’entrée pour sensibiliser les publics à l’agroécologie, l’alimentation durable, le cycle des saisons, le recyclage. La Prairie du Canal accueille gratuitement les familles le dimanche dans cette optique. Des actions de sensibilisation sont également menées dans les écoles, auprès des entreprises et dans les jardins partagés (voir encadré). Si certaines prestations sont monnayées, d’autres ne pourraient perdurer sans les recettes des évènements culturels festifs. D’avril à septembre, 500 à 1000 personnes viennent danser et faire la fête le samedi, à côté des poules et des légumes. « C’est un événement culturel fort, ancré dans le territoire. » Ainsi, l’équilibre budgétaire de La Sauge repose pour un tiers sur la vente de plants et de services, un tiers sur les recettes des activités festives et un tiers sur les subventions.

Produire des graines

L’association compte deux autres fermes urbaines basées sur le même modèle : “Terre Terre” à Aubervilliers sur 2500 m2 et L’Agronaute à Nantes sur 3500 m2. Une quatrième unité, “La Plaine Terre”, implantée sur 4000 m2 à Saint-Denis, est dédiée à la production de semences potagères bio. « C’est la première récolte en 2023. Les graines seront semées dans nos pépinières et vendues aux jardiniers du quartier. » À terme, l’idée est de proposer des formations pour transmettre et sensibiliser les amateurs et professionnels sur les processus de sélection et de production de semences.

Sabine Huet

• Animer des jardins partagés confiés par les bailleurs sociaux. La Sauge intervient chaque semaine pour animer ces jardins d’immeubles et créer une communauté. Les participants apprennent à jardiner et à gérer le collectif jusqu’à devenir autonomes.
• Former à la création d’un jardin collectif. “La Fabrique des jardiniers” est une formation conçue pour aider un collectif de citoyens à installer un jardin partagé. Au programme, comment réussir la production agricole, comment créer une association et trouver les fonds nécessaires et comment gérer l’humain dans un collectif. Les porteurs du projet ont ainsi un dossier solide à présenter en mairie et aux partenaires.
• Transmettre le savoir dans les écoles. “La Classe au jardin” est un programme dédié aux scolaires. Les enseignants disposent sur une plateforme en ligne de supports sur des thèmes variés : le sol, la graine, les familles de légumes, etc. En complément, La Sauge anime des ateliers de jardinage avec les enfants.
• Sensibiliser sur l’agriculture bio, les semences, etc. avec les journées "Teambuildings d’entreprise” sur les fermes.
 

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