3000 graines menacées, préservées
Mais ce jardin n’est pas un simple lieu de visite pour apprendre et découvrir les richesses de la nature. « C’est aussi un lieu de préservation de la biodiversité, explique-t-il. En créant le Conservatoire du Potager Extraordinaire dès 1995, nous avons souhaité préserver des espèces rares ou menacées. Nous en comptabilisons aujourd’hui plus de 3000. » Cette association regroupe 80 bénévoles et une multitude de partenaires : des industriels et des agriculteurs vendéens mais aussi des propriétaires de châteaux et de domaines privés. Car l’enjeu est de multiplier ces graines pour, ensuite, les conserver précieusement. Et cela ne peut se faire que dans des lieux isolés d’autres jardins potagers, pour éviter toute hybridation ou croisement inopportun : le patrimoine génétique des variétés à multiplier est ainsi intact. Pour chaque espèce, des distances de sécurité ont été définies : 10 m pour une tomate, 70 m pour une aubergine, 150 m pour les haricots verts, 500 m pour une courge et 1 km pour un chou ou une carotte.
« Chaque année, des dizaines de graines sont ainsi préservées, insiste Pierre Baptiste. Parmi nos plus grandes fiertés, celle d’avoir « sauvé » la courge grise du marais vendéen, une variété qui était en voie de disparition. Cette année, nous avons réussi à multiplier une courge encore plus rare, la longue d’Etampes. Un collectionneur possédait encore des graines. Il nous en a confié trois et nous avons réussi à les multiplier. Une vraie satisfaction. Ces graines vont partir dans plusieurs sites pour être multipliées. Nous aimerions en faire de même avec une variété de blé locale introuvable, le « blanc de Mareuil ». Les 3000 graines sont précieusement conservées dans des chambres froides, dans des boîtes hermétiques. Les plus rares sont quant à elles stockées à -20°C.
Semer la graine du changement
Pour Pierre Baptiste, « préserver les graines, c’est aussi militer pour une diversité alimentaire et pour une alimentation plus responsable ». Des ateliers sont ainsi proposés aux visiteurs pour découvrir et apprendre. « L’objectif est de donner envie aux visiteurs de faire : un petit jardin potager, à manger, un geste pour l’environnement... Ce parc se veut un relai pour semer la graine du changement. » Pour entretenir les 7 ha, planter et récolter les 30 tonnes de légumes produits chaque année, le Potager Extraordinaire s’entoure d’une douzaine de personnes en insertion sociale. « Notre structure est conventionnée Chantiers d’insertion, précise-t-il. Le maraîchage est un formidable support pour permettre à des publics éloignés de l’emploi de retrouver le chemin du travail. Les paniers de légumes concoctés chaque semaine sont proposés aux salariés des entreprises voisines. » Si l’ambition du Potager Extraordinaire est d’accueillir encore un peu plus de visiteurs (30 000 entre juillet et décembre 2023), l’objectif est aussi d’obtenir les labels » Jardin Remarquable », « Tourisme et Handicap » ou encore « Qualité Tourisme ». « Nous avons déjà obtenu la reconnaissance de l’association Potagers de France, un premier pas, précise-t-il. L’idée serait aussi de créer un index pour avoir une photo précise, à l’instant t, des espèces menacées en France. Un indicateur qui permettrait de savoir ce qu’il est urgent de conserver. »
Pour en savoir plus : https://potagerextraordinaire.com/
Anne Gilet