Un potager vendéen vraiment extraordinaire

En Vendée, le Potager Extraordinaire propose une approche ludique et pédagogique de la nature. L’occasion, sur 7 ha, de découvrir près de 1000 légumes et plantes, des plus classiques aux plus bizarroïdes. Un conservatoire des graines a même été créé pour préserver et multiplier des espèces rares ou menacées. Parmi les trésors du parc, une collection unique en Europe de courges en forme de gourdes.

Tunnel de courge du Potager extraordinaire  ©Anne Gilet

Tout a commencé en 1992, quand le directeur du jardin des plantes de Nantes confie à un agriculteur vendéen, Michel Rialland, près de 330 variétés de courges. Une idée germe alors : présenter ces cucurbitacées au grand public. Une association se crée quelques années plus tard et le Potager Extraordinaire ouvre ses portes en 1995. Tout d’abord sur 2 ha à la Mothe-Achard, dans l’ouest de la Vendée, puis après un déménagement en juillet 2023, sur 7 ha, à Beautour, près de la Roche-sur-Yon, dans le centre du département. « L’engouement autour de cette fabuleuse collection n’a cessé de se cultiver, confie Pierre Baptiste, responsable des collections du Conservatoire du Potager Extraordinaire. Elle s’est, au fil des années, étendue à d’autres espèces, à commencer par les tomates, les aubergines ou le basilic. Actuellement, plus de 1000 légumes sont présentés aux visiteurs avec, à l’automne, une exposition de près de 200 courges différentes ».

3000 graines menacées, préservées

Mais ce jardin n’est pas un simple lieu de visite pour apprendre et découvrir les richesses de la nature. « C’est aussi un lieu de préservation de la biodiversité, explique-t-il. En créant le Conservatoire du Potager Extraordinaire dès 1995, nous avons souhaité préserver des espèces rares ou menacées. Nous en comptabilisons aujourd’hui plus de 3000. » Cette association regroupe 80 bénévoles et une multitude de partenaires : des industriels et des agriculteurs vendéens mais aussi des propriétaires de châteaux et de domaines privés. Car l’enjeu est de multiplier ces graines pour, ensuite, les conserver précieusement. Et cela ne peut se faire que dans des lieux isolés d’autres jardins potagers, pour éviter toute hybridation ou croisement inopportun : le patrimoine génétique des variétés à multiplier est ainsi intact. Pour chaque espèce, des distances de sécurité ont été définies : 10 m pour une tomate, 70 m pour une aubergine, 150 m pour les haricots verts, 500 m pour une courge et 1 km pour un chou ou une carotte.
« Chaque année, des dizaines de graines sont ainsi préservées, insiste Pierre Baptiste. Parmi nos plus grandes fiertés, celle d’avoir « sauvé » la courge grise du marais vendéen, une variété qui était en voie de disparition. Cette année, nous avons réussi à multiplier une courge encore plus rare, la longue d’Etampes. Un collectionneur possédait encore des graines. Il nous en a confié trois et nous avons réussi à les multiplier. Une vraie satisfaction. Ces graines vont partir dans plusieurs sites pour être multipliées. Nous aimerions en faire de même avec une variété de blé locale introuvable, le « blanc de Mareuil ». Les 3000 graines sont précieusement conservées dans des chambres froides, dans des boîtes hermétiques. Les plus rares sont quant à elles stockées à -20°C.

Semer la graine du changement

Pour Pierre Baptiste, « préserver les graines, c’est aussi militer pour une diversité alimentaire et pour une alimentation plus responsable ».  Des ateliers sont ainsi proposés aux visiteurs pour découvrir et apprendre. « L’objectif est de donner envie aux visiteurs de faire : un petit jardin potager, à manger, un geste pour l’environnement... Ce parc se veut un relai pour semer la graine du changement. » Pour entretenir les 7 ha, planter et récolter les 30 tonnes de légumes produits chaque année, le Potager Extraordinaire s’entoure d’une douzaine de personnes en insertion sociale. « Notre structure est conventionnée Chantiers d’insertion, précise-t-il. Le maraîchage est un formidable support pour permettre à des publics éloignés de l’emploi de retrouver le chemin du travail. Les paniers de légumes concoctés chaque semaine sont proposés aux salariés des entreprises voisines. » Si l’ambition du Potager Extraordinaire est d’accueillir encore un peu plus de visiteurs (30 000 entre juillet et décembre 2023), l’objectif est aussi d’obtenir les labels » Jardin Remarquable », « Tourisme et Handicap » ou encore « Qualité Tourisme ». « Nous avons déjà obtenu la reconnaissance de l’association Potagers de France, un premier pas, précise-t-il. L’idée serait aussi de créer un index pour avoir une photo précise, à l’instant t, des espèces menacées en France. Un indicateur qui permettrait de savoir ce qu’il est urgent de conserver. »

Pour en savoir plus : https://potagerextraordinaire.com/

Anne Gilet 

Plusieurs nouvelles initiatives se sont mises en place pour accompagner les missions du Conservatoire du Potager Extraordinaire :

  • « Atout bout d’champs » : cette opération regroupe quatre agriculteurs vendéens qui mettent gracieusement à disposition des lopins de terre pour semer et assurer la multiplication de variétés, dans des espaces isolés d’autres jardins potagers.
  • Des « stations de conservation » sont installées au sein d’espaces verts d’entreprises vendéennes. Y sont semées des graines, soit pour la conservation, soit pour la consommation. Une reconnexion à la terre qui permet aussi aux salariés de ces quatre entreprises d’être sensibilisés à cette cause. De par leur engagement, tous deviennent ainsi des ambassadeurs de la préservation de la biodiversité.
  • « Unissons nos jardins » rassemble près de 40 propriétaires de châteaux et domaines privés, partout en France, soucieux de participer à la préservation des lagenarias (gourdes et calebasses), en semant des graines dans leurs jardins.
  • Une mini-ferme
  • Un bizarretum où se côtoient des espèces végétales méconnues ou étranges
  • Un potager expérimental où l’on en apprend un peu plus sur les oyas, la culture en lasagnes ou encore l’hydroponie
  • Un potager exotique
  • Une bibliothèque potagère
  • Une graineterie
  • Un tunnel dédié aux gourdes (60 variétés) et un autre aux tomates
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