Graines de courges : un savoir-faire made in Poitou

Un excellent allié pour votre santé ! Les graines de courges sont en effet riches en magnésium et phosphore et possèdent des acides gras Oméga 3, importants pour le cerveau. Elles sont aussi connues pour leurs bienfaits diurétiques. On les utilise en effet pour stimuler la vessie et la prostate pour un fonctionnement normal du système urinaire. Avec une bonne teneur en vitamines, ces graines oléagineuses sont enfin un véritable concentré de nutriments et un puissant antioxydant. Pour toutes ces raisons, elles rencontrent un vrai succès auprès des consommateurs, et en particulier chez les personnes intolérantes au gluten et sensibles aux menus végétariens.

Si la Chine, l'Inde, la Russie et les États-Unis sont les plus grands producteurs au monde de graines de courges, la production française s’est développée récemment afin de répondre à une demande locale et de qualité, en agriculture biologique. « Il y a 5 ans, nous avons créé une association avec des agriculteurs du Poitou, pour mieux organiser une production sur notre territoire et ainsi répondre à notre client Biocoop, qui représente 90 % de nos débouchés. Nous avons ainsi signé un contrat exclusif avec Biocoop France, pour distribuer nos graines de courges au travers de ses quatre centrales d’achat sur l’hexagone », explique Jean-Noël Thibault, agriculteur et président de Graines de Courges du Poitou depuis 4 ans. Pour lui, aucun doute : les graines de courges françaises en bio et labélisées Commerce Équitable révèlent des qualités nutritionnelles et gustatives riches par rapport aux graines d'import.

Aujourd’hui, l’association regroupe une trentaine de producteurs, essentiellement sur le département de la Vienne, ainsi que les bordures des départements limitrophes des Deux-Sèvres et de l’Indre. Cela représente entre 150 et 200 tonnes de graines produites chaque année. « L’objectif est de rester sur ce niveau de volumes. Il faut être en phase avec les ventes, qui semblent se stabiliser pour l’heure. Et la culture n’est pas toujours évidente à réussir. »

Avec une météo très changeante ces dernières années, alternant des périodes sèches à très humides, la production est loin d’être linéaire. « Nous avons pu récolter jusqu’à 350 t une année, notre record ! Mais en 2024, nous étions descendus à 100 t seulement… », déplore Jean-Noël Thibault. La culture n’est pourtant pas trop gourmande en eau, elle reste peu sensible aux maladies et ravageurs, et elle nécessite seulement un apport de compost ou de fumier en amont. Cependant, elle peut souffrir d’excès de températures ou d’eau sur certaines phases de son cycle.

Pour le producteur, une des explications à la fragilité de la culture réside dans le manque de recherche sur les variétés. « Nous n’avons pour le moment que 2 ou 3 variétés disponibles en France, avec une recherche variétale qui se réalise principalement en Autriche, où la culture est plus répandue. Aussi, le besoin de rotations longues pour éviter que les courges ne reviennent trop souvent sur une même parcelle, à cause des maladies - oblige à trouver de nouveaux champs et de nouveaux producteurs. En général, si les conditions sont réunies, nous pouvons espérer atteindre 300 à 500 kg de graines par hectare à la récolte. »

Avec près d’un million d’euros investis, notamment dans l’achat de machines de récolte et de préparation des graines, l’association Graines de Courges du Poitou espère bien poursuivre sur sa lancée, en défendant un savoir-faire local et une qualité supérieure. La graine de courge bio du Poitou pourrait ainsi se faire une place dans nos assiettes.

Olivier Lévêque