Lors de croisements « classiques », les sélectionneurs ont, en moyenne, besoin d’une dizaine d’années pour mettre au point une nouvelle variété, stable, aux caractéristiques intéressantes. Grâce à l’IA, ce pas de temps peut être considérablement réduit, de plusieurs années. « La première étape d’un programme de sélection consiste à réaliser des croisements entre deux plantes aux atouts complémentaires, précise Pauline Bansept Baster. L’observation des descendances nous permet alors de repérer, parmi les lignées créées, celles qui semblent les plus prometteuses. Les algorithmes, utilisés par l’IA, renseignés avec toutes les données collectées précédemment, nous permettent de gagner du temps sur cette étape en repérant les plantes qui affichent le meilleur compromis entre les différents caractères recherchés : rendement, résistance aux maladies et/ou aux aléas climatiques, qualité… » Plutôt que de tester physiquement chaque croisement, sous serre puis au champ, l’IA permet de prédire quelles combinaisons donneront les meilleures performances en termes de rendement, de résistance aux maladies ou d’adaptation au climat.
Certains laboratoires travaillent également sur des modèles informatiques simulant la croissance des plantes en fonction de leur génome et de leur environnement. Cela permet de tester virtuellement différentes conditions de culture avant même de réaliser des essais en plein champ. Une option qui, là encore, réduit le temps pour élaborer de nouvelles variétés. En résumé, l’IA aide les sélectionneurs à faire du phénotypage à haut débit, notamment pour confronter chaque génétique à des millions de données météorologiques, pédologiques et sanitaires. L’objectif : sélectionner les variétés qui sauront le mieux s’adapter à tel ou tel contexte pédoclimatique. L’enjeu est aussi de préparer l’avenir en anticipant ce que pourrait être le climat dans 10 ou 20 ans et ainsi, identifier les variétés qui se comporteront le mieux. « L’IA nous permet de prendre en compte de plus en plus de facteurs pour faire des regroupements en fonction du type de sol, de la météo, de la rotation…, poursuit Frédéric Lievens, directeur marketing et développement chez Semences de France. Cette puissance d’analyses est une aide précieuse pour les chercheurs. Sur le terrain, cela nous guide aussi dans le positionnement des variétés en fonction de chaque terroir. »