Le lin, une fibre d'avenir

Cultivé et filé en France dès l’époque de Charlemagne, le lin bénéficie d’un savoir-faire ancestral. Cette plante vertueuse qui produit des textiles de grande qualité possède en outre des propriétés de légèreté, de solidité et, moins connues, des qualités vibratoires et isolantes qui lui promettent de beaux jours dans la production d’objets composites et écoresponsables de l’industrie et du design.

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Une production de lin naturelle et localisée

Savoir-faire ancestral flamand, la culture du lin est toujours concentrée le long de la Manche, en France et en Belgique, à moins de 200 km des côtes. Les conditions climatiques y sont en effet propices. Le lin nécessite tout au long de sa croissance une température tempérée et une alternance de pluie et de soleil, même en été, afin que la constitution de la fibre, au niveau de la tige, soit régulière.

Contrairement au coton, le lin est une culture qui n’a pas besoin d’être irriguée, qui nécessite très peu d’apports phytosanitaires et dont les rotations agricoles sont longues (6 à 7 ans).

Cette plante vertueuse, qui produit des fibres écoresponsables et aisément recyclables, est également traçable. 39 variétés de lin textile existent en France. « La variété la plus cultivée en Europe, qui est une obtention Terre de lin, c’est le Bolchoï. Elle est productive en fibres, c’est une variété rustique qui résiste naturellement à trois maladies », affirme Laurent Cazenave, chargé de communication de la coopérative agricole Terre de Lin.

De nouveaux usages composites de la fibre de lin

Si la fibre de lin est très connue pour la noblesse et la qualité des textiles (vêtements et linge) qu’elle produit, ses propriétés intrinsèques sont aujourd’hui mises en valeur dans de nouveaux usages industriels. Légère, respirante, isolante et naturelle, la fibre de lin possède également de bonnes qualités vibratoires qui permettent de résister aux chocs et de bien conduire les ondes.

Imprégnée de résine, elle constitue des matériaux composites qui peuvent prendre de multiples formes et fonctions. En remplacement de la fibre de verre ou du carbone, elle apporte davantage de souplesse et de légèreté ainsi que des solutions écologiques avec sa fibre naturelle (et non synthétique) et ses problématiques de fin de vie écoresponsables (elle dure plus longtemps et est mieux recyclée).

Le design s’est emparé du lin pour créer meubles ou objets (comme des verres ou des bouteilles) légers, durables et d’aspect naturel. Des résines transparentes permettent de jouer sur la structure de la fibre, du tissage, du relief ou des couleurs. La créativité permise par le lin est sans limite !

 

Les qualités vibratoires du lin conduisent très bien le son et l’industrie de l’audio a, par exemple, développé des haut-parleurs qui évitent les grésillements. De même, les skis composés de fibres de lin absorbent les vibrations dues au terrain et à la vitesse et permettent plus d’adhérence et de résistance aux chocs.

Le marché du nautisme s’intéresse également à la fibre pour sa légèreté et sa solidité : des coques de bateaux de plaisance ou des kayaks ont vu le jour dans un matériau composite. De même que des consoles de voitures.

« Le lin permet des apports techniques : la légèreté est le principal atout dans le secteur de la mobilité. Et comme la mobilité est l’un des grands enjeux d’avenir, on pense que d'autres marchés vont s'ouvrir », poursuit Laurent Cazenave.

L’entrée du lin sur ces marchés demande beaucoup de d’investissement en recherche et développement mais les perspectives sont très prometteuses.

Un marché de niche en expansion

80 % de la production mondiale de fibres de lin provient d’Europe, dont 75 % en France et 5 % en Belgique et aux Pays-Bas. Cette dernière décennie, le développement de la consommation de vêtements en lin s’est fortement développé. L’Europe était le marché traditionnel du lin textile mais, au début des années 2000, les Américains se sont entichés suffisamment de fibres pour répondre à la demande », explique Laurent Cazenave.

Malgré tout, le marché du lin reste une niche : il constitue 0,4 % de la production de fibres textiles. Est-ce le secret de son cycle vertueux ?

Emilie Morin

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