Qui sont les légumes « hybrides F1 » de mon jardin ?

Porteuses d’un nom barbare et assimilés à tort aux OGM, les « variétés hybrides F1 » suscitent de nombreux malentendus. Semencemag fait le point sur ces fruits et légumes bien implantés dans nos potagers…

Cueillette de légumes au potager © Gnis-Yves Lanceau

Quel lien entre hybrides F1 et OGM ?

Aucun ! Une plante génétiquement modifiée (OGM) est une plante dont le matériel génétique a été modifié par l’homme dans le but de lui conférer une ou plusieurs caractéristiques nouvelles. C’est-à-dire que l'homme y a introduit des gènes provenant d'un autre organisme. L'hybridation est une technique de sélection plus ancienne…. Elle permet de croiser deux plantes, appelées « parents ». Ces parents appartiennent soit à la même espèce, soit à des espèces différentes pouvant se féconder entre elles et donner des graines. 

Les deux parents d'un hybride F1 sont toujours soigneusement choisis pour des caractères bien précis. Chaque parent appartient ainsi à une lignée remarquable par certaines de ses qualités. L’objectif est de marier les caractères complémentaires et intéressants des deux lignées. Par exemple, rendement et précocité pour la première, qualité gustative et résistance aux maladies pour la seconde.

Les variétés hybrides F1 constituent la première génération de croisement des deux lignées. La variété nouvellement créée présentera des qualités supérieures à celles de chacun de ses parents. On parle d'effet d'hétérosis.

Des fruits et légumes plus vigoureux

Quels sont les atouts de ces nouvelles variétés ? Une vigueur accrue d’abord, mais pas uniquement. Les qualités gustatives de ces plantes réservent d’autres agréables surprises : melons à la chair juteuse, fondante et sucrée, carottes au cœur tendre, concombres sans pépin et sans amertume...

Par ailleurs, l’homogénéité des plantes facilite la culture du potager. Les résistances aux maladies évitent des traitements. Par ailleurs, certains légumes verts comme la tomate n’ont plus besoin de taille, et les laitues ne montent plus aussi rapidement à graine.

Une question de génération

Les semences de variétés hybrides F1 engendrent des plantes toutes identiques entre elles. Cette homogénéité concerne les aspects physiques : taille, goût, forme, couleur des fleurs, etc. Elle se retrouve aussi dans le comportement des plantes : précocité, résistance aux maladies, aptitude à la conservation…

L’homogénéité se traduit aussi par des récoltes groupées, ce qui est perçu par certains jardiniers comme un inconvénient. Pour obtenir des récoltes échelonnées, une solution consiste à semer un sachet de graines en plusieurs fois, toutes les deux ou trois semaines par exemple.

Contrairement aux idées reçues, les hybrides F1 ne sont pas stériles. Simplement, il n’y a pas d’intérêt à semer les graines obtenues à partir d’une variété hybride. Pourquoi ? Parce que les plantes qui se développent à partir des semences de variétés hybrides sont différentes de la variété hybride. Les plantes obtenues ne sont plus du tout homogènes : certains caractères des parents de départ réapparaissent au hasard. De plus, elles perdent de leur vigueur. 

L’hybridation, un mécanisme naturel

Dans la nature, les plantes de la même espèce ou d’espèces différentes peuvent s’hybrider spontanément. Ce sont les mutations spontanées et les croisements accidentels entre espèces différentes, qui sont à l’origine de la richesse actuelle de la biodiversité ─ biodiversité dont on craint une diminution rapide à cause du réchauffement climatique et de la destruction des habitats naturels.

Prêtre, jardinier et professeur de sciences naturelles autrichien, Mendel a découvert dans le potager du couvent de Brno les lois de l’hérédité.

En travaillant sur des petits pois, il est le premier à mettre en évidence qu’après le croisement de pois jaunes et de pois verts, on obtient en première génération des plantes toutes semblables entre elles et semblables à l’un des parents pour la couleur jaune, ce caractère étant dominant par rapport à la couleur verte.

Il croise ensuite entre elles les plantes à pois jaunes issues de ce premier croisement. Il obtient alors en deuxième génération trois plantes à pois jaunes pour une à pois verts, faisant ainsi réapparaître le caractère de l’un des parents qui en fait était toujours présent.

C’est grâce à la connaissance de ces lois de l’hérédité puis la mise en évidence de l’effet d’hétérosis en 1914 par le scientifique Georges Harrison Shull, que l’on a pu développer les règles et les méthodes de la sélection moderne.

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