Consommer plus de protéines végétales, d'accord, mais où sont-elles produites ?

Nul doute, le rééquilibrage vers une alimentation plus riche en protéines végétales est bon pour la santé et la planète, mais on n’en produit pas assez en France. Les agriculteurs sont-ils capables de répondre à la demande, en quantité et en qualité ? 

Champ de quinoa @ Berry Graines

Les Français redécouvrent les plantes riches en protéines

L’offre des plantes riches en protéines (comme les lentilles, les haricots, les pois, les fèves…) s’est diversifiée, avec des légumes secs à la préparation et à la cuisson plus rapides, et avec des « pseudo » céréales (comme le quinoa, le sarrasin…) qui viennent colorer nos assiettes. Ces plantes sont proposées en sachets, mais de plus en plus en vrac, pour réduire les emballages plastiques. Cela garantit -il pour autant des produits de qualité ? Ces graines sont-elles « made in France » ou importées de l’autre bout de la planète ? Si l’on regarde la carte des cultures françaises, force est de constater que les légumes secs, les pseudo céréales et autres légumineuses à usage alimentaire humain ne représentent que 2% des assolements des grandes cultures. C’est souvent à travers le « bio » que les agriculteurs franchissent le pas, avec l’assurance de débouchés plus lucratifs. 

Le changement des habitudes alimentaires suivi par des agriculteurs innovants

Même si la France est loin d’être autosuffisante en plantes riches en protéines (70% des légumes secs que nous consommons sont importés, notamment d’Argentine, du Canada, de la Turquie ou de Chine), des agriculteurs se lancent sur ce marché en proposant du « made in France ».
C’est le cas de Berry Graines, une ferme-entreprise gérée par un jeune couple, qui cultive, trie, stocke et commercialise des légumes secs et des pseudo-céréales. A deux, ils ont mis en place une dynamique basée sur un partenariat étroit avec des agriculteurs-voisins dans une démarche d’amélioration continue des productions qu’ils vendent essentiellement en vrac. Ils ont débuté avec 5 ha expérimentaux en 2015 sur la ferme familiale. En 2019, Berry Graines compte plus de 30 agriculteurs partenaires et presque 500 ha de quinoa récoltés. Leur ambition est de valoriser au maximum le « made in France », en production conventionnelle ou biologique, avec un label « haute valeur environnementale, HVE ».

La production française a parfois du mal à trouver sa place sur les rayons

Avec des coûts de production plus élevés que ceux des graines importées, l’accès aux rayons demeure compliqué. Difficile pour de petits producteurs d’être référencés en grandes surfaces car quelques spécialistes internationaux du vrac monopolisent le marché. Or, l’étiquetage sur l’épicerie sèche peut être très flou sur les origines. Ainsi, on peut trouver des graines étiquetées par pays, mais aussi des graines « UE » et « non UE » …sans autres précisions.  Pour Marion et Damien, les créateurs de Berry Graines, la pédagogie sur les modes de production HVE et la communication sur le « made in France » sont très importants et font défaut dans les Plans de relance de cultures des plantes protéiques.

Travail de R&D sur les semences

Les deux entrepreneurs ont aussi constaté un manque de diversité de variétés disponibles sur le marché. Ils ont choisi néanmoins de racheter leurs semences chaque année, et espèrent ainsi progresser avec des semenciers pour participer plus étroitement à l’amélioration des semences, notamment pour lutter contre les maladies (exemple des pucerons cette année), et gagner en rusticité et en résistance à la sécheresse de printemps qui affecte les rendements.

Soutenir la filière France

Beaucoup d’agriculteurs français se lancent dans la culture de légumineuses, mais peu pour l’alimentation humaine. Il est clair que l’autosuffisance n’est pas pour demain, mais de nombreuses démarches en bio ou sous labels (HVE, AOP…) ont permis aux agriculteurs de monter en gamme. Aux consommateurs de reconnaître et de privilégier les filières françaises !


Marie Rigouzzo
 

La France, malgré plusieurs plans « protéines », demeure structurellement dépendante d’importations de plantes riches en protéines, car elle n’en produit pas assez . Dans le cadre du plan de relance post Covid, le Ministre de l’agriculture a présenté, le 1er décembre 2020, un plan spécifique  dont l’ambition est de doubler, d’ici à 2030, la surface agricole consacrée aux plantes riches en protéines. 8% des surfaces devraient être alors dédiées aux légumineuses (soja, pois, féverole, trèfle, lentilles, haricots, petits pois…)  et aux oléagineux (colza, tournesol, lin…). Parmi les 100 millions d’euros prévus, 20 millions seront investis dans la recherche pour augmenter les teneurs en protéines des plantes, mais aussi dans la régularité des rendements et l’adaptation des cultures aux différents terroirs. 
L’ambition est de motiver les agriculteurs sur ces nouveaux marchés qui pourraient réduire la dépendance au soja en alimentation animale et satisfaire les nouvelles demandes des consommateurs-citoyens adeptes d’une alimentation plus verte et plus locale.

LG
MD
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