La patiente démocratisation des gazons
Les premiers gazons remonteraient au haut Moyen Âge ! Ils étaient présents dans les allées, les potagers, les vergers des châteaux et des monastères. Les prairies rases au pied des châteaux forts obligeaient l’ennemi à avancer à découvert. Plus tard, au XVIIIe siècle, on se met à semer du gazon. Celui-ci commence à entourer les maisons bourgeoises, prend une fonction strictement esthétique, devient un lieu de détente. Un premier marché de semences commence à se développer. Au XIXe siècle, les pelouses poursuivent leur mouvement de démocratisation, ne sont plus l’apanage des seuls bourgeois, se répandent dans les villes, dans les jardins particuliers.
En 1832, la première tondeuse mécanique est inventée. La fabrication en masse des tondeuses va permettre à chacun d’avoir et d’entretenir son propre gazon. À partir de cette date, la demande se développe largement. Autre date importante : en 1972, le Catalogue officiel français des espèces et des variétés spécifiques au gazon est lancé. Depuis cette ouverture, une diversité de 14 espèces et d’environ 500 variétés y sont recensés.
Une prairie comme les autres ?
Contrairement à ce qu’on peut penser, il est en réalité constitué de nombreuses espèces et variétés. Le but des mélanges est de cumuler les caractères intéressants de chaque variété, et de limiter leurs faiblesses, afin de pouvoir proposer des carrés de verdure adaptés à toutes les utilisations. Les graminées utilisées pour les gazons étaient à l’origine plus adaptées à l’alimentation animale (graminées fourragères) mais un lent travail de sélection a permis au fil des siècles de les adapter à de nombreux usages : ornement, loisirs et détente, terrains de sport, etc. Une quinzaine d’années est nécessaire pour mettre au point une nouvelle variété de gazon !
Qu’y a-t-il dans les mélanges ?
Le Ray-Grass anglais est la graminée de base des gazons et résiste bien au piétinement : des progrès ont été faits en termes de finesse du feuillage et de densité. Elle nécessite toutefois une importante fertilisation. Les fétuques élevées sont bien adaptées à la sécheresse et les travaux de sélection ont permis de corriger leur feuillage trop large. Les fétuques rouges sont également très répandues dans les mélanges pour gazon. Leur avantage est avant tout esthétique : elles forment un joli tapis, présentent des feuilles fines et une belle couleur ! ». Le pâturin des près est une autre espèce, assez résistante, mais à l’implantation lente et nécessitant une importante fertilisation.
Des gazons adaptés à leurs utilisations
Les gazons sont de plus en plus cultivés, en particulier dans les lieux publics, avec peu d’intrants (eau, fertilisation, pesticides) et une faible fréquence de coupe. Cela correspond à une gestion plus durable des espaces verts, dite « gestion différenciée ». Par exemple, l’introduction dans un mélange d’une légumineuse comme le trèfle blanc apporte de l’azote aux graminées associées. De même, plus les mélanges sont denses, moins les adventices (mauvaises herbes) ne s’installent.
Le travail des semenciers est de puiser dans la biodiversité naturelle pour proposer des gazons répondant à de nombreuses demandes. Ils doivent être esthétiques, résistants au piétinement, à la sécheresse et aux agressions. On les préfère avec une croissance lente pour limiter les tontes, et assez denses pour éviter l’envahissement des mauvaises herbes.
Le gazon, c’est un écosystème vivant ! Il faut le renouveler et l’entretenir. Il ne sera beau que si les semences sont adaptées au terrain et à son usage !