Le tournesol se tourne... vers le futur

Hausse des températures, sécheresse, nouvelles maladies, augmentation de la population..; l’agriculture doit anticiper les défis du long terme en concevant de nouvelles variétés. Les plantes du futur devront rassembler en elles de nombreuses aptitudes comme de résister aux parasites, aux maladies mais aussi à la soif. La réponse est dans la sélection multicritères.

Utiliser la diversité naturelle pour améliorer les tournesols

Une des clés de l’amélioration d’Helianthus annuus, le tournesol cultivé, est contenue dans les tournesols sauvages ou leurs proches cousins. Les sélectionneurs effectuent leurs recherches dans la multitude de leurs gènes. Des chercheurs font des voyages dans des pays exotiques pour y récolter des genres de tournesols sauvages encore inconnus. Le genre Helianthus comprend quelques 51 espèces mais le tournesol peut aussi se croiser avec 49 autres espèces proches génétiquement ! La qualité de l’huile, la tolérance à des conditions climatiques extrêmes (le tournesol survit bien aux stress hydriques) ou la résistance au mildiou (fléau désormais maîtrisé pour les tournesols), sont des caractéristiques qui ont toutes été découvertes parmi cette diversité génétique. Ainsi l'on a mis au point des variétés dont la teneur en huile est de 50%, presque deux fois plus qu’il y a 40 ans !

Des huiles alicaments

La transformation en huile est le principal devenir des graines du tournesol. Huiles de cuisine pour l’alimentation, ou huiles destinées aux industries avec les huiles solides… Les huiles de demain pourraient investir le domaine de l’alimentation-santé, car dans l’huile du tournesol, l’équilibre entre ses acides gras lui confère de très bonnes propriétés diététiques. Elle contient aussi un stérol connu pour ses vertus anti-cancéreuses. Les sélectionneurs veulent réunir ces deux atouts dans un produit au rendement avantageux. Côté agro-carburants, avec son acide oléique, le tournesol répond aux normes de combustion. Il y a là un gisement pour de nouveaux débouchés. Restent à déterminer les bons objectifs de sélection pour proposer des variétés qui seront adoptées par les industriels. Oui, le tournesol est vraiment une plante tournée vers le futur.
Il faut parfois aller chercher un gène d'intérêt, et un seul, dans un spécimen sauvage. Les scientifiques le croisent avec un spécimen cultivé, puis la descendance est recroisée avec le parent sauvage jusqu’à ce que le caractère souhaité soit récupéré et intégré dans la nouvelle variété. Tel est le cas du gène de nanisme, intéressant pour créer des tournesols plus faciles à récolter, car moins hauts.
Il existe des tournesols qui produisent beaucoup de nectar, plus que la moyenne. Ces variétés sont prisées en Inde et en Amérique du Sud, où il y a peu d’insectes pollinisateurs : le manque est compensé en augmentant la fabrication de nectar. Le revers est que cette mobilisation d’énergie pour ces variétés de tournesol les rend plus sensibles aux maladies.
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