La « lecture » du génome du tournesol : une première mondiale
Commencé partiellement en 2008 et terminé en 2016, le séquençage du tournesol n’a pas été facile. En effet, son génome est 20 % plus grand que le génome humain. Mais surtout, 80 % de l’ADN est composé de parties quasi identiques. Il était difficile pour les chercheurs de reconstituer le « puzzle » du génome avec des séquences trop petites et trop semblables. Quand, en 2015, du matériel permettant de séquencer des zones plus grandes et donc différentes, a été disponible, le projet Sunrise a été le premier à l’utiliser en Europe pour aboutir à la lecture complète des gènes du tournesol.
« Le séquençage a produit des informations très importantes pour toutes les problématiques du tournesol, indique Nicolas Langlade. Nous pouvons reconstituer toutes les voies métaboliques des acides gras et celles des vitamines. L’identification des gènes va favoriser l’amélioration du tournesol. ». Thierry André ajoute : « Le séquençage permet d’établir la carte génétique du tournesol. Celle-ci va nous permettre de travailler plus précisément et plus rapidement sur des gènes ou des groupes de gènes portant sur la résistance aux maladies, la tolérance à la sécheresse ou la qualité organoleptique des graines. ».
Des gains santé en perspective
Les chercheurs projettent ainsi de pouvoir proposer dans quelques années de nouvelles variétés de tournesol, meilleures pour la santé, valorisées en cosmétique ou en chimie verte, et encore plus écologiques.
Sur le plan des bénéfices santé, plusieurs pistes sont actuellement étudiées. Le tournesol est naturellement riche en oméga 6, et contient peu d’oméga 3, mais de nouvelles variétés sont en cours de développement pour obtenir des ratios oméga 3/oméga 6 plus favorables. Par ailleurs, l’huile de tournesol est riche en vitamine E, qui protège les membranes cellulaires. Les gènes concernés ont été identifiés... Tout l’objectif sera de conserver les fortes teneurs en vitamine dans le produit final. Une autre piste de recherche intéressante pour le consommateur est l’augmentation de la teneur en phytostérols – présents dans la graine de tournesol – qui protègent contre les maladies cardiovasculaires.
Enfin, des variétés de tournesol sont aussi sélectionnées pour leur forte teneur en acide stéarique. Celui-ci permet d’obtenir une huile figée à température ambiante très utile en agroalimentaire (mayonnaise, margarine, pâte à tartiner). Contrairement à d’autres acides gras saturés, l’acide stéarique n’augmente pas les taux de cholestérol dans le sang, causes majeures des maladies cardiovasculaires.
Marie Rigouzzo