Un repère pour les consommateurs
La marque « Pelouse Eco Durable » est l’aboutissement d’un travail commun mené au sein de l’association Progazon depuis deux ans. Tout est né du constat que les gazons participent au respect et à la qualité de l’environnement et du cadre de vie. Avec l’essor des préoccupations environnementales, la demande des consommateurs, que ce soit les particuliers ou les collectivités, s’est accrue en faveur de solutions plus respectueuses de l’environnement.
« Pour éviter que ces produits à connotation environnementale ne se développent de façon sauvage, sans garantie aucune, les membres de Progazon ont estimé nécessaire de mettre en place des règles du jeu bien définies, pour que le consommateur s’y retrouve, retrace Nicolas Van Hanja. C’est donc la volonté commune des semenciers d’éviter l’anarchie qui nous a amenés à nous discipliner.»
Sur la base de l’expérience
Pour prétendre à cette marque, le mélange de
semences qui constitue la future pelouse doit donc montrer patte blanche. Un règlement technique très précis a été mis en place, avec un cahier des charges qui explicite les obligations tant en termes de contenu que de mentions sur l’emballage. Les trois critères principaux visent la réduction des apports en eau, en engrais et des déchets de tonte.
A l’heure actuelle, ces réductions n’ont pas été chiffrées quantitativement.
« On s’y attachera si besoin, précise le président de Progazon. Nous avons d’ores et déjà mis en place un réseau d’essais sur toute la France, pour suivre qualitativement le comportement des compositions de 2011 à 2014. Nous allons examiner le degré de salissement, la survenue de maladies, la vigueur de la croissance, etc... ». En revanche, elles s’appuient sur les données issues de l’expérience des
sélectionneurs à propos des
espèces et des compositions, ainsi que du
Catalogue Officiel élaboré par le Comité technique permanent de la sélection (CTPS) pour la partie variétale. Chaque espèce a ainsi été classée selon les trois critères (eau, intrants, tonte), sur une échelle allant de 1 à 9. A la clé : la mise en place des compositions les plus adaptées possibles, reposant sur une proportion donnée d’espèces et de
variétés sélectionnées.
De nouvelles espèces dans le gazon
Progazon a donc établi et publié sur son site Internet une liste qui précise les
espèces et les
variétés seules aptes à être mises en œuvre.
« Le Catalogue officiel des variétés est tellement vaste que les clients peuvent s’y perdre. Nous avons donc restreint les variétés existantes, pour ne citer que les plus performantes à nos yeux. Seuls les mélanges utilisant les variétés de cette liste « recommandée » pourront bénéficier de la marque « Pelouse Eco Durable ».
En outre, cette démarche va permettre l’introduction de nouvelles espèces jusque là non utilisées pour le gazon. C’est par exemple le cas du Dactyle gazonnant, dont une variété à été inscrite en 2010 pour la première fois au Catalogue officiel français gazon. Une espèce qui s’avère très bien adaptée aux conditions extensives et qui témoigne d’une grande
résistance à la sécheresse.
« Ces nouvelles espèces présenteront de grands avantages pour l’écologie. Elles permettront d’intégrer des considérations environnementales dans les caractéristiques des variétés inscrites par le CTPS au Catalogue officiel français », se réjouit Nicolas Van Hanja.
Quel intérêt pour les collectivités ?
Ces nouveaux mélanges seront-ils adoptés ? Probablement que oui. Car, d’une part, leurs caractéristiques répondent à une prise de conscience écologique et, d’autre part, les collectivités sont obligées de respecter des normes strictes, imposées par le Grenelle de l’environnement ou le plan Ecophyto 2018.
«Nos variétés sont sélectionnées pour leur résistance aux maladies, ce qui permet d’éviter de les traiter. En outre, les mélanges nécessitent moins d’engrais. Mais l’élément le plus important pour les collectivités concerne sans doute la tonte. En effet, moins de tonte implique moins d’énergie et de main d’œuvre pour l’entretien : les économies seront immédiates.»
Question finances, le prix d’achat des produits de la marque « Pelouse Eco Durable » pourrait s’avérer légèrement supérieur à celui des mélanges actuellement disponibles.
« Les espèces et les variétés concernées ont demandé un réel investissement en termes de recherche et développement, ainsi que des coûts de production parfois supérieurs. Néanmoins, les produits de la marque « Pelouse Eco Durable » vont probablement présenter une large gamme de compositions, ce qui va permettre d’échelonner les prix », précise Nicolas Van Hanja, qui rappelle à ce propos que ces produits devraient durer plus longtemps que les mélanges actuels sous des conditions difficiles.
Une cinquantaine de compositions
Une cinquantaine de compositions ont bénéficié du logo « Pelouse Eco Durable » en 2012. Un nombre qui pourrait augmenter, si le succès commercial est au rendez-vous.
En effet, de multiples mélanges pourront être proposés dans les années à venir. Car les réponses qui permettent de conjuguer les trois critères de cette nouvelle marque (économie d’eau, fertilisation modérée, réduction des déchets de tonte) aux trois usages actuellement considérés (standard, terrain sec et sport) sont nombreuses :
« Pour ne citer qu’un exemple de composition, pour un terrain sec nécessitant une fertilisation modérée, on va éviter le ray gras anglais (le composant majeur de nombreux mélanges actuels), au profit d’une association de fétuque rouge fine, de fétuque ovine très résistante à la sécheresse et au manque d’engrais, de fétuque élevée qui supporte les mêmes contraintes, ainsi que de nouvelles espèces comme la Koelerie et le Dactyle gazonnant . Les proportions de chaque espèce, tout comme les variétés utilisées, peuvent varier, mais dans une certaine fourchette prédéfinie», développe le président de Progazon.
Une marque destinée à évoluer
D’ores et déjà, Progazon espère aller plus loin dans sa démarche.
« Cette marque repose sur un règlement technique interne à Progazon, rappelle son président.
D’ici quelques années, nous voudrions mettre en place un « Label vert », qui se distinguerait par un cahier des charges plus strict et une évaluation externe de la qualité des produits. Certains aspects pourraient être également davantage approfondis, comme le calcul du bilan carbone ou d’autres aspects « développement durable » de la filière semences. Nous pourrions également adhérer à une certification existante reconnue au niveau français ou européen. »