Le gazon pour s’épargner du désherbage
Avec l’interdiction d’utiliser des produits phytosanitaires de synthèse à partir de 2019, si vous êtes un jardinier particulier vous ne pourrez plus traiter vos pelouses, ni vos allées. Bien que cela concerne peu les pelouses installées, il restera les allées en terre à désherber : comment faire ? « Plutôt que de désherber mécaniquement ou manuellement, ou laisser se développer une flore sauvage, une bonne idée est d’engazonner préventivement les endroits où on risque de se trouver démuni contre l’envahissement par des herbes indésirables, préconise Jean-Marc Lecourt, président de la Société française des gazons. Si le sol est bien préparé et sa surface bien plane, avec des variétés ayant la capacité cruciale de s’implanter rapidement l’engazonnement augmente la portance du sol et peut convenir à des allées. », poursuit-il.
C’est une solution efficace à condition de réussir l’implantation : bien préparer le sol mais surtout choisir des variétés qui auront été sélectionnées pour leur vitesse de croissance au démarrage afin d’occuper le sol avant les autres plantes, pour leur densité et leur résistance aux maladies. Cela existe !
Pas de belles pelouses sans variétés adéquates
Les variétés à gazon de qualité sont toutes inscrites sur les listes du Catalogue officiel des espèces et des variétés, catalogue qui garantit leur authenticité. Leurs différentes aptitudes sont notées par un organisme officiel indépendant : le Geves (Groupe d’étude et de contrôle des variétés et des semences).
Chaque variété inscrite est l’aboutissement de 15 années de recherche ! « Les variétés sont de plus en plus sélectionnées pour des usages spécifiques, explique Jean-Marc Lecourt. On n’attend pas la même chose des plantes dans les pelouses décoratives, les terrains de détente publics ou les terrains de sport. Dans le commerce vous trouvez des associations d’espèces étudiées pour des usages infiniment variés. ». Il existe des labels de qualité correspondant aux divers usages.
Tant de différences insoupçonnées entre variétés
Voulez-vous semer une pelouse où vous jouerez au foot ? « Certaines variétés ont réellement la capacité de mieux résister au piétinement ou à l’arrachement, critère primordial pour les terrains de sport », constate Vincent Gensollen, responsable du réseau d’essais d’inscription des variétés à gazon du Geves. De la même manière, la densité du feuillage et l’intensité du vert du gazon varient selon les variétés. Autre critère clé : le temps de repousse. Des variétés sont, en effet, sélectionnées pour leur pousse très lente. Il devient alors possible de ne plus tondre, par exemple, que 2 à 3 fois par an dans des terrains communaux tels que les cimetières où l’on cherche précisément à limiter l’entretien. « Depuis deux ans, le critère de la pousse de l’herbe, déterminant pour le nombre de tontes, est noté dans les essais d’inscription, précise Vincent Gensollen. On a mesuré qu’entre les anciennes et les nouvelles variétés de de ray-grass anglais et de fétuque élevée, principales espèces du gazon, le volume de déchets de tonte a été divisé par deux ! ».
Même si l’on sème des associations d’espèces, leurs composants doivent être tous de qualité. « On ne fait pas de bons mélanges avec de mauvais constituants, constate notre spécialiste. Nous étudions donc les variétés et non les associations car nous ne pouvons pas tester les innombrables cas de figure, mais nos notations renseignent bien sur la qualité des composants. ». Face à la disparition des produits phytosanitaires, il devient encore plus primordial de choisir des variétés de gazon de haute qualité. Concernant l’achat de semences, Vincent Gensollen explique : « Un gazon bas de gamme sera clairsemé et sensible aux maladies : cela s’explique par l’existence d’un antagonisme entre le développement du système végétatif de la plante et celui des parties reproductrices, les semences. Une variété bonne pour le gazon est donc souvent mauvaise grainière, et le prix des semences s’en ressent. ».
Isabelle Ferrière