La variété doit être compétitive pour l’agriculteur
Premier maillon de la filière, l’agriculteur attend d’une nouvelle variété qu’elle soit plus compétitive que celles qu’il utilise habituellement. Son rendement, sa teneur en protéines, son poids spécifique, son taux de grains supérieurs à 2,5mm, sa résistance aux maladies doivent la placer en meilleure position que les variétés de référence. “Mais il faut avant tout que la culture de l’orge apporte un intérêt stratégique sur la ferme.” Par rapport à un blé d’hiver, l’orge de printemps permet ainsi de rompre le cycle des maladies et des adventices. Elle présente aussi l’avantage de consommer moins d’azote et de produits de protection des cultures. Un autre critère de sélection de l’orge est la résilience face aux bio agresseurs et aux stress climatiques. Le sélectionneur teste des collections de matériel génétique, des variétés de pays et des espèces sauvages apparentées pour identifier des résistances ou des caractères d’intérêt. “Nous exploitons la diversité pour répondre aux problématiques futures et construisons des génotypes adaptés aux différents scénarios climatiques et environnementaux.”
Moins d’empreinte énergétique
Le sélectionneur d’orge brassicole doit aussi prendre en compte les besoins des malteurs et des brasseurs. “Un bon potentiel en malterie se traduit par une aptitude à produire de l’amidon et des enzymes en quantité et en qualité pour dégrader les sucres.” On attend d’une nouvelle variété une désagrégation correcte du grain lors du maltage et un bon rendement au maltage et au brassage. Elle ne doit pas présenter de défaut technologique comme un faux goût ou une trop longue durée de filtration. Le comportement de la variété en malterie et brasserie est donc un critère essentiel mais le challenge pour le sélectionneur est de réduire l’empreinte énergétique à la transformation. “Nous cherchons à baisser le taux d’humidité nécessaire à la germination des grains afin de diminuer le temps de séchage, l’objectif étant d’utiliser moins d’énergie pour sécher.”
Si une nouvelle variété passe les épreuves de l’inscription au catalogue officiel et qu’elle satisfait les exigences technologiques des malteurs et des brasseurs, elle peut figurer sur la fameuse "liste des variétés préférées par les malteurs et brasseurs de France” et aura plus de chance d’être adoptée par la profession.
Sabine Huet