L'orge de brasserie, côté champ

Après l’eau, le malt d’orge est le principal ingrédient qui entre dans la fabrication de la bière. En effet, en germant puis en séchant, l’orge dévoile tous ses arômes ; précieux arômes qui jouent un rôle primordial dans la qualité et la saveur de la bière. Pour les sélectionneurs, le défi est de créer des variétés répondant aux attentes des agriculteurs, des malteurs et des brasseurs. Objectif : de nouvelles variétés compétitives qui intègrent les nombreuses exigences de tous ces acteurs.

Champ d'essai d'orge. Pour être retenue par la profession, une variété doit être supérieure aux variétés utilisées en termes de rendement et de qualité technologique © Sabine Huet

Une nouvelle variété d’orge de brasserie doit afficher des performances agronomiques, qualitatives et technologiques toujours supérieures, d’où l’importance du travail des sélectionneurs. Leur tâche est complexe car les critères d’amélioration sont nombreux et spécifiques à chaque métier, de l’agriculteur au brasseur en passant par le collecteur et le malteur. "Nous devons répondre aux attentes du moment et anticiper les problématiques à venir”, explique Dominique Vequaud, responsable de la sélection des orges de printemps chez le semencier Secobra Recherches, un des leader du marché.

La variété doit être compétitive pour l’agriculteur

Premier maillon de la filière, l’agriculteur attend d’une nouvelle variété qu’elle soit plus compétitive que celles qu’il utilise habituellement. Son rendement, sa teneur en protéines, son poids spécifique, son taux de grains supérieurs à 2,5mm, sa résistance aux maladies doivent la placer en meilleure position que les variétés de référence. “Mais il faut avant tout que la culture de l’orge apporte un intérêt stratégique sur la ferme.” Par rapport à un blé d’hiver, l’orge de printemps permet ainsi de rompre le cycle des maladies et des adventices. Elle présente aussi l’avantage de consommer moins d’azote et de produits de protection des cultures. Un autre critère de sélection de l’orge est la résilience face aux bio agresseurs et aux stress climatiques. Le sélectionneur teste des collections de matériel génétique, des variétés de pays et des espèces sauvages apparentées pour identifier des résistances ou des caractères d’intérêt. “Nous exploitons la diversité pour répondre aux problématiques futures et construisons des génotypes adaptés aux différents scénarios climatiques et environnementaux.”

Moins d’empreinte énergétique

Le sélectionneur d’orge brassicole doit aussi prendre en compte les besoins des malteurs et des brasseurs. “Un bon potentiel en malterie se traduit par une aptitude à produire de l’amidon et des enzymes en quantité et en qualité pour dégrader les sucres.” On attend d’une nouvelle variété une désagrégation correcte du grain lors du maltage et un bon rendement au maltage et au brassage. Elle ne doit pas présenter de défaut technologique comme un faux goût ou une trop longue durée de filtration. Le comportement de la variété en malterie et brasserie est donc un critère essentiel mais le challenge pour le sélectionneur est de réduire l’empreinte énergétique à la transformation. “Nous cherchons à baisser le taux d’humidité nécessaire à la germination des grains afin de diminuer le temps de séchage, l’objectif étant d’utiliser moins d’énergie pour sécher.”

Si une nouvelle variété passe les épreuves de l’inscription au catalogue officiel et qu’elle satisfait les exigences technologiques des malteurs et des brasseurs, elle peut figurer sur la fameuse "liste des variétés préférées par les malteurs et brasseurs de France” et aura plus de chance d’être adoptée par la profession.

Sabine Huet

Chez Secobra, sélectionneur d’orge brassicole, un des axes de sélection prioritaires est la diminution de l’empreinte carbone de la culture. L’idée est de produire autant, voire plus, en utilisant moins d’intrants, notamment l’azote qui représente 80% de l’empreinte carbone. “Nous travaillons sur l’alioration de lefficience de la nutrition azotée et sur l’architecture de la plante pour réduire l’indice de récolte”, confie Dominique Vequaud. Une plante plus petite produisant moins de biomasse mais autant de grains consommera moins d’azote. Autre piste, permettre le maltage d’une orge à plus faible taux de protéines. En clair, pouvoir malter une orge dont le taux de protéines est inférieur à la norme de 9,5%.

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