En agronomie, les sélectionneurs peuvent utiliser cette technique pour modifier le génome des plantes, afin de les rendre tolérantes à une maladie ou résistantes à un ravageur, l’objectif étant d’éviter de recourir aux produits phytosanitaires. Des recherches sont aussi menées pour anticiper les réactions des plantes aux conditions environnementales liées au changement climatique, ou pour améliorer la qualité nutritionnelle des grains et des fruits récoltés.
Point important, cette méthode de sélection permet de modifier une plante sans introduire d’ADN étranger dans le génome. Selon le gène ciblé et la mutation souhaitée, les changements peuvent ressembler à ce qui aurait pu survenir naturellement.
Pour illustrer les bienfaits de cette technique, on prend souvent l’exemple de la vigne. Le champignon du mildiou est son ennemi le plus redoutable, surtout en années pluvieuses. Cela oblige le viticulteur à épandre de grandes quantités de produits phytosanitaires. En production biologique, il n’est pas rare de faire 10 à 15 passages de sulfate de cuivre ! Des variétés mutées pourraient permettre d’éviter ces traitements.
Autre exemple, le blé tendre, une des premières espèces de céréales cultivées dans le monde avec le riz et le maïs. Du fait de son génome complexe, la sélection de cette céréale est longue et compliquée. L’utilisation des NBT permettrait de raccourcir les délais et d’offrir de belles perspectives d’amélioration (voir encadré).
Depuis leur découverte, les techniques d'édition génomique ont pris une bonne place dans les laboratoires et les parcelles de recherche en Chine, aux USA, au Canada... Pas en France, ni en Europe, car la réglementation européenne (qui date de 2001) considère qu'elles sont assimilées aux OGM, donc elles y sont interdites. Cependant, le comité de scientifiques de la Commission européenne s'est exprimé sur ce point. Il considère que c'est la variété qui doit être évaluée pour les services qu'elle apporte, et non la technique dont elle est issue. Bref, un sujet complexe.
Laure Gry