Des plantes à fleurs dans nos moteurs

Au printemps et en été, le paysage de nos campagnes s’éclaire de grandes taches jaunes. Il s’agit très souvent de colza et de tournesol. Ces deux plantes ont bien entendu des utilisations alimentaires, sous forme d'huiles pour les humains et de tourteaux pour les animaux. Les huiles issues de ces cultures ont également des propriétés combustibles, connues depuis des siècles. Si aujourd'hui, l'électricité a remplacé les lampes à huile, les huiles végétales vont-elles prendre la place des carburants issus du pétrole ?

Biocarburants : la voie diester

Aujourd’hui, les biocarburants offrent de nouvelles perspectives quant à l'utilisation des végétaux comme source d'énergie. Les plantes oléagineuses, comme le colza et le tournesol, permettent de produire du diester. Incorporé au gazole, ce diester peut être utilisé comme carburant. Un hectare de colza fournit en moyenne 3,5 tonnes de graines de colza soit 2 tonnes de tourteaux et 1,5 tonne d’huile. Dans les usines, une tonne d’huile et 100 kg d’alcool permettent de produire une tonne de diester. Aujourd'hui, 1 français sur 2 roule au diester sans le savoir car celui-ci est déjà incorporé dans le gazole. En 2010 cette incorporation devrait atteindre 7%, et jusqu'à 10% en 2015.

En France aujourd'hui

En 2005, selon PROLEA*, 60.000 agriculteurs cultivaient en France du tournesol et du colza pour la fabrication du diester. Au total, 350.000 hectares étaient déjà concernés. Les surfaces de colza augmentent rapidement. Suite au protocole de Kyoto et aux directives européennes, le gouvernement a lancé un programme permettant la construction de sites industriels dans différentes régions de France. D'année en année, nos paysages devraient donc encore gagner en couleur. * PROLEA : organisme représentant la filière française des huiles et protéines végétales.
Le diester utilisé en carburant réduit de 20% les émissions de fumées noires et de particules, de 10% le monoxyde de carbone et les composés toxiques (source PROLEA*). L'incorporation du diester peut atteindre 30% dans le gazole des véhicules qui peuvent se ravitailler à une pompe unique en raison d'un éloignement limité : bus, camions poubelles... Un véhicule roulant avec 30% de diester dans son gazole réduit de près de 25% ses émissions de gaz à effet de serre. Une tonne de diester consommée permet d’économiser près de 2,5 tonnes d’équivalent CO2. *PROLEA : la filière française des huiles et protéines végétales.
En 1716, un brevet anglais fut déposé sur l’utilisation des graines de tournesol comme source d’huile. Ce brevet prévoyait le développement de l’utilisation des huiles d’origine végétale pour des applications industrielles non alimentaires. En 1766, Dominique-François de Châteaublanc développa les réverbères en ville. L’huile de colza remplaça progressivement l’huile de tripes. Elle donnait une meilleure flamme, plus blanche, et surtout sentait beaucoup moins fort ! A partir de 1823, les marins profitèrent aussi des progrès dans ce domaine. En effet, le phare de Cordouan, dans l’estuaire de la Gironde, fut équipé d’un appareil lenticulaire et d’une lampe à mèches alimentée par une pompe à l’huile de colza.
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