Le soja français se dote d'une charte

Le soja fait de plus en plus d’émules. Si les porcs et les volailles raffolent de ses tourteaux, les humains apprécient également les atouts nutritionnels de cette graine. Pour répondre à une demande en forte croissance, la filière soja a, en avril 2018, bâti sa propre charte pour produire un soja français, non OGM, durable et tracé. L’objectif : atteindre 250 000 ha en 2025 et valoriser, au travers de cette démarche, une production de qualité.

SEMAE-Paul Dutronc

La culture du soja est récente en France. C'est dans les années 1980 que cette légumineuse a intégré l’assolement des agriculteurs, notamment dans le sud-ouest de la France. Aujourd’hui encore, cette région reste en tête du nombre d’hectares implantés : plus de la moitié des 186 000 ha semés en 2019 à l’échelle nationale. En dix ans, la surface dédiée au soja a été multipliée par quatre. Près de 13 000 producteurs se répartissent les 490 000 tonnes collectées en 2020. Si le soja apprécie les zones sableuses et la chaleur, sa zone de production tend à s’étendre dans les autres zones du territoire, notamment grâce à des génétiques adaptées et performantes.

Se démarquer avec un produit de qualité

Non OGM, le soja français « charté » mise sur la durabilité, la traçabilité et la proximité pour se démarquer. Les garanties de traçabilité et du caractère non OGM seront facilitées par l’utilisation de semences certifiées françaises. Le recours aux graines de ferme reste possible mais, dans ce cas, une analyse PCR pour prouver l’absence d’OGM sera demandée. Les engagements de durabilité reposent quant à eux sur le respect des bonnes pratiques techniques, sanitaires, environnementales et sociales à toutes les étapes de la filière. Enfin, la traçabilité est garantie par de nombreux engagements, et notamment par la ségrégation des lots.

Une charte pour valoriser une production française de qualité

Consciente de cette hausse, la filière soja française s’est structurée autour de la « Charte soja de France ». Ce document est le fruit d’un travail collectif réunissant, autour de l’interprofession des huiles et protéines végétales Terres Univia, les semenciers, les producteurs, les collecteurs, les transformateurs et les industriels. Un vrai engagement de l’ensemble de la filière. Lancée en avril 2018, cette charte vise un objectif ambitieux : atteindre 250 000 ha de soja en 2025, soit une production de près de 650 000 tonnes de graines de soja. En garantissant une alimentation animale non OGM et locale, les acteurs de cette charte souhaitent également répondre à la demande des consommateurs, soucieux de s’approvisionner en soja de qualité.

Réduire les importations

Chaque année, entre 3,3 et 3,5 millions de tonnes de tourteaux, dont 500 000 t non OGM, sont importées pour satisfaire les besoins des filières animales. Ce débouché représente d’ailleurs plus de 80 % des volumes de soja importés : les 20 % restants l’étant pour l’alimentation humaine. L’enjeu de cette charte est bien évidemment de cultiver, en France, cette légumineuse et, ainsi, devenir moins dépendant aux importations. Une solution pour sécuriser la production locale de protéines végétales. D’ailleurs, plusieurs projets d’usines de trituration ont vu le jour ces dernières années, notamment dans le Sud-Ouest, pour accompagner ce déploiement. Car l’enjeu est aussi celui-ci : faire de la charte une marque porteuse de valeur ajoutée pour tous les maillons de cette filière de qualité.

Les atouts du soja au champ...

Pour que la charte se déploie, premier maillon à convaincre, les agriculteurs. Et sur ce point, le soja affiche de nombreux atouts agronomiques et environnementaux. Peu sensible aux maladies et aux ravageurs, il est donc peu gourmand en produits phytosanitaires. Cette légumineuse fixatrice d’azote n’a également que très rarement besoin d’apports d’azote. Elle s’adapte parfaitement à de nombreux assolements, permet un allongement des rotations, tout en participant à une réduction des gaz à effet de serre. Pas de doute, le soja représente un excellent précédent cultural et reste, dans la plupart des régions de production, une culture très rentable.

... et dans l’assiette

La graine de soja est également, de par sa teneur en protéines et sa bonne digestibilité, très appréciée des fabricants d’aliments du bétail, notamment sous forme de tourteaux. L’alimentation humaine fait également les beaux yeux à cette légumineuse. La graine de soja s’avère par exemple deux fois plus riche en protéines que les lentilles. À maturité, la graine de soja est composée de 35 % de protéines, de 18 % de matières grasses, de 12 % d’eau, de minéraux, de cellulose et d’acides aminés. C’est la protéine végétale qui se rapproche le plus de celle de l’œuf, protéine de référence ! Le soja participe à la fabrication de nombreux aliments dits « soy food » : les jus de soja, les crèmes dessert au soja, le tofu, la sauce de soja... autant d’aliments très appréciés des végétariens et des autres régimes alimentaires d’ailleurs. Ses qualités nutritives ne sont plus à démontrer et devraient continuer à stimuler le déploiement du soja à l’échelle nationale.

Carole Loiseau

  • Origine France : la production de graines, la collecte et la fabrication des produits de première transformation doivent être réalisées sur le territoire français.
  • Traçabilité : de la production de la graine jusqu’aux produits de première transformation, la traçabilité doit être totale.
  • Non OGM : la semence utilisée doit être non OGM.
  • Durabilité : de la conduite culturale à la commercialisation des produits, chaque étape doit viser le respect de bonnes pratiques techniques, sanitaires, environnementales et sociales.
     

Chaque année, entre cinq et sept nouvelles variétés de soja font leur entrée dans le catalogue français. L’inscription de variétés précoces et très précoces performantes permet désormais d’envisager la culture de cette légumineuse sur une partie de plus en plus étendue du territoire français. Pour faire son choix, l’agriculteur doit prendre en compte plusieurs critères : la précocité, la teneur en protéines, la productivité, la sensibilité au sclérotinia et la tenue à la verse

  • La production mondiale de soja est dominée par trois pays qui produisent près de 80 % du soja mondial : les États-Unis, le Brésil et l’Argentine.
  • Avec 490 000 tonnes produites en 2020, la France est le deuxième pays producteur de soja de l’Union européenne, après l’Italie (plus d’1 Mt).
  • Un quart de la production française est bio.
     
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