Pour des semences en bonne santé
Pascal Gury, agriculteur bio dans le marais poitevin et président de l'Agence Bio, a adopté la même stratégie : « Avec des
semences certifiées, on est sûr d’être compétitifs, souligne-t-il.
Utiliser des semences de ferme, c’est prendre le risque d’infester ses champs de graines de mauvaises herbes, telle que la folle avoine. Les semences de ferme peuvent également se révéler des vecteurs de propagation de la carie (maladie provoquée par un champignon) au sein de l’exploitation.
Les
semences certifiées qui font l’objet d’analyses sanitaires, offrent en revanche une garantie vis-à-vis du champignon ».
Recrudescence de la carie en France
La carie commune est actuellement en recrudescence en France, particulièrement en agriculture biologique. L’Institut technique de l’agriculture biologique (Itab) y voit deux explications : d’une part l’impossibilité jusqu’à une date récente d’utiliser des
semences biologiques traitées chimiquement, et d’autre part, le fait que les agriculteurs ne connaissent plus la carie et ne prennent pas les précautions qui s’imposent.
Le blé tendre est concerné, mais également à des degrés divers l’épeautre, l’engrain, le blé dur, le triticale.
La résistance variétale, axe de recherche prometteur
En agriculture biologique, même si deux produits peuvent désormais être utilisés en traitement des
semences, c’est l’utilisation des
résistances variétales qui apparaît comme la voie la plus prometteuse pour limiter la propagation de cette maladie.
Des essais conduits par l’Institut du Végétal montrent qu’il existe des
variétés peu sensibles à la carie du blé. Mais le champignon en cause semble avoir de fortes capacités à contourner la résistance variétale. L’expérimentation se poursuit visant à identifier les
gènes de virulence du champignon présents en France, ainsi que les gènes de résistance présents dans les variétés.
Variétés spécifiques pour la filière bio
Utiliser des
semences certifiées en agriculture biologique, c’est en effet miser sur le progrès génétique. « Nous donnons aux entreprises de sélection des moyens pour innover, estime Pascal Gury. Nous avons besoin de
variétés bien adaptées à nos besoins ».
Depuis 2004, la réglementation oblige les producteurs bio à avoir recours à des semences issues de productions biologiques. La profession des semences s'est organisée et a engagé des programmes de sélection pour créer et inscrire des variétés de céréales destinées à l’agriculture biologique dans le
catalogue français.
Celles-ci sont sélectionnées suivant des critères que l'on retrouve en sélection classique comme la qualité boulangère ou la
résistance aux maladies, mais également pour des qualités spécifiques (couverture du sol pour lutter contre les mauvaises herbes et moindre faim d’azote au printemps).