Des semences pour la faune sauvage

La faune sauvage a besoin de milieux diversifiés pour se nourrir et se reproduire. Mais l’uniformité des cultures gagne du terrain et les zones non cultivées se raréfient. Le petit gibier de plaine s'en trouve fragilisé. Heureusement la collaboration entre semenciers, agriculteurs et chasseurs permet aujourd’hui de multiplier les espaces qui leur assurent le gîte et le couvert. Les « jachères faune sauvage », c’est leur nom, sont généralement des parcelles de différents mélanges de semences d'espèces annuelles ou pluriannuelles. Les implantations ont lieu au printemps ou à l’automne. La jachère est gérée et entretenue dans le respect d’un cahier des charges adapté aux contraintes agricoles et environnementales locales. La réglementation donne un coup de pouce aux jachères. Le quatrième plan de la directive Nitrates est entré en vigueur le 1er juillet 2009 avec sa mesure phare : une couverture végétale de 100 % des sols en hiver dans les zones vulnérables à partir de 2012.

Faisan CC0 Public Domain, source pixabay.com

La convention Agrifaune reconduite pour 2011-2016

Forts de l’expérience menée depuis 2006, les représentants du monde de la chasse et de l’agriculture ont pérennisé pour la période 2011-2016 le partenariat « Agriculture – Chasse – Faune Sauvage » qui les associe dans le cadre d’Agrifaune. L’objectif de ce programme est de développer des solutions techniques de terrain pour favoriser la faune sauvage – notamment le petit gibier – tout en limitant au maximum les impacts pour les exploitations agricoles qui s’inscrivent dans la démarche. Les travaux portent notamment sur l’introduction de bandes enherbées, de haies, d’intercultures (appelées ainsi car elles sont implantées entre une culture récoltée en juillet-août et une culture de printemps) ou encore la gestion des bords de champs. Cinq ans après le lancement de ce partenariat, 70 départements étaient engagés pour un budget annuel de 1 million d’euros permettant de mobiliser 200 conseillers et d’animer 170 fermes pilotes.

Un bon compromis agronomie / économie / faune

La moutarde reste aujourd'hui encore l'une des espèces préférées des agriculteurs qui doivent implanter des couverts végétaux : facile à implanter et à détruire, peu coûteuse, possédant une croissance rapide, elle atteint sa pleine activité au moment du pic de minéralisation de l'azote, soit en septembre-octobre. Mais le partenariat avec les chasseurs fait émerger de nouvelles solutions. Les chasseurs de Picardie ont par exemple présenté fin juin un logo apposé sur les paquets de semences favorables à la biodiversité et notamment au petit gibier. Sur la dizaine de plates-formes d’essais qui ont vu le jour au sein du réseau Agrifaune, plus de cinquante mélanges, comprenant notamment des espèces comme la vesce, le radis, le chou ou la phacélie, sont testés. Ces mélanges ont la particularité d’être adaptés à la petite faune de plaine tout en répondant aux besoins agronomiques et réglementaires. L’objectif de ces expérimentations est de définir des mélanges basés sur un bon compromis agronomie / économie / faune.

Bon de commande de la société

D'accord sur la ligne à défendre, chasseurs et agriculteurs ont plus que jamais les yeux rivés vers la future Politique agricole commune (Pac). En 2014, les services agroenvironnementaux devraient mieux être pris en compte et certainement mieux rémunérés. Le bon de commande de la société à l'agriculture va en effet au-delà de produire des quantités. Chacun a aujourd’hui bien conscience qu'une agriculture durable est favorable à la biodiversité, celle des milieux naturels ou créés par l'homme, biodiversité à la fois végétale et animale.
En France, un certain nombre d'espèces sont bien connues : l'alouette des champs, le pigeon ramier ou palombe, la perdrix rouge et la perdrix grise, le faisan, le lièvre, le lapin, le sanglier, le chevreuil, le cerf... Comme tout être vivant, chaque animal a besoin de se nourrir, de se protéger, de se reproduire, de se détendre. Aujourd'hui, les agriculteurs ont pris conscience que leurs exploitations sont composées de milieux variés : lisière des bois, bordure de cours d'eau, jachère, prairie, bordure de chemin, haie... qui pourront être des milieux de vie.
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