Salades, haricots : de la fraîcheur dans le panier du jardinier

Vous rêvez de cueillir, cinq minutes avant le repas, une salade fraîche et craquante... Vous imaginez le saladier de haricots beurre, tout juste ramassés, si frais qu'on peut les croquer crus... Au jardin, la culture de la salade et du haricot font partie des plus faciles ! Et le jardinier dispose d'un très large éventail de choix, car près de 350 variétés de salades et 200 de haricots sont proposées au jardinier : haricots grains, haricots verts, beurres, violets, haricots plats... Chaque année, environ 40 nouvelles variétés de salade et 10 de haricots sont créées et inscrites au catalogue.

Un patient travail de sélection, toujours partagé

Pas étonnant, dès lors, que salades et haricots soient les légumes les plus cultivés dans les jardins, où les variétés traditionnelles côtoient les variétés dites « modernes », qui répondent à l'exigence des jardiniers et des consommateurs. Les sélectionneurs d'aujourd'hui continuent le travail entamé depuis de longues années, même depuis des siècles, sur la sélection des ces légumes. A chaque fois, un souhait ou un impératif nouveau, guide le sélectionneur. D'une époque à l'autre, les attentes changent. Aujourd'hui, il s'agit d'assurer une alimentation régulière, abondante, diversifiée et saine. Pour répondre au changement climatique : on cherche des plantes plus rustiques, capables de supporter une plus forte température et de pousser avec moins d'eau. Depuis longtemps, les semenciers cherchent à réduire l'emploi des produits chimiques et créent des variétés résistantes à une maladie ou un ravageur. Le jardinier amateur préfère également des récoltes échelonnées dans le temps. Au niveau gustatif, il est possible aussi de travailler sur différents axes de sélection, pour obtenir une laitue craquante, plus ou moins douce, plus ou moins aqueuse...

Des légumes qui viennent de loin

La diversité de variétés disponibles aujourd'hui atteste de la longue histoire de ces légumes et de leur lente évolution dans les jardins des hommes. Le haricot nous vient du Pérou où il était cultivé, déjà cinq siècles avant notre ère, sous forme de liane. Il faisait partie du trio de base de l'alimentation de ces régions, avec le maïs et la courge. Il débarque en Europe sur les bateaux des conquistadors, au XVIème siècle, et figure depuis en bonne place au jardin comme en cuisine. Quant aux laitues, elles étaient à l'époque romaine très amères. Les jardiniers donnent leur préférence à des variétés plus douces… tout en préservant, au contraire, cette amertume pour certaines variétés, car elle est aussi appréciée de certains connaisseurs !

Des réseaux de conservation

Cette foule de variétés est précieusement conservée par les réseaux de conservation des ressources génétiques : des plus anciennes aux plus modernes, des oubliées aux sauvages en passant par les mutantes ou les curiosités... Le jardinier amateur peut d'ailleurs demander des échantillons à ces réseaux. Et si, au fil des découvertes, les jardiniers expriment une réelle demande d'une variété ancienne mais non commercialisée, un semencier pourrait se saisir de cet appel et solliciter pour cette variété son inscription au catalogue amateur.
Choisir la bonne variété de salade et de haricot en fonction de la période à laquelle on sème : voilà la toute première qualité du bon jardinier. En règle générale, les variétés sont groupées selon leurs périodes de semis et de récolte. On appelle ainsi « laitues d'hiver » les variétés qu'il faut semer en fin d'été, repiquer en automne et que l'on consomme ensuite en début de printemps. Pour les haricots, on peut choisir une variété colorée (jaune, violet...) pour faciliter la récolte et voir plus vite les gousses. On peut opter pour les variétés à rame, ce qui permet d'éviter de se baisser lorsqu'on ramasse mais oblige à mettre en place un système de tuteurage dès la levée. Quant aux haricots grains, certains se récoltent frais à la fin de l'été, mais d'autres doivent sécher sur pied et n'être ramassés qu'en début d'automne : ils seront gardés et consommés pendant l'hiver.
Rien de plus simple : il suffit de semer les petites graines de salade dans une terre fine et bien préparée, d'arroser et... d'attendre la récolte ! Votre culture de salade ne tirera aucun profit d'un ajout d'engrais. Elle se contentera d'une bonne terre de jardin et, éventuellement, d'un peu de compost si la terre semble pauvre en humus. Un apport excessif d'azote risque de charger la future salade en nitrates. Un semis en ligne plutôt qu'à la volée vous permettra de suivre mieux votre culture. Cependant, en raison d'une germination assez longue, le jardinier préfère souvent un semis en terrine suivie d'un repiquage quand la plante est suffisamment formée (c'est-à-dire lorsque les plants possèdent plusieurs feuilles). A l'aide d'un plantoir, il suffit alors d'installer la salade en place et de l'arroser. Ensuite, il faut penser à surveiller, en conditions humides, la présence de limaces...
Il existe en France un catalogue officiel des espèces et variétés potagères. La qualité et l'authenticité de chacune des variétés de légumes qui y sont inscrites sont garanties par un organisme appelé le Groupe d'Etudes des Variétés et des Semences (Geves). Pour qu'une nouvelle variété soit homologuée et inscrite au catalogue, le Geves mène des essais rigoureux : la variété testée doit être nouvelle, homogène et stable. Les critères définis par celui qui souhaite l’inscrire et la commercialiser sont soigneusement vérifiés. Le Geves est chargé également de contrôler la qualité des semences au cours du temps : chaque lot est vérifié tous les cinq ans, au titre de la maintenance. En 1997, la France a créé une liste supplémentaire à ce catalogue officiel : c'est la liste des variétés anciennes à usage amateur pour les espèces potagères et fruitières. Ici, les critères d'inscription sont plus souples que pour le catalogue officiel.
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