L’ultime objectif sera de connaître chaque gène, où il est situé et à quoi il sert : par exemple, celui qui commande la résistance ou non du blé à une maladie qui l’affaiblit ou le rend inconsommable. « Cela prendra encore plusieurs années », précise Isabelle Caugant. Les sélectionneurs s’attellent à ces travaux partagés pour pouvoir créer des variétés toujours plus adaptées aux besoins des consommateurs.
L’enjeu est important, puisque le blé fait partie des 3 céréales les plus cultivées au monde, avec le maïs et le riz. Il constitue la nourriture de base pour plus du tiers de l’humanité et fournit 20 % des calories consommées. Comme la population mondiale s’accroît et que les surfaces cultivables diminuent, il est impératif d’augmenter la production de blé par hectare pour nourrir les 9,5 milliards d’êtres humains prévus en 2050. Et cela, en limitant les apports d’engrais ou les traitements pour soigner les plantes, pour mieux respecter l’environnement, tout en sachant que les conditions climatiques sont de plus en plus irrégulières voire extrêmes.
Les chercheurs espèrent donc accroître le potentiel de rendement du blé, comme ils l’ont fait depuis plus d’un siècle, en créant de nouvelles variétés de bonne qualité. Les plantes de ces nouvelles variétés doivent aussi être capables de repartir quand elles ont commencé à jaunir par manque d’eau ou à s’asphyxier par excès de pluie, ou être à même de pousser dans des terrains salés en bord de mer…
La connaissance du génome va permettre aux sélectionneurs d’être plus précis et plus rapides pour créer ces nouvelles variétés attendues. L’expérience des succès en amélioration du riz, dont le génome a été décrypté en 2002, est un modèle porteur d’espoirs pour le blé, l’un des derniers génomes majeurs à nous livrer ses secrets.