La prégermination, un coup de pouce pour accélérer la levée

Patience, patience... Tout jardinier devrait en semer une bonne dose. Mais la culture de certaines espèces met parfois les nerfs à rude épreuve, tant la sortie de terre des premières graines peut se faire attendre. En cause, une levée de dormance compliquée avec à la clé, une germination ralentie, voire stoppée par des conditions climatiques inadéquates. La carotte, le panais ou le persil font partie des semences qui, mises en pleine terre, ont du mal à pointer le bout de leurs premières feuilles. Un sol trop humide ou trop sec, des températures trop chaudes ou trop froides : si les raisons diffèrent, le constat reste souvent le même, aucune levée en vue. Les tomates, les poivrons, les aubergines, les concombres ou le basilic apprécient également des températures douces, autour de 20 °C, pour débuter pleinement leur croissance. Des conditions pas toujours au rendez-vous au moment des premières plantations. Alors pourquoi ne pas tester la prégermination des graines ?

Cette stratégie consiste à offrir aux graines les conditions idéales pour atteindre plus rapidement leur maturité physiologique et ainsi, débuter leur germination. Cela passe par l’exposition à une température stable et adaptée aux besoins de la culture, une humidité et une luminosité contrôlées. Si les semences de tomate supportent par exemple bien le repiquage, celles de carotte, un peu moins. Le conseil est, dans ce cas, de placer les graines sur un papier absorbant et de l’humidifier régulièrement. Une fois le point blanc du germe visible, place au semis dans la terre d’accueil, sous serre ou en plein air si les conditions extérieures sont favorables. Et avec précaution car ces appendices sont fragiles et les lésions, redoutées.

L’apport d’une fine couche de terreau sur la ligne de semis offre une couche protectrice pour préserver la chaleur autour de la graine. Un simple arrosage suffit alors pour tasser le tout et assurer ainsi un contact optimal entre la graine et la terre. Bien entendu, il convient d’attendre que le sol soit parfaitement ressuyé avant de procéder aux premiers semis. La radicule s’épanouira alors plus facilement dans cette terre bien aérée.

En résumé, la prégermination accélère la germination. Pour la carotte, cette étape ne prendra que quatre jours en moyenne : un gain de temps non négligeable pour les jardiniers pressés et exigeants car la levée sera non seulement plus précoce mais également plus homogène. Une solution efficace aussi pour limiter le désherbage du rang : les carottes sortant de terre rapidement, elles se développeront plus vite que les adventices, limitant dès lors la concurrence. La pose d’un voile de forçage sur le rang peut s’avérer complémentaire à la prégermination pour protéger les plantules lors de la levée.

Sur les étals, vous avez le choix entre des tubercules de pommes de terre germés ou non. Opter pour les premiers permet d’accélérer la croissance des jeunes plants et au final, d’avancer la récolte de quelques jours. Bien entendu, il est tout à fait possible d’acheter des plants non germés et de s’occuper soi-même de la germination, avant la mise en terre. Une stratégie qui convient parfaitement aux variétés hâtives. Pour cela, disposer les pommes de terre à la lumière, dans un lieu sec, frais et aéré : les tubercules ne doivent pas être superposés. La température idéale de germination se situe entre 10 et 15°C, pendant 4 à 6 semaines. Quand les germes prennent une couleur violette, c’est qu’il est temps de les planter !

Carole Loiseau