Du sol au plafond, de la cuisine à la chambre, de la salle de bains au garage, les produits issus des végétaux investissent nos lieux d’habitation. C’est un retour aux sources. Dans les temps anciens, les bâtisseurs se servaient de terre et de chaux, mêlées parfois à des résidus de plantes, pour ériger leurs maisons. Ainsi les maisons construites en bottes de pailles connaissent aujourd’hui un regain d’intérêt. De plus en plus d’architectes préconisent ce type de matériau en raison de son faible coût, de ses performances thermiques et du faible besoin en énergie pour sa fabrication.
Céréales, pommes de terre, colza : du sol au plafond
Les produits végétaux sont également présents à des endroits de la maison inattendus. Régulateur de séchage dans le béton et le ciment, l’amidon issu des céréales ou des pommes de terre entre dans la composition du carrelage, des matériaux d’isolation et même de la peinture comme gélifiant et stabilisateur d’émulsion. L’huile de colza est aussi utilisée pour la fabrication de mousse isolante, de lubrifiant ou de peinture alkyde à l’eau. On retrouve des matières agricoles même sur les toits : le sirop de glucose, un dérivé de l’amidon, peut s’incorporer dans la fabrication des tuiles afin qu’elles ne se fendent pas à la cuisson. Enfin les farines de blé et de seigle permettent de réaliser des peintures ocres « à l’ancienne ».
Le lin et le chanvre habillent les murs
Le lin et le chanvre sont les plantes les plus emblématiques de l’éco-construction. Autrefois essentiellement destinés à la fabrication de textiles (toiles, cordages, etc.), leurs propriétés isolantes sont valorisées dans la fabrication de plaques et de revêtements de mur et de sol. On retrouve également leurs fibres dans des portières d'automobiles, les coques de voiliers ou encore les raquettes de tennis. Les applications techniques des « éco-composites » qui se placent en concurrence directe de la fibre de verre ou du carbone, ne cessent de se multiplier. Pas moins de 25 produits à base de lin ou de chanvre sont prêts aujourd’hui à l'usage industriel.
300.000 ha de plantes à fibres dans 20 ans pour le bâtiment
Le 24 novembre 2010, la première plate-forme française de recherche appliquée sur les fibres végétales à usage de matériaux, s’est installée dans l'Aube à Bréviandes. L’objectif est de réaliser des essais-pilotes de formulation et de conception de matériaux à partir de plantes à fibres. Une étude conjointe de Fibres recherches développement (FRD) et de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) montre un potentiel réel et significatif de développement de ces marchés en France à l'horizon 2030. Le document estime que les surfaces des plantes à fibres (essentiellement chanvre et lin) pourraient atteindre d’ici à 20 ans dans l’Hexagone 300.000 hectares pour couvrir les nouveaux besoins qui s'exprimeront, notamment dans le bâtiment. L'étude révèle que les travaux de recherche devraient permettre d'augmenter les rendements de 10 % et de perfectionner les propriétés des matériaux obtenus avec les fibres végétales. FRD et l’Ademe imaginent aussi l'exploitation de la paille de colza et la canne de tournesol, qui apporterait une valorisation supplémentaire aux producteurs de plantes à fibres.