Faire pousser des légumes sans eau…
Régulièrement, des articles ou des vidéos montrent des maraîchers qui font pousser des tomates sans arrosage. Est-ce possible ? « C'est abusif de laisser croire qu'une plante peut ne consommer que très peu d'eau : pour produire de la matière sèche, n'importe quelle plante demande de l'eau et même beaucoup (200 à 250 g d'eau par g de matière sèche totale produite) ; on peut réduire de 10 à 20 % maximum cette quantité d'eau » indiquaient en 2015 trois généticiens en réaction à un reportage sur ce thème (1).
La plante a besoin d’eau, mais pourquoi ?
Pour croître, les plantes - cultivées ou non - ont besoin d’eau. En effet, pour fixer le carbone nécessaire à la photosynthèse, il faut que les pores situés à la surface des feuilles, appelés stomates, soient ouverts. Cela permet au gaz carbonique de l’air de rentrer dans la feuille et d’être transformé en sucres, alors que l’eau - pompée au niveau des racines - est rendue à l’atmosphère. Ce phénomène dit d’évapotranspiration est vital pour la croissance de la plante et aussi pour le climat. Car l’évapotranspiration (passage de l’état liquide à l’état gazeux) s’accompagne d’une consommation d’énergie qui refroidit l’atmosphère.
Toutes les plantes n’ont pas les mêmes besoins en eau
Ce sont les plantes tropicales, comme la banane ou le riz, qui consomment le plus d’eau. Sur notre territoire, contrairement à une idée reçue, le maïs n’en consomme guère plus que le blé mais ses besoins se situent l’été, entrant alors en compétition avec d’autres usages estivaux.
En cas de sécheresse ou plus globalement de déficit d’eau, l’agriculteur peut en apporter artificiellement et adopter des techniques qui permettent de mieux valoriser l’eau de pluie. Il peut aussi choisir des cultures adaptées et adopter des pratiques culturales qui maintiendront le sol humide.
La recherche de plantes tolérantes à la sécheresse
Certaines espèces peuvent s’avérer plus adaptées à la sécheresse. Par exemple, dans le Sud-Ouest, le sorgho, plante d’origine africaine, est de plus en plus cultivé car il résiste mieux que le maïs.
D’un point de vue génétique, la tolérance à la sécheresse est un caractère complexe qui implique souvent des parties de gènes sur plusieurs chromosomes. Depuis 2020, un blé OGM résistant à la sécheresse est commercialisé en Argentine. Néanmoins, l’amélioration variétale se fait surtout en recherchant des zones de gènes favorables dans les collections de plantes existantes. Les variétés qui les contiennent pourront être introduites dans les programmes de sélection.
Changer les modes de culture pour « garder » l’eau dans les sols
Les pratiques qui conservent au maximum l’eau dans les sols sont celles qui permettent aussi une agriculture plus durable. Ainsi, le choix de cultures et plus précisément de variétés adaptées, la diversité, l’espacement, l’enracinement mais aussi la couverture des sols, permettent aux plantes de croître et de passer les étapes critiques de fortes chaleurs et de sécheresse.