Jachères et couverts végétaux : la faune sauvage apprécie !

La faune sauvage a besoin de milieux diversifiés pour se nourrir et se reproduire. Alors que la politique agricole commune a longtemps favorisé l’uniformité des cultures, l’installation progressive de jachères et de couvertures végétales en intersaison est maintenant de mise. Les agriculteurs sont désormais dédommagés pour ces parcelles qui assurent le gîte et le couvert de la faune sauvage.

Faisan CC0 Public Domain, source pixabay.com

Pas de diversité animale sans diversité végétale

Cette affirmation n’a rien d’étonnant : les agriculteurs sont les premiers à constater que les zones non cultivées ou que les zones de cultures intermédiaires diversifiées sont les plus giboyeuses et globalement les plus riches en biodiversités animale et végétale. En 1992, les premières jachères obligatoires sont apparues pour réduire des excédents de production européenne. Les agriculteurs, les semenciers et les chasseurs ont alors organisé ces territoires et réintroduit des espèces végétales rustiques. Aujourd’hui, les jachères sont volontaires. Plus récemment, la pratique des inter-cultures s’est fortement développée. Elles permettent non seulement d’enrichir le sol et de lutter contre l’érosion, mais elles favorisent le retour et le développement de la faune sauvage (vers de terre, insectes, petits et gros gibiers …). 

Ces territoires sont préparés et entretenus par les agriculteurs

A l’année ou seulement en intersaison, ces territoires sont plantés avec des variétés choisies avec soin. Elles doivent bien sûr être adaptées au climat et au sol. Elles doivent surtout être diversifiées pour répondre à différents besoins. Ainsi, une culture intermédiaire implantée précocement avec des espèces mellifères peut constituer une richesse pour les abeilles avant l’hiver. Un couvert maintenu le plus longtemps possible au cours de l’hiver permettra au petit et gros gibier de s’implanter, se nourrir et se reproduire. Mais il faut effectuer des choix d’espèces judicieux pour assurer leur alimentation hivernale et des densités de semis adaptées pour favoriser à la fois leur protection et leur déplacement.

Un couvert végétal étudié de près

Dès 1993 a été créée, sous l’impulsion de professionnels de l’agriculture et de la chasse, une catégorie de jachères spécialement destinée à la faune sauvage, avec sa réglementation propre. Depuis 2006, un partenariat « agriculture-chasse-faune sauvage » fonctionne dans 70 départements sous le nom d’Agrifaune et développe des solutions pratiques dans 170 fermes pilotes. 

Une forte incitation financière pour développer ces territoires de biodiversité

Mais la réglementation donne aussi un coup de pouce aux jachères. Ainsi, la directive Nitrates entrée en vigueur en 2009 impose une couverture végétale de 100% des sols en hiver dans les zones vulnérables depuis 2012. Globalement, les programmes agro écologiques favorisent le maintien de la biodiversité et préconisent les plantes de couvert.

A l’échelle européenne, sont définis « les éléments topographiques » : haies, mares, arbres isolés ou alignés, bosquets, fossés ...Ce sont des éléments structurant du paysage, qui, s’ils ne permettent pas directement une production agricole, contribuent à la performance économique environnementale de l’exploitation et à sa résilience. Dans la PAC 2015-2020, ils déclenchent des paiements complémentaires (en moyenne de 85 euros l’hectare) pout tout agriculteur qui déclare au moins 5% de ces surfaces dites d’intérêt écologique. D’autres paiements verts encouragent les pratiques de couverture de sols, de prairies fleuries et de jachères volontaires.

Car finalement, assurer le gîte et le couvert de la faune sauvage, c’est aussi maintenir un écosystème sain et propice à une agriculture durable et résiliente.

« Les abeilles sont complètement dépendantes de la flore qui les entoure. Elles font seulement deux à trois kilomètres autour de la ruche, ce qui est déjà important. Grâce à la biodiversité végétale, il existe des centaines de miels différents : le miel toutes fleurs (colza, fruitiers, etc.), liquide (tilleul ou acacia), crémeux (tournesol), blanc (trèfle), etc.», précise Gérard Deroulers, apiculteur. Aux côtés de l’abeille domestique, qui nous offre ces miels, d’autres insectes permettent la pollinisation, vitale pour la reproduction de nombreuses plantes : les abeilles sauvages, souvent terricoles et solitaires, les bourdons, parfois utilisés pour faire les croisements par les entreprises semencières, les guêpes, les éristales et les syrphes…

Le réseau « Biodiversité pour les abeilles » a été créé pour coordonner le monde agricole et les apiculteurs, favoriser les échanges et en particulier la mise en place des jachères apicoles. « Notre souci, c’est de pouvoir nourrir les abeilles toute l’année, et non pas seulement quelques mois avec du colza ! Il leur faut absolument des protéines et du sucre, éléments que leur apportent le pollen et le nectar », explique Gérard Deroulers, apiculteur. En début de saison, les noisetiers et les saules fournissent ces éléments, puis les pissenlits, le colza, le trèfle incarnat, le tournesol et la luzerne prennent par exemple le relais. En fin de saison, les fleurs du lierre, de l’arbousier et du cosmos ont un rôle essentiel.

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