Une plante pleine de surprises
Le maïs véhicule l’image d’une plante néfaste pour l’environnement : grande consommatrice d’eau et de traitements phytosanitaire. « A tort !, explique Jean Beigbeder, sélectionneur de maïs retraité, co-président de Pro-Maïs. Le maïs est une plante venue du Mexique avec ses étés humides. C’est donc bien une graminée qui a besoin d’un apport d’eau conséquent pour sa croissance. Mais les gros pays producteurs sont des pays qui bénéficient d’une bonne pluviométrie et n’ont donc pas besoin d’irriguer… ». Le maïs est, en effet, produit aujourd’hui essentiellement dans la « corn belt » des Etats-Unis, en Chine et au Brésil. « Les besoins en irrigation se posent pour des pays comme l’Ukraine, mais cela est marginal à l’échelle planétaire. »
Et le maïs a bien d’autres atouts cachés. Il nécessite très peu de traitements phytosanitaires et représente une source considérable d’oxygène. 1 hectare de maïs produit ainsi 16 à 32 tonnes d’oxygène par an, 2 fois plus qu’un hectare de forêt ! Enfin, il affiche un bilan carbone particulièrement faible. On parle de plante « C4 » : pour un même apport d’eau, le maïs fixe une quantité supérieure de carbone et relâche une grande quantité d’oxygène.
Le développement de la chimie verte
Le maïs s’avère une véritable mine pour les industriels de la chimie verte. « En France, 1 million de tonnes est produit chaque année en alternative à la pétrochimie, fait remarquer Arnaud Rondeau, vice-président de l’Association générale des producteurs de maïs. Pour un grain de maïs, 500 produits différents peuvent sortir des bioraffineries ». On découvre ainsi que le maïs est partout : dans la colle, le papier, les cosmétiques, le solvant… Et même dans notre dentifrice ! « C’est la qualité de son amidon qui permet une telle diversité d’usages », analyse Arnaud Rondeau.
Le bioplastique est l’une des filières en chimie verte qui a connu le plus fort développement grâce au maïs. « Le bioplastique est déjà très présent dans nos vies, relate Guilhem Peres, fondateur de la PME eMotion tech, spécialisée dans la fabrication d’imprimantes 3D pour des consommables bioplastiques. Sacs plastique, tee de golf, certaines capsules de café… Tous ces produits ont l’immense avantage d’être biodégradables, et donc de préserver l’environnement. »
Le biogaz en France dans un futur proche ?
L’un des espoirs que porte le maïs est le développement de la bioénergie. En Europe, l’utilisation du maïs comme plante énergétique s'est surtout développée en Allemagne, favorisée par une politique volontariste en matière d’énergies renouvelables. Résultat ? L’apparition de 8 000 producteurs de biogaz en mois de 2 décennies, dont plus de 40 % sont des agriculteurs individuels. La production totale dépasse 18 milliards de KWH par an, soit l'équivalent de 2 centrales nucléaires. « C’est du lisier de cochon qui est utilisé pour stimuler la croissance de la plante », précise Jean Beigbeder. En plus de l'électricité produite, de la chaleur est récupérée pour les bâtiments d'élevage, les serres et les habitations.
« La sélection a d’abord permis d’adapter le maïs à différents territoires. Aujourd’hui, parmi la très large biodiversité de maïs existante, le sélectionneur repère quelles sont les types variétaux les plus adaptés à tel ou tel usage et les fait évoluer pour répondre aux attentes de la société. On n’utilise donc pas le même maïs pour nos salades que pour faire du bioplastique ou du biogaz… », conclut le chercheur.