La luzerne, plante écologique

Le bonheur des éleveurs serait-il dans la luzerne ? C’est elle en effet qui fournit le plus de protéines à l’hectare, des aliments indispensables aux bonnes performances des animaux pour leur production de lait ou de viande. Aujourd’hui, éleveurs et pouvoirs publics lui font les yeux doux en raison de son intérêt écologique.

Une richesse d'utilisations

Baptisée à travers le monde «herbe aux bisons», «grand trèfle» ou encore «alfalfa» et cultivée sur quelque 32 millions d'hectares et sur environ 520.000 hectares dans l’hexagone, la luzerne peut être pâturée par les animaux ou donnée sous forme de foin à la ferme. Elle peut aussi être transformée en granulés après avoir été déshydratée à haute température puis compactée pour être facilement transportée et conservée. Il existe de nombreuses variétés de luzerne. Cette diversité permet à chaque éleveur de choisir la variété qui convient le mieux à ses besoins.

Elle protège les sols

La luzerne est, parmi les plantes cultivées, l'une des plus écologiques. En fixant naturellement l'azote de l'air comme les autres légumineuses, elle ne consomme pas d'engrais azoté. Installée pour 3 à 4 ans sur une parcelle, elle stabilise les sols en évitant ruissellement ou érosion. Elle est recommandée par les Agences de l'eau pour protéger les zones de captage d'eau potable.

A l'abri de la luzerne

Sans oublier que cette plante reste une alliée pour les animaux et les insectes. Son couvert végétal permanent constitue une zone de nidification remarquable pour de nombreux oiseaux nichant au sol (perdrix, cailles, traquets, alouettes, pipits). Sa fleur attire les abeilles et leur fournit pollen et nectar. Les agriculteurs producteurs de luzerne ont d’ailleurs décidé de mesurer la biodiversité hébergée dans leurs cultures et d'étudier les moyens de l'augmenter encore. Les coopératives de déshydratation de la luzerne (Coop de France Déshydratation) ont réuni dès l'été 2008 un groupe d'experts et d'acteurs de la protection de nature. Ensemble, ils souhaitent répertorier les différents organismes vivants dans les parcelles de luzerne et dans les cultures avoisinantes. Ces expérimentations doivent aussi mesurer l'effet de changements de pratiques sur cette biodiversité, notamment en laissant des bandes non fauchées.

Un programme d'économie d'énergie

La luzerne a besoin de beaucoup d’énergie pour être déshydratée : c’est un peu son talon d’Achille. Mais les professionnels de la déshydratation ont engagé depuis plusieurs années un plan de réduction drastique de la consommation d’énergie fossile. D’ores et déjà, le pré-séchage au champ, l’amélioration des techniques et la modernisation des installations ont permis d’économiser 40% d’énergie en trente ans. Un ambitieux programme d’utilisation de combustibles autres que le gaz ou le fioul, comme les plaquettes de bois ou le miscanthus (herbe à éléphants), est en cours. Cette utilisation de la biomasse devrait permettre à la filière luzerne déshydratée d’économiser 500.000 tonnes de CO2 fossile en 4 ans.
La région Poitou-Charentes et le sud des Pays de Loire constituent sans doute le bassin de production de semences de luzerne le plus important du monde. Des entreprises de sélection y ont installé leur centre de recherche et concentrent leurs efforts sur les espèces fourragères les plus adaptées au marché français. Ce centre de recherche dans la Vienne conduit des travaux de sélection en commun avec la station de l’Institut national de recherche agronomique (Inra) de Lusignan qui se trouve à proximité. Résistance aux maladies (verticilliose et anthracnose), résistance aux nématodes (parasites du sol), résistance à la verse, augmentation de la productivité, amélioration des teneurs en protéines et de la digestibilité constituent les principaux axes de recherche.
Les propriétés médicinales alimentaires et cosmétiques de la luzerne suscitent l’intérêt des industriels. Dotée d’une excellente composition en acides aminés et riche de minéraux et d’oligo-éléments, elle est utilisée de longue date en herboristerie pour soigner le rhume, les troubles digestifs ou les abcès. La luzerne agirait également comme élément protecteur contre le cholestérol et le diabète. Les vertus nutritionnelles et fonctionnelles d’une protéine très présente dans la luzerne, la Rubisco, intéressent également au plus haut point les spécialistes de l'alimentation humaine. En plus de sa richesse en acides aminés essentiels, la composition de cette protéine se rapproche de celles du soja et surtout du lait. De nouvelles technologies d’extraction de la Rubisco permettraient à la luzerne de devenir une ressource non négligeable pour la nutrition humaine. Cette protéine possède, de surcroît, des propriétés qui pourraient intéresser les industries des cosmétiques et des détergents. Source : article consacré à la luzerne sur le site de la Mission d'animation Agrobiosciences : www.agrobiosciences.org
L’Union européenne ne produit que 25% des protéines consommées par ses élevages. Le reste est couvert par des importations, principalement de soja en provenance des Etats-Unis. Pour combler son déficit, l'Europe cherche à développer les cultures de plantes riches en protéines comme les protéagineux et la luzerne. Au début de l’année 2009, dans le cadre du bilan de la Politique agricole commune (PAC), la France donne l’exemple en lançant un Plan protéines végétales incluant la luzerne. L’engagement du Gouvernement porte notamment sur un effort de recherche au profit des plantes protéagineuses visant à « lever les contraintes techniques, phytosanitaires et économiques ». La filière luzerne compte sur ce soutien pour renforcer sa compétitivité.
Une plante fourragère faisant partie des légumineuses. Alexandre le Grand aurait été impressionné par la beauté du bétail rencontré lors de l’une de ses conquêtes en Iran, dans la région de Médie. Découvrant que ces paisibles animaux broutaient de la luzerne, il l’aurait baptisée «Mêdikê», du nom de cette riche région, ce qui donna le nom au genre «Medicago». Le mot français «luzerne» est apparu en provençal au XVIe siècle, par allusion à ses graines brillantes comme le ver luisant. Source : article consacré à la luzerne sur le site de la Mission d'animation Agrobiosciences : www.agrobiosciences.org
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