« Déjà la première hirondelle, Revient effleurer nos créneaux, Et des coups légers de son aile, Battre les gothiques vitraux, Où l'habitude la rappelle. » écrivait Lamartine. Mais les hirondelles, gracieuses annonciatrices du printemps, sont aujourd’hui en déclin.
Comme celui des pollinisateurs, le recul et l’uniformisation des populations d’oiseaux est un signe inquiétant de perte de biodiversité «ordinaire», de celle qui participe pourtant aux grands équilibres, notamment alimentaires.
A cause de certaines activités humaines, les oiseaux peinent à trouver des endroits où nicher et se nourrir. Créer un refuge LPO fait partie des solutions pour les aider.
Chacun peut participer à la protection de la nature
La LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) est aujourd’hui l’une des associations de protection de la nature les plus importantes en France. Au-delà de sa vocation première de protection des oiseaux, elle agit depuis un siècle plus largement pour la sauvegarde de la biodiversité. Son activité s’articule autour de trois grandes missions que sont la protection des
espèces, la préservation des espaces, l’éducation et la sensibilisation.
Parce que chacun peut participer à son échelle à la protection de la nature, la LPO a développé le programme « Refuges LPO ». L’association offre ainsi l’opportunité aux particuliers, aux entreprises, aux associations mais aussi aux collectivités d’inscrire leurs jardins ou espaces verts au sein du premier réseau français des jardins écologiques en faveur de la biodiversité. Grâce à ce réseau, il devient en effet possible d’accueillir et de mieux connaître la faune et la flore, tout en apprenant à réduire son impact sur l’environnement et à «jardiner nature».
Un déclin causé par les activités humaines
Selon les experts du Muséum National d’Histoire Naturelle, le déclin des populations d’oiseaux des champs se poursuit inexorablement, et de nombreuses
espèces sont aujourd’hui fortement menacées d’extinction. Les disparitions de
l'alouette des champs, de la
linotte mélodieuse ou du
tarier des prés sont autant de signes de l'appauvrissement de la diversité ornithologique.
D’autres espèces « spécialistes » des milieux forestiers (
pic épeiche, pouillot siffleur, roitelet huppé, mésange nonette) et des milieux bâtis (
hirondelle, chardonneret) sont aussi en recul. En revanche, les espèces « généralistes » (
pigeon ramier, merle noir, fauvette à tête noire et mésange charbonnière), plus adaptables, ont gagné du terrain, et sont le signe d’une uniformisation des populations.
La destruction des habitats (notamment les haies, arrachées lors des remembrements ou des opérations d’urbanisation), le changement climatique, la pollution, la chasse excessive, l’utilisation des pesticides, les marées noires et la colonisation par des espèces invasives sont parmi les facteurs de déclin des oiseaux. Ainsi, le moineau déserte les villes car il n’y trouve plus de nourriture en hiver, le chardonneret souffre de la fauche précoce des prairies et l’hirondelle des insecticides.
Un peu de bon sens…
Dans un parc public ou au fond d’un jardin, sur un balcon ou dans une haie, à la ville ou à la campagne, la nature peut se révéler infiniment riche et variée. Avec des gestes simples et un peu de bon sens, il devient possible d’agir pour protéger les écosystèmes, afin d’enrayer la perte de biodiversité, et notamment celle des oiseaux.
Posséder un jardin est déjà un grand bonheur. Quelques aménagements, comme la pose de nichoirs, et quelques précautions, comme la non-utilisation des pesticides chimiques, peuvent favoriser l’accueil de la flore et de la faune sauvages. Sur le Refuge, qu’il soit petit ou grand, le propriétaire ou le gestionnaire emploie des techniques respectueuses de l’environnement et économes en énergie, et adopte les principes de gestion écologiques (voir l’encadré sur la charte LPO).
Les oiseaux (en dehors des périodes de récoltes !) sont aussi les bons alliés du jardinier car insectivores et acteurs de la « lutte biologique ». Ainsi, les mésanges s’attaquent aux chenilles, les grives et les merles noirs aux limaces, le troglodyte mignon aux pucerons et araignées, les hirondelles aux mouches et pucerons.
Offrir le gite et le couvert
Le jardin constitue un habitat propice s’il offre de la nourriture (graines, baies et fruits ; insectes et araignées ; vers et escargots ; chenilles et nectar), des matériaux et des points d’appui pour l’édification du nid, mais aussi un endroit ou s’abreuver.
Les arbres, prairies fleuries et massifs diversifient la nourriture : insectes et autres petits animaux, nectar au printemps, graines et chenilles en été, baies et fruits en automne-hiver. Il est aussi important de multiplier les habitats, permettant la nidification et la reproduction dans des conditions paisibles (haies champêtres, plantes grimpantes, nichoirs, massifs, bordures enherbées, murets de pierre sèche, tas de bois…). Aménager un abreuvoir ou un bassin, étaler les floraisons des massifs, privilégier les plantes indigènes et les fleurs mellifères, maintenir des « îlots » d’herbes folles non fauchées permettant aux plantes de grainer, sont autant de moyens complémentaires pour accueillir les oiseaux. Sans oublier de les nourrir pendant les périodes de grands froids…
Sources : LPO France, LPO Franche Comté, La France agricole, Maison & Jardins