Lin : une biodiversité protégée

Voici quelques évocations spontanées lorsqu’on parle du lin ! Une plante qui pousse dans des champs…dans les jardins…une fleur bleue…des vêtements agréables…de l’huile pour les peintures…des sacs, de la ficelle…des matériaux isolants…riche en oméga-3… Mais si le lin offre une diversité d’utilisations, y-a-t-il une biodiversité au niveau de l’espèce lin ?

Une biodiversité naturelle

A travers le monde, environ 200 lins sauvages existent et se reproduisent dans leur milieu naturel. En France, 15 populations de lin vivent dans des milieux qui leur sont propres. On parle d’écotypes. Depuis des milliers d’années, les peuples d’Asie Centrale, les Egyptiens, les Grecs, les Gaulois….ont favorisé le développement d’un type de lin cultivé appelé Linum usitatissimum. Ce lin cultivé est très différent de ses ancêtres. Pour preuve, il n’a plus le même nombre de chromosomes que la plupart des lins sauvages. Les ethnobotanistes estiment que sans l’intervention de l’homme pour maintenir et conserver ces types de lin cultivés à travers les millénaires, cette espèce cultivée n’existerait plus.

Des milliers de lignées conservées

Richesse « écologique » et patrimoine de l’humanité, le maintien de la biodiversité de chaque espèce est une tache essentielle, mais complexe, délicate et coûteuse. Pour le lin, il existe dans le monde 4 à 5 collections nationales. La plus importante et la plus renommée se trouve à St Pétersbourg à l’Institut Vavilov avec 5 à 6.000 lignées différentes. En France, l’INRA (Institut national de la recherche agronomique), organisme public maintient une collection de 2 à 3.000 lignées. Dans ces collections, on y retrouve aussi les lins sauvages. Les sélectionneurs de sociétés privées contribuent au maintien de cette biodiversité. C’est leur source de départ pour créer de nouvelles variétés. Les deux sélectionneurs privés français maintiennent chacun environ 1.000 lignées différentes.

Une biodiversité cultivée aujourd’hui

Par sa culture, l’homme a favorisé les plantes intéressantes pour l’utilisation textile. Aujourd’hui, 17 variétés de lin textile sont cultivées en France dont 5 variétés représentent 85 % des surfaces. Les conditions de culture et les utilisations évoluent. Il faut donc créer en permanence des variétés. Très régulièrement, des nouvelles variétés sont utilisées. Les 17 variétés cultivées aujourd’hui sont toutes différentes de celles cultivées il y a 10 ans. Il faut donc beaucoup de diversité pour créer les variétés de demain. En effet, le sélectionneur doit pouvoir puiser dans les ressources génétiques. A l’avenir, une description précise et une bonne connaissance génétique des différents lins existants seront nécessaires. La constitution d’une banque de gènes devrait permettre de mieux utiliser la biodiversité de ces collections de plantes par l’utilisation des techniques de biotechnologie.
En France, premier producteur de lin en Europe, la culture du lin couvre environ 50.000 ha. De très gros efforts sont développés pour préserver la biodiversité du lin par l’entretien de collections de plantes. Mais une collection de variétés n’a de valeur que si chaque plante est décrite avec ses caractéristiques. L’idéal serait de faire la cartographie génétique du lin cultivé et des lins sauvages. Le plus difficile est de conserver chaque plante avec son originalité et ses caractéristiques génétiques propres. Pendant la phase de culture, il ne doit pas y avoir de croisement involontaire ou de disparitions dues aux ravageurs ou au gel. Chez Terre de Lin par exemple, coopérative agricole française spécialisée en lin et aussi établissement créateur de variétés, les sélectionneurs conservent ces biens les plus précieux sous forme de semences dans des congélateurs pour une longue durée de 20 à 25 ans. Parallèlement, ils mettent tous les 5 à 6 ans les lignées en culture pour renouveler les semences avec d’infinies précautions.
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