Le grand défi du XXIème siècle : nourrir et respecter

Sans apport d’engrais et sans protection contre les maladies et parasites, la production des 6 plus importantes cultures du monde (riz, blé, maïs, orge, soja, pommes de terre) chuterait de plus de 50% selon les chiffres d'Arvalis*. Or, à l’échelle de notre planète, les réserves mondiales pour chacune de ces denrées de base n’excèdent pas quelques mois, voire quelques semaines. Parallèlement, il est aujourd'hui évident que le respect de l'environnement est une condition nécessaire au développement d'une agriculture durable. Ces réalités sont-elles conciliables ?

Années 50, l'impératif de rendement

Les premières variétés de blé sélectionnées sur les critères de résistances aux maladies présentaient un défaut majeur. En l'absence de maladie, leur rendement était moins bon que celui des variétés classiques. Or, au sortir de la guerre, le problème numéro un de l'agriculture française était de produire suffisamment pour nourrir le pays. Parallèlement, les effets négatifs d'un apport excessif d'intrants (engrais chimiques, produits phytosanitaires pour la protection des plantes) sur la qualité des sols, des eaux et des cultures étaient méconnus. Les techniciens et les agriculteurs ont donc souvent préféré des variétés à fort potentiel de rendement et les traiter, à l'aide de produits phytosanitaires, contre les principaux parasites.

Les variétés modernes sont rustiques !

Aujourd'hui, grâce aux travaux de recherche de l'Inra et des sélectionneurs de céréales, les variétés à forts potentiels de rendement sont également capables de résister naturellement aux maladies. Il est ainsi possible de concilier des récoltes abondantes avec une utilisation limitée de traitements chimiques.

Dans le sens du bon sens

Pour les agriculteurs, la maîtrise des coûts de production est vitale. Or, utiliser moins de produits (engrais, produits phytosanitaires...) équivaut à faire des économies. De plus, les exploitants agricoles sont particulièrement sensibles à la qualité de l'environnement. Car la nature constitue à la fois leur outil de travail et le cadre de vie de leur famille. D'où des efforts constants pour mettre en place un ensemble de pratiques culturales favorables au milieu naturel : bordures en herbe le long des cours d'eau, plantations de haies, couverts végétaux pour éviter des sols nus, etc...
Une étude* réalisée par l'Inra a comparé les rendements des 14 principales variétés de blé tendre inscrites entre 1946 et 1992. Les essais ont été réalisés avec ou sans apport azoté (engrais) et avec ou sans fongicide (traitement contre les champignons), dans cinq régions différentes. Les résultats de cette étude montrent que les variétés les plus récentes ont un meilleur rendement que les variétés anciennes en conditions extensives (sans apport azoté ni traitement fongicide), et un rendement plus stable en conditions défavorables (stress climatique ou maladie). Ainsi, les nouvelles variétés sont beaucoup moins dépendantes des apports extérieurs et leur rendement en culture extensive dépasse largement le rendement des variétés anciennes, contrairement à ce que l'on pourrait penser.
L'azote est un élément indispensable à l'alimentation des plantes. Pour favoriser leur croissance lorsque les sols sont trop pauvres en matières azotées, les agriculteurs apportent des compléments sous forme d'engrais notamment. En blé tendre, des études ont montré que certaines variétés ont besoin de moins d'azote que d'autres pour produire des quantités identiques de grains. La recherche variétale actuelle mise beaucoup sur ces variétés, forcément plus intéressantes ! Du côté des produits phytosanitaires, la tendance sur le long terme est aussi à la diminution. Ainsi, un hectare de blé reçoit aujourd'hui une quantité de matières actives de fongicides (produits de lutte contre les champignons parasites des végétaux) 8 fois moins importante qu'il y a 20 ans.
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