Un label valorise les haies

Les haies bocagères ont la cote auprès du grand public. Alors qu’elles structurent les paysages et rendent d’importants services écologiques, elles disparaissent pourtant à grande vitesse. Toutefois, des solutions existent.

Un paysage à forte densité de haies ©Label haie-Karolina Samborska

Les agriculteurs sont les premiers gestionnaires des 750 000 kilomètres de haies que compte la France. Bénéfiques tant pour l’exploitation agricole que pour les territoires, elles constituent un écosystème naturel complexe qui remplit de nombreuses fonctions : la préservation de la biodiversité, la protection des sols, la diminution des intrants et des produits phytosanitaires, l’augmentation du stockage de carbone, la régulation microclimatique, la diminution du recours aux énergies fossiles, la protection des ressources en eau…

La disparition annuelle de 11 500 km de haies en France est une cause directe de l’effondrement de la biodiversité et de l’amplification des catastrophes climatiques visibles sur le territoire. En effet, 80 % du linéaire français est en état dégradé ou dépérissant et les 3000 km plantés ne compensent pas les disparitions avec une perte nette estimée à 8500 km de haies par an (1).

Des agriculteurs engagés dans le Label Haie

C’est pourquoi, pour endiguer l’érosion bocagère, des agriculteurs et des acteurs engagés ont créé le Label Haie afin de faire évoluer les modes de gestion, de développer des filières bois issues des haies - en assurant des débouchés économiques - et de renforcer la valeur sociale et environnementale du métier de gestionnaire de haie. Ce dispositif de certification a pour objectif d’accompagner les agriculteurs dans la réappropriation des bons gestes techniques pour assurer le bon état écologique des haies. Il s’agit de les maintenir ou de les créer sur une emprise au sol large avec une bande enherbée à leur pied, une largeur de canopée satisfaisante, des étages de végétation denses et continus, un étalement des âges des arbres, une diversité d’essences et des micro-habitats sauvegardés. Enfin, leur insertion au sein d’un maillage de haies, suffisamment denses et connectées entre elles et à d’autres infrastructures écologiques, permet leur exploitation durable par des filières encadrées par ce label.

Du bois durable, local et éthique

Les haies acquièrent ainsi une nouvelle valeur en accédant à la filière bois avec un prix d’achat payé à l’agriculteur pour la production locale de bois bûche, de bois énergie ou de litière plaquette pour le bétail, en complément ou substitution du foin. Encore méconnue, la litière plaquette peut améliorer la performance économique des fermes tandis qu’elle maintient le bien-être des animaux et optimise les apports agronomiques lors de l’épandage.

Outre tirer des revenus de ses haies, l’agriculteur donne aussi une nouvelle image de son métier, tourné vers l’intérêt général. En effet, pour les acheteurs et les partenaires, ce label est la garantie d’une démarche vertueuse et l’occasion de valoriser leur engagement environnemental, économique et social. Il permet aux financeurs, entreprises ou collectivités territoriales, d’afficher la valeur environnementale de leurs projets ou de leurs produits dans le cadre des PSE, paiements pour services environnementaux, mis en place par le ministère de l’Agriculture. Un levier de plus à actionner pour réussir la transition agroécologique.

Isabelle Cordier

[1] Label Haie https://labelhaie.fr - livret labellisation 2021.

La haie a un rôle majeur à jouer pour réaliser les objectifs des accords de Paris. Elle limite l’impact de la sécheresse et restitue les eaux profondes pour les cultures (1 m = 7 m3 d’eau). En outre, elle peut réduire de 50 % à 90 % la présence des polluants dans le sol et 1 km de haie adulte en bon état stocke en moyenne 140 tonnes de Co2 tandis que 100 mètres accroissent la biomasse de 1 à 2 tonnes de bois par an. Elle régule le climat en tamponnant les variations de température (ombre, effet brise vent) et maintient la fertilité du sol en freinant le ruissellement de l’eau, évitant ainsi entre 15 et 75 % de perte de rendement. À ces gains indirects, il peut s’ajouter un « bonus haie » prévu au premier pilier (Ecorégime) de la Politique agricole commune, de 7 €/ha/an à condition d’avoir 6 % d’infrastructure agroécologique (IAE) et le Label Haie.

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