Comment obtenir les meilleurs gazons sportifs ? Comment les entretenir en jonglant entre de nombreuses exigences : sécurité des joueurs, densité et couleur du tapis végétal, réduction de l’irrigation et de l’usage des produits phytosanitaires ?
Et bien c’est tout un art, et tout un métier, comme nous l’explique un spécialiste en la matière, Christophe Gestain, « Expert référent gazon » auprès de la Ligue Nationale de Rugby mais aussi de bon conseil auprès des collectivités.
Car aux enjeux environnementaux croissants s’ajoute l’amélioration constante des conditions de sécurité et de jeu, souvent détériorées par des facteurs sur lesquels il est pourtant possible d’influer : sur-fréquentation, mauvaise gestion de l’eau, mauvais choix variétaux, etc.
L’objectif ? Offrir les meilleurs espaces de jeu sur tous les plans !
Pour mettre en place un entretien différencié sur un terrain de sport, il faut commencer par comprendre l’importance des bonnes pratiques horticoles et des bons choix variétaux pour le gazon. Christophe Gestain explique : « Il faut mettre le végétal au cœur de la problématique. Quelles sont les stratégies végétales que je peux mettre en place pour tendre vers les objectifs du Grenelle de L’environnement, c’est-à-dire moins d’intrants, une gestion raisonnée de l’eau et la limitation des pollutions ? »
L’expert s’attache aussi à la beauté du gazon et à garantir la sécurité des joueurs sur les terrains. Il faut offrir un espace de jeu conforme aux exigences du milieu sportif, que ce soit le rugby ou le foot. « Un terrain, ça se prépare ! Et les problématiques que je rencontre pour les terrains de sport ressemblent à celles que rencontrent les villes pour leurs espaces de jeu : densité,
résistance, esthétique, etc. », poursuit l’expert. Problématiques qui s’ajoutent ainsi à la gestion différenciée, en particulier à la limitation du recours aux pesticides.
Une approche agronomique large
Une des principales problématiques des terrains de sport dans les campagnes, c’est qu’ils sont mal drainés. « Il faut penser le terrain globalement, notamment en termes d’assainissement et de drainage. Ils manquent souvent de perméabilité. Les sols se déstructurent, et alors les plantes disparaissent. Derrière, viennent s’implanter des plantes plus rustiques mais indésirables… »
Pour avoir les meilleures résultats, il faut raisonner en permanence sur l’ensemble de l’ouvrage. Ce qui compte, c’est la rusticité du tapis végétal, l’ancrage des plantes, leur capacité à s’enraciner. Il faut pour cela soigneusement amender le sol afin de le rendre réceptif en améliorant ses qualités physiques et organiques. Les plantes pourront ainsi mieux s’épanouir, développer leurs racines. Ce qui fait la force et la densité d’un terrain, ce sont bien les racines. Seule une approche agronomique large garantit un tapis végétal uniforme, dense et en conséquence la sécurité des joueurs et des usagers.
Le végétal au cœur de la stratégie
La stratégie s’appuie donc trois points fondamentaux : évaluer son sol, qualifier l’entretien que l’on va mettre en place, et choisir les graminées qui se comportent le mieux en fonction de ces deux paramètres. Christophe Gestain précise : « Avoir des terrains de sport de qualité dans nos régions sans arrosage c’est possible ! De la même façon, si je veux une plante plus résistante, en particulier en hiver, c’est possible, mais je dois l’aider à supporter les agressions, mettre en place une nourriture raisonnée et régulière. On peut avoir de beaux terrains sans des pratiques intensives !»
Quelles espèces et variétés choisir ?
Il existe 3
espèces principales pour les gazons de terrains de sport : les Ray Grass (espèce de prédilection qui se met rapidement en place et résiste bien l’hiver), les pâturins des près (plus exigeante en nutrition et en eau), les fétuques élevées (une espèce très pertinente pour les terrains de sport, dotée potentiellement d’un bon système racinaire, mais lente à s’installer).
Mais quelles graminées choisir ? « Je ne choisis évidemment pas les mêmes plantes pour tous les stades ! ». Il existe en France depuis 1972 un
catalogue des usages pour les
variétés adaptées aux terrains de sport qui prend en compte en particulier les valeurs agronomiques, chose unique en Europe. La sélection variétale agit en effet au cœur des priorités précédemment listées : limiter les intrants, l’utilisation d’eau, la croissance des plantes, mais aussi favoriser la
résistance au piétinement, l’aspect esthétique. Il existe par ailleurs des guides de gazons en fonction de la destination (ornement, détente, sport, etc.) qui permettent de guider les utilisateurs.
« Ça n’engage pas beaucoup le budget de la commune de faire appel au bon sens et à l’agronomie ! Il y a bien des
sélectionneurs pour les joueurs, alors devenez sélectionneur pour terrains de sport et apprenez à choisir les espèces et les variétés en fonction de l’usage !», conclut l’expert en s’amusant.