Les terrains de sport en pelouse synthétique semblent avoir le vent en poupe. Un phénomène en partie expliqué par les subventions accordées par de nombreux conseils généraux pour leur mise en place.
Mais la donne pourrait évoluer en faveur des gazons naturels, qui démontrent des effets positifs sur l’environnement et la santé des joueurs. A chaque collectivité donc de peser le pour et le contre, ou d’associer les deux !
Un investissement qui varie selon l’utilisation
Les critères les plus déterminants pour choisir la nature du terrain de sport sont généralement financiers. La collectivité examine l’importance de l’investissement initial, la durabilité de la solution et son coût d’entretien.
En 2011, pour une pelouse synthétique, il faut compter 380.000 € d’investissement à la création, contre 140.000 € pour le gazon naturel. Au bout de dix ans (durée de vie moyenne pour ces types de sol), l’entretien revient à 80.000 € pour le premier terrain et à 110.000 € pour le second. Ainsi, dix ans d’utilisation génèrent un coût moyen de 460.000 € pour la pelouse synthétique et de 250 000 € pour le gazon naturel.
Des chiffres à mettre au regard du nombre d’heures moyen d’utilisation annuelle. Un gazon naturel s’utilise à hauteur de 450h par an, contre 850h pour une pelouse synthétique… Ce qui permet d’aboutir à un coût total à l’heure d’utilisation pondéré sur dix ans de 55,56 € pour le gazon naturel et de 54,12 € pour la pelouse synthétique.
Ces chiffres soulignent la nécessité de bien établir à quelle utilisation le terrain de sport est destiné, pour pouvoir comparer les coûts qui lui seront liés. En effet, la pelouse synthétique devient rentable quand elle est utilisée quotidiennement 2h30. Elle tolère une utilisation plus intensive, avec des annulations moins fréquentes et une saison extérieure prolongée en climat froid. A noter toutefois qu’une utilisation plus fréquente implique des frais annexes, tels que l’éclairage pour jouer la nuit ou davantage d’encadrants pour accompagner les équipes.
Le gazon naturel, un choix en faveur de l’environnement
Après l’étude de coûts, d’autres arguments peuvent peser dans la balance. Ainsi, de nombreuses études soulignent le rôle du gazon naturel pour contrôler efficacement la pollution.
« Il capte et retient les poussières et saletés de l'air ambiant 3 à 6 fois plus qu'une surface unie. Un hectare de gazon naturel produit l'oxygène nécessaire à 150 personnes. Enfin, un hectare de gazon capte le CO2 d'environ 30 voitures, soit 6,5 à 8,5 tonnes/an », indique Didier Desprez, ancien conseiller municipal de Venelles (13),
sur son blog.
Et que dire de son double pouvoir d’isolation phonique et thermique !
« Le gazon naturel ne monte pas en température de façon passive. C’est un véritable climatiseur des villes », indique Edmond-Pierre Picard, p.d.g. de la société YN, spécialisée dans la création de terrains de sports en gazon nature.
« Par une journée chaude d'été, votre terrain recouvert de gazon naturel sera moins chaud de 10°C que l'asphalte et de 4,5°C que vos plates-bandes », précise Didier Desprez.
Enfin, les gazons naturels bien pensés ne consomment pas beaucoup plus d’eau et de produits phytosanitaires que les pelouses synthétiques. Car il faut également traiter les pelouses synthétiques et les arroser, pour en abaisser la température l’été !
Quel rôle sur la santé ?
Par ailleurs, certaines blessures seraient plus fréquentes sur les pelouses synthétiques, avec un risque de torsion et de stress des articulations sensiblement augmenté. La ligue de football américain, qui a fait une enquête sur plus de 1.000 joueurs professionnels, révèle que plus de 90% d’entre eux considèrent que les pelouses synthétiques sont de nature à endommager leur santé et à écourter leur carrière. En cause : la capacité supérieure du gazon naturel à présenter un comportement d’élasticité et à amortir les chocs.
Deux autres problèmes interviennent également avec les pelouses synthétiques. D’une part, une partie se dégrade en poussières. « Elles ne sont pas anodines. Constituées de produits pétroliers, elles contiennent quantité de produits potentiellement négatifs », souligne Edmond-Pierre Picard. D’autre part, les brûlures qui surviennent lors d’une chute sur un terrain synthétique peuvent s’infecter. « Les pelouses synthétiques ne disposent pas de moyen d’épuration des saletés qui arrivent par les joueurs ou les oiseaux. Elles accumulent donc des bactéries qui peuvent infecter ces plaies. Ce phénomène n’est pas encore étudié, car il s’agit d’une notion nouvelle. Néanmoins, il existe déjà quelques statistiques en France qui indiquent l’existence de problèmes avec des staphylocoques dorés ».
Le compromis, la meilleure solution ?
Au final, le prix de ces terrains de sport en gazon naturel ou pelouse synthétique peut varier du simple au double. Il faut simplement comptabiliser les coûts dans leur totalité, sans a priori. La collectivité doit donc préciser ses attentes pour implanter un terrain de sport qui corresponde à ses besoins et ses engagements.
Et, dans certains cas, la complémentarité des deux types de terrain peut s’avérer gagnante : la présence d’une pelouse synthétique permet le repos du gazon naturel, et aux sportifs de pouvoir continuer à pratiquer toute l’année.