Le retour des fleurs dans les champs

Jachère fleurie
Nous avons de plus en plus souvent la chance d'apercevoir des étendues parsemées de fleurs colorées le long des routes ou des voies de chemin de fer, près des communes et des lieux touristiques. Quelqu'un aurait-il donné un petit coup de pouce pour nous offrir ce spectacle bucolique ?

Quand la terre se repose joliment...

Pratique culturale ancestrale, la jachère consiste à laisser reposer la terre entre deux cultures, le temps de reconstituer ses réserves. Depuis quelques années, certains agriculteurs accompagnent ce processus en semant des plantes à fleurs dans les champs : ainsi les jachères fleurissent. Elles sont agréables à l'oeil, constituent une zone de nourriture pour les abeilles et un refuge pour la biodiversité.

Les animaux sont contents

Refuge pour les insectes, oiseaux et autres petits animaux, les jachères participent à la préservation de la biodiversité. Dans de nombreux départements, les agriculteurs se sont ainsi associés aux Fédérations départementales des chasseurs afin de développer des zones refuges pour le petit gibier sur une période suffisamment longue. Des jachères apicoles se sont même développées en France associant apiculteurs et agriculteurs avec pour objectif affirmé de fournir aux abeilles des ressources supplémentaires en pollen et en nectar. Elles sont composées de nombreuses plantes agricoles à fleurs comme le trèfle violet, le trèfle blanc, le sainfoin, la phacélie, le lotier ou le mélilot. Aujourd'hui, près de 1.000 hectares sont semés en jachère apicole dans 41 départements, et la tendance est à la hausse.

Tisser des liens avec les citadins

La bonne idée s'est répandue, et il est question de développer des jachères de fleurs avec le soutien financier des Conseils Généraux et Régionaux, car outre leur intérêt pour la faune, ces types de jachère ont un intérêt paysager indéniable. Ainsi, autour de quelques communes environnant Lyon (Feyzin, Vénissieux), des céréaliers ont semé des jachères fleuries pour renouer le dialogue avec les citadins, après avoir eu l'idée de créer des lieux de promenade en aménageant les chemins bordant leurs champs. Ils sont financés par la communauté urbaine du Grand Lyon, le département du Rhône et les communes concernées, désireuses de pérenniser l'espace rural. Selon les objectifs des espèces différentes peuvent être retenues : ainsi pour l’aspect paysager et pour aménager la transition entre ville et campagne on pourra semer dans les champs centaurées (de la famille du bleuet), soucis, cosmos, ou zinnias... Pour chaque espèce, les variétés semées sont celles qui ont de grosses fleurs, aux coloris variés et qui fleurissent longtemps. L’utilisation de ces espèces nécessite des dérogations départementales quand elles sont semées dans le cadre des jachères PAC qui conditionnent le versement d’aides. Pour des utilisations moins paysagères, les agriculteurs sèment des plantes à fleurs plus classiques des prairies.
Les jachères fleuries sont une source de nectar et de pollen pour les insectes et les abeilles notamment. Elles permettent de pallier le manque de nourriture pour les butineuses qui peut se faire sentir à certaines périodes. Cette disette temporaire pourrait d'ailleurs constituer l'une des causes des problèmes rencontrés ces dernières années par les apiculteurs. Certains agriculteurs vont plus loin en semant des espèces reconnues pour la qualité de leur pollen : trèfle blanc, sarrasin, bleuet... On parle alors de jachère ''à intérêt apicole''.
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