Un rôle écologique fondamental
Les plantes dites « couvre-sol » ont un rôle écologique majeur en agriculture. Elles apportent de la diversité, capitale pour la rotation des cultures et permettent d’enrichir et de structurer le sol à long terme. Elles limitent les désherbages et apports d’engrais et sont bénéfiques, à plus d’un titre, pour les cultures qui les suivent. « Depuis quelques années, la loi exige que les sols soient protégés pendant l’hiver, pour éviter en particulier le lessivage des nitrates qui peuvent polluer les nappes phréatiques. Les agriculteurs doivent mettre en place ce qu’on appelle des ‘couverts végétaux’ hivernaux, qui utilisent et retiennent les nitrates, empêchant qu’ils ne soient lessivés à travers le sol », explique Julien Greffier, de l'interprofession des semences et plants. Ces couvre-sol sont des cultures intermédiaires « piège à nitrate » qui ont aussi l’avantage d’enrichir le sol en humus, grâce à la production de biomasse végétale (racines et feuilles) : on parle d’ « engrais verts », nourriciers à long terme pour la vie du sol.
Une gamme de plantes pour un éventail de qualités
Pour être efficace, la plante doit s’installer rapidement.
« Plus la plante s’installera vite, plus tôt elle pourra pomper des nitrates », précise le spécialiste. La moutarde a cette capacité de croissance rapide. Choisir une variété à floraison tardive est intéressant, car après la floraison, la plante a moins de besoins et capte moins les nitrates en excès. Grâce au travail de sélection, certaines
variétés sont également « anti-nématodes » : elles limitent le développement de ces vers du sol qui parasitent les plantes. Leur intégration dans la rotation participe donc à la « lutte biologique » sur les cultures suivantes. Autre plante utilisée dans le piégeage des nitrates : le radis.
«Celui-ci se développe plutôt horizontalement que verticalement, bloquant la lumière et limitant le développement des adventices [mauvaises herbes]. Son système racinaire en pivot va structurer le sol, en cassant la «semelle» de labour, favorisant l’implantation des cultures suivantes. Là aussi, il existe des variétés anti-nématodes », poursuit-il.
La phacélie est un bon couvert végétal pour deux principales raisons. C’est une plante qui s’installe si rapidement que l’on peut la qualifier de « désherbante » : elle occupe l’espace tout de suite et largement, empêchant le développement des adventices. Gélive, elle est détruite naturellement pendant l’hiver. Son deuxième avantage est d’appartenir à une famille botanique qui n’est pas cultivée par l’homme. Intégrée dans une rotation, elle provoque une réelle coupure dans le cycle des parasites et des adventices, et permet donc de limiter les interventions de l’agriculteur.