La levée, étape clé de l’itinéraire
« Le chanvre est une culture de printemps facile à conduire, résume-t-il. Seul impératif : réussir la levée. Le chanvre se sème tôt, dès le 15 avril. Mais pour assurer une levée rapide et homogène, la terre doit être un minimum réchauffée. Une fois le semis réalisé, je rappuie le sol pour assurer un contact parfait entre le sol et la graine. Une couverture rapide du sol réduit la concurrence des mauvaises herbes. Le chanvre peut alors pousser dans de bonnes conditions. »
Fauchage, fanage, mise en andains
Autre étape importante de l’itinéraire, la récolte. Le fauchage de la culture s’effectue en général fin août. Vient ensuite l’étape du fanage pour étaler les andains, 15 jours après. « La fauche et le pressage sont réalisés par une entreprise extérieure, poursuit-il. La graine de chanvre étant petite, elle nécessite du matériel spécifique. Cela nous évite d’investir dans ce genre d’outils qui, au final, serviraient peu sur la ferme. Le fanage et l’andainage sont en revanche réalisés par nos soins, avec notre propre matériel. Nous stockons les andains sur la ferme. Ceux-ci sont ainsi acheminés vers le site Cavac au fur et à mesure des besoins de l’usine au cours de l’année. »
Les blés profitent aussi du chanvre
Nicolas Danieau reconnaît que le chanvre n’est pas la meilleure marge de l’exploitation – cette place étant réservée à la mogette –, mais il fait partie des cultures rentables. « La marge du chanvre équivaut à une très bonne orge », précise-t-il. Mais son intérêt va bien au-delà du simple calcul économique. « Il est avant tout agronomique, résume-t-il. Un blé implanté derrière un chanvre produit en moyenne 5 à 10 quintaux de plus ! Non seulement cette culture permet de rompre le cycle des maladies mais il structure et aère le sol, facilitant l’implantation du blé derrière. » Par hectare, Nicolas Danieau récolte en moyenne 8 à 9 tonnes de chanvre, un peu au-dessus de la moyenne régionale qui, elle, oscille entre 6 et 7 t.
Du bâtiment à la cosmétique
Cet engouement pour le chanvre est directement lié à ses nombreuses utilisations : plus de 600 à travers le monde. Dans le bâtiment par exemple, il est apprécié pour ses performances thermiques, hygrométriques, acoustiques, sa stabilité au feu ou encore, sa résistance face aux rongeurs. En alimentation humaine, ce sont les qualités nutritionnelles de son huile, la richesse de ses protéines, de ses acides aminés, vitamines ou oligo-éléments qui séduisent. Des performances également exploitées en cosmétique. Dans le secteur automobile, les ingénieurs ont réussi à créer un plastique plus vert, plus léger grâce au chanvre. Et que dire des atouts de la paille de chanvre pour le paillage des cultures ou la litière des animaux ! Décidément, la petite graine de chanvre a tout d’une grande et n’a pas fini de nous étonner.
Carole Loiseau
(1) 70 ha de blé dont 15 en production de semences, 50 ha de maïs dont 40 ha en ensilage, 15 ha de mogettes en label rouge, 10 ha de trèfle violet en production de semences et 8 ha de chanvre.