Les biostimulants, véritables "boosters" de croissance

L’enrobage ne se limite pas à appliquer des produits de protection des plantes autour des semences. D’autres produits peuvent être associés, comme les biostimulants, qui suscitent beaucoup d’intérêt et offrent de nouvelles perspectives. 

Plantule  © SEMAE - Studio 77

Les biostimulants ont pour fonction de « stimuler les processus de nutrition des végétaux », en favorisant l’absorption des éléments nutritifs et en renforçant l’activité microbienne des sols. Ils ne sont pas censés agir sur les mécanismes de défense des plantes, contre un agresseur ou une maladie spécifique. Aussi ne doivent-ils pas être confondus avec les produits de biocontrôle qui, eux, relèvent d’un autre domaine, celui de la protection des plantes. De même, ils n’ont pas la prétention de remplacer les engrais et les amendements. Ils sont complémentaires.
Certains sont apportés par incorporation au sol, d’autres en pulvérisation sur le feuillage, d’autres encore sont utilisés en association avec la semence. Soit en enrobage, avec modification de la forme de la graine, soit en pelliculage, soit juste en complément.

Un foisonnement de vie dans le sol

Le sol est un milieu complexe. Non seulement il renferme une richesse incroyable en composés minéraux et organiques, mais il abrite également une activité zoologique et microbienne foisonnante. On estime qu’une cuillère à café de terre peut contenir plus d’un million d’organismes d’espèces différentes ! C’est l’activité de ces organismes qui assure la fertilité des sols. 
Au moment du semis, la graine - un embryon de plante endormie - se développe. Avec un peu d’eau et de chaleur, sa croissance va démarrer, plus ou moins vite. En fait, ce processus déclenche une chaîne de réactions métaboliques. Là, vont intervenir les biostimulants pour stimuler les activités des enzymes ou pour induire des modifications hormonales. Avec comme résultat de fortifier la plantule.
Parallèlement à l’avancée des connaissances sur les interactions sol-plante, l’offre des produits biostimulants ne cesse de se diversifier. Le nouveau règlement européen (voir encadré), qui sera bientôt en application, va permettre de structurer le marché. Pas question de mettre en vente des « poudres de perlimpinpin ». Avant leur commercialisation, les produits doivent être validés sur la base de méthodes d’analyse normalisées.
Dans l’éventail de l’offre, les biostimulants peuvent être classés en trois catégories : les microbiens, les non microbiens organiques et les non microbiens inorganiques.

Les produits microbiens sont constitués essentiellement de champignons ou de bactéries. Les mycorhizes, notamment, agissent sur le développement des racines, et vont donc renforcer l’aptitude des plantes à se nourrir. Certains champignons colonisateurs des racines auraient le pouvoir de renforcer les processus de défense naturelle des plantes. Quant aux bactéries, selon leur type, elles peuvent fixer l’azote, rendre soluble le phosphate ou le potassium, rendre disponible le fer…

Le pouvoir magique des algues

Les biostimulants non microbiens organiques sont très nombreux. Les plus courants sont fabriqués à partir d’algues. Les bienfaits de ces sources marines dans le monde agricole sont connus depuis l’Antiquité. Aujourd’hui, on en sait beaucoup plus sur le rôle déterminant de plusieurs phytohormones de croissance, telles les bétaïnes, les cytokinines, les auxines et les gibbérellines. Les unes participent à la production de la chlorophylle. Les autres jouent un rôle primordial dans la division cellulaire, qui est à la base du métabolisme des jeunes pousses. Dans ce même groupe sont rangés les extraits végétaux. Pour certains, leur effet stimulant est décelé depuis bien longtemps, sans que l’on sache bien expliquer pourquoi et comment. Grâce aux progrès de la science et des technologies d’analyses de données, les modes d’actions de ces produits sont décrits avec beaucoup plus de précision. La troisième catégorie regroupe les produits inorganiques, ou minéraux, tels le silicium.Tous les mécanismes ne sont pas encore élucidés, mais on a montré que cet élément joue un rôle dans la stimulation du système antioxydant des plantes. Il induirait une meilleure résistance aux stress abiotiques (sécheresse ou asphyxie racinaire, carence…).
Si le marché des biostimulants est en plein essor, ce n’est pas seulement grâce à la découverte de nouvelles matières actives, mais surtout grâce à la meilleure compréhension des interactions sol-plante. Des pistes inexplorées sont à l’étude, pour des produits encore plus efficaces ! 
Laure Gry

On les appelle stimulateurs de croissance, activateurs de défenses naturelles, physioactivateurs de sols, nutriciteurs… ou biostimulants. C’est ce dernier terme qui a été retenu pour désigner ces matières fertilisantes, maintenant officiellement reconnues par un règlement européen adopté en 2019 et qui entrera en vigueur en juin 2022. En effet, il était important de donner un cadre légal à ces substances. Il y a longtemps eu confusion essentiellement parce qu’il existe de très nombreux produits, de nature très diverse et aux propriétés multiples. 

L’apport d’un biostimulant, c’est par exemple l’enrobage de la semence avec des microbes bactériens ! Et oui, toutes les bactéries ne sont pas nuisibles, certaines sont très utiles, comme les Bacillus amyloliquefaciens. Celles-ci vivent dans l’entourage des racines, en parfaite symbiose, dans une relation « donnant-donnant ». Elles se nourrissent des exsudats racinaires et, en retour, secrètent une enzyme de croissance capable de dissoudre le phosphore du sol, auparavant inaccessible à la plante ! 
Parmi les « bons microbes », retenons également les rhizobiums, qui sont à l’origine des plantes dites « fixatrices d’azote », telles les légumineuses. Luzerne, pois, haricot, lentille…peuvent se passer d’apports d’engrais. En fait, ce ne sont pas les plantes qui sont capables de fixer l’azote de l’air, ce sont les bactéries logées dans les racines. 
 

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